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samedi 28 décembre 2019

Homélie de la fête de la Sainte-Famille - dimanche 29 décembre 2019

Entre Marie et Joseph, la Verbe de Dieu fait chair a appris à devenir un homme. Rappelons-nous ce que nous en disent Luc et Matthieu, les évangélistes de l’enfance. À Bethléem, Marie sa mère, après avoir mis au monde son fils premier né, l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire (Lc 2,7). Les bergers vinrent lui rendre visite (Lc 2,8-20), puis les mages (Mt 2,1-11). Huit jours plus tard, l’enfant fut circoncis (Lc 2,21). Quarante jours après sa naissance, son père et sa mère le présentèrent au Temple de Jérusalem (Lc 2,22-38). Lorsqu’ ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L’enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui (Lc 2,39-40).
Un portrait idéal
Ce dernier verset nous dresserait un portrait assez idyllique de la Sainte Famille, et disons-le quelque peu aseptisé, celui d’une famille où les rapports seraient parfaitement équilibrés et harmonieux. On s’imagine alors Marie allant puiser l’eau chaque matin avec les autres femmes de Nazareth, puis vaquant aux occupations domestiques. On contemple l’enfant Jésus reposant sur ses genoux. On entrevoit Joseph travaillant le bois avec amour dans son atelier de charpentier. Puis on pense à Jésus qui grandit et qui devient l’apprenti de son père. On l’imagine apprenant à lire la Torah à la synagogue et jouant avec les autres enfants de Nazareth. Or, en se référant à ce beau portrait idyllique – nourri par l’imaginaire des croyants et des artistes, cette Sainte Famille n’aurait rien à voir avec nos familles d’aujourd’hui. À l’heure des familles recomposées, des familles monoparentales et de la manipulation génétique, la Sainte Famille peut-elle encore éclairer la foi des familles chrétiennes d’aujourd’hui ?
 
Une famille menacée
L’évangile selon saint Matthieu nous présente, quant à lui, une famille menacée. Après qu’Hérode s’enquiert de savoir où réside l’enfant-roi recherché par les mages venus d’Orient, et qu’il décide de mettre à mort les enfants mâles de Bethléem, Dieu intervient. L’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et l’invite à fuir en Egypte jusqu’à la mort du tyran. La Sainte Famille est certes une famille atypique, elle est aussi une famille en danger. Danger non seulement d'une intégrité physique, mais aussi celui d’un équilibre familial quant à l’abandon du lieu de vie, d'une parenté plus large, de relations sociales et professionnelles. Le départ précipité pour
l’Egypte est un réel déracinement.
 
Jésus revit l’expérience de son peuple
Ici l’évangéliste ne fait pas œuvre d’historien mais bien de théologien. En racontant la fuite en Égypte, Matthieu nous montre que dans la réalité de son incarnation, le Fils de Dieu revit le même drame que le peuple d’Israël dans les temps lointains. Comme Joseph, le fils de Jacob, Jésus, le fils de Dieu, voit sa vie menacée, non pas par des étrangers mais par son propre peuple. Comme Joseph vendu par ses frères plutôt que d’être tué par eux, l’enfant Jésus est emmené en Égypte par un autre Joseph, l’époux de Marie et son père adoptif, pour qu’il ait la vie sauve. L’enfant donc dans sa chair les événements de l’exode. Là les Hébreux, guidés par Moïse, étaient invités par Dieu à suivre l’ange du Seigneur pour prendre la route vers la terre promise (Ex 23,20). De même, après la mort d’Hérode, l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte et lui dit de revenir au pays d’Israël (Mt 2,19-21). La fuite et le retour en Egypte semble récapituler toute l’histoire sainte : le plan de Dieu semble se dérouler non pour être voué à l’échec mais pour sa réussite dans le salut de Dieu.
 
Dieu vient nous rappeler que son Fils n’a pas grandi dans la ouate. Bien sûr, Marie et Joseph étaient des époux et des parents aimants. Jésus a pu grandir au sein d’une famille heureuse où il a été aimé. Mais cette famille a aussi connu ses moments d’angoisses et de difficultés. Marie et Joseph ont bâti leur maison sur le roc de la Parole. Mais cela n’empêche pas les épreuves. Puissent nos familles, à l’exemple de celle de Nazareth, être bâties sur ce roc. Puissent nos familles en être sanctifiées.
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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