Messe de la Nuit
« Mesdames et Messieurs, la SNCF est au
regret de vous annoncer que le train initialement prévu pour Strasbourg, départ
16h45, partira avec un retard indéterminé ». Imaginez, chers amis, que
Marie et Joseph aient entendu ce message. Que serait-il advenu ? Nous ne
serions pas rassemblés ce soir pour fêter Noël. Mais parce que, par un dessein
mystérieux de la Providence divine, le train de la grâce n’est jamais en retard,
ce soir, cette nuit, le Sauveur du monde est né. « Le peuple qui marchait
dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants
du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. »
A considérer l’évènement qui nous rassemble,
dans son historicité, nous pouvons nous interroger. Pourquoi ? Pourquoi à
ce moment-là de l’histoire des hommes ? Dieu estimait en effet que le moment
était venu, propice et favorable, à ce qu’Il nous envoie son propre Fils. Le
signe annoncé par Isaïe – souvenez-vous : « Voici que la vierge est
enceinte, elle enfantera un fils qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire :
Dieu-avec-nous) » verrait son accomplissement. Oui, ce jour de l’Histoire,
dans une bourgade lointaine de Palestine, dénommée Bethléem et connue sans
doute des seuls Juifs, « la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut
de tous les hommes. » Depuis l’Alliance établie jadis avec Abraham, depuis
le choix de ce petit peuple parmi les peuples de la terre, depuis le don de la
Loi avec Moïse au Sinaï, la promesse de Dieu n’a cessé de traverser les âges et
les générations. Malgré les infidélités du peuple élu et ses refus de croire,
malgré son impatience et son refuge dans d’autres croyances, malgré toutes ses compromissions
avec le monde, Dieu ne s’est pas dédit. Il est resté fidèle et patient, entêté
d’amour même. Et alors que ce peuple frémit d’un désir de conversion – celle prêchée
par Jean-Baptiste, qu’il ploie sous le joug de l’oppression romaine, il plaît à
Dieu de faire germer cette terre et d’y faire éclore son germe : Jésus, l’Emmanuel.
Au cœur de cette société si paradoxale, si divisée, si contrastée, Dieu décide
de venir y planter sa tente, pour être au plus près de ceux qui souffrent et
qui continuent d’espérer. Voilà pourquoi aucun train à quai, en grève, n’aurait
pu empêcher la grâce de se manifester ce jour-là.
AMEN.
Michel Steinmetz
†
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