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samedi 14 décembre 2019

Homélie du 3ème dimanch de l'Avent (A) Gaudete - 15 décembre 2019

La semaine passée, nous entendions Jean-Baptiste nous interpeller avec vigueur : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » Aux pharisiens et saducéens qui venaient là en curieux, il disait : « « Engeance de vipères Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit digne de la conversion. » Et, si vous vous souvenez bien, je vous invitais aussi à la conversion, à ne pas passer à côté de cette occasion unique d’aller au Seigneur pour lui préparer la route. Je vous disais que la conversion est un retournement : il nous faut donc demander au Seigneur qu’il nous aide à nous retourner comme des crêpes ! Et aujourd’hui, nous sommes un peu plus loin dans l’évangile. Jésus a déjà bien entamé son ministère public et Jean-Baptiste, lui, croupit en prison. Mais là, de son cachot, il se tient informé de ce qui se passe au dehors. Et il constate que la conversion porte des fruits. Il n’a pas prêché pour rien. Le temps de Dieu est là, tout proche. A quoi le reconnaît-on ?
 
On reconnaît le temps de Dieu à tous les retournements qu’il produit. C’est-à-dire à des choses insensées qui se manifestent et qu’à vrai dire on n’aurait pas imaginé possible. Isaïe les annonçait comme motifs d’espérance : « Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie ». Et aux envoyés de Jean – ses indicateurs, Jésus répond : « « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. ». Ce qui était annoncé s’accomplit. Jésus le réalise. Et tout le monde peut le constater. Non seulement l’effort de conversion a hâté le moment favorable du salut, mais le Royaume produit lui-même des retournements en cascade.
 
Pourtant devant les signes qui nous sont donnés, il faut garder la patience. Car, très vite, nous pourrions céder à l’impatience. Soit par euphorie, soit par facilité. Euphorie de croire que tout est joué et facilité de renoncer à une conversion qui, de fait, ne serait plus nécessaire. La patience de Dieu produirait-elle l’impatience ? Dieu, lui, ne cesse de patienter pour nous laisser le temps de nous préparer à l’accueillir, de porter les fruits dont parlait le Baptiste. Il est comme le cultivateur qui « attend les fruits précieux de la terre avec patience, jusqu’à ce qu’il ait fait la récolte précoce et la récolte tardive. » Il aurait bien des raisons de s’impatienter envers nous qui traînons les pieds à aller vers lui ! Et le comble serait que nous soyons impatients, tels des enfants gâtés qui trépignent des pieds dans l’attente des cadeaux d’un Noël qui n’en finit pas de venir.
 
Notre impatience serait dangereuse car elle pourrait nous entraîner à la résignation, tout d’abord : nous deviendrions des gens blasés, incapables de nous émerveiller encore. Et donc nous ne serions plus en capacité de voir les signes que Dieu met devant nos yeux, ceux d’un Royaume qui vient, quand le pardon est rendu possible, quand des personnes seules sortent de leur isolement, quand on donne à manger à ceux qui n’ont rien, etc… L’impatience pourrait ensuite engendrer lassitude et fatigue : elle viendrait à entamer notre endurance. Nous sombrerions alors dans une sorte de spleen spirituel : à quoi bon ? Nous voyons certes des signes, mais les signes ne font pas le Royaume. Alors comme par dissolution, nous perdrions notre vertébration en devenant des mollusques de la foi.
 
Nous n’allons donc rien céder ! Nous demeurerons dans cet état de veille qui, plus que lassitude et résignation, fait jaillir en nous le désir de Dieu.  C’est lui qui nous poussera à l’action ainsi qu’Isaïe nous le demande : « fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent :"prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu…" ».
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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