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dimanche 22 décembre 2019

Homélie de la solennité de la Nativité du Seigneur - 25 décembre 2019

Messe de la Nuit
 
 
« Mesdames et Messieurs, la SNCF est au regret de vous annoncer que le train initialement prévu pour Strasbourg, départ 16h45, partira avec un retard indéterminé ». Imaginez, chers amis, que Marie et Joseph aient entendu ce message. Que serait-il advenu ? Nous ne serions pas rassemblés ce soir pour fêter Noël. Mais parce que, par un dessein mystérieux de la Providence divine, le train de la grâce n’est jamais en retard, ce soir, cette nuit, le Sauveur du monde est né. « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. »
 
A considérer l’évènement qui nous rassemble, dans son historicité, nous pouvons nous interroger. Pourquoi ? Pourquoi à ce moment-là de l’histoire des hommes ? Dieu estimait en effet que le moment était venu, propice et favorable, à ce qu’Il nous envoie son propre Fils. Le signe annoncé par Isaïe – souvenez-vous : « Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous) » verrait son accomplissement. Oui, ce jour de l’Histoire, dans une bourgade lointaine de Palestine, dénommée Bethléem et connue sans doute des seuls Juifs, « la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. » Depuis l’Alliance établie jadis avec Abraham, depuis le choix de ce petit peuple parmi les peuples de la terre, depuis le don de la Loi avec Moïse au Sinaï, la promesse de Dieu n’a cessé de traverser les âges et les générations. Malgré les infidélités du peuple élu et ses refus de croire, malgré son impatience et son refuge dans d’autres croyances, malgré toutes ses compromissions avec le monde, Dieu ne s’est pas dédit. Il est resté fidèle et patient, entêté d’amour même. Et alors que ce peuple frémit d’un désir de conversion – celle prêchée par Jean-Baptiste, qu’il ploie sous le joug de l’oppression romaine, il plaît à Dieu de faire germer cette terre et d’y faire éclore son germe : Jésus, l’Emmanuel. Au cœur de cette société si paradoxale, si divisée, si contrastée, Dieu décide de venir y planter sa tente, pour être au plus près de ceux qui souffrent et qui continuent d’espérer. Voilà pourquoi aucun train à quai, en grève, n’aurait pu empêcher la grâce de se manifester ce jour-là.
 
Si vous avez été attentifs au message ferroviaire, il y a quelques instants, vous aurez compris que le train dont il était question n’était pas à destination de Bethléem mais de Strasbourg. Qu’est-ce à dire ? Si certains osent encore revendiquer le titre, ici, de capitale de Noël, nous savons, nous croyants, qu’il n’en est rien. Et pourtant. A considérer alors non plus seulement l’historicité de Noël, mais plus encore sa portée et son actualité, nous comprenons que le Fils de Dieu n’a pas pris chair de notre chair pour prendre la température et observer, de manière extérieure quoiqu’avisée, à quoi bien ressembler la condition humaine et ce que l’homme en aurait fait depuis la Création. Quand le Verbe se fait chair, il vient se lier à notre humanité. Il la rachète et la renouvelle de l’intérieur. Cet échange merveilleux vient semer en notre humanité une part de divinité. Ou plutôt ce qui était enfoui en nous, sous les immondices du péché et sous les sédiments de notre orgueil, est remis au jour. Nous redécouvrons à Noël notre vraie nature. Nous sommes crées par Dieu et pour Dieu. Il y a en nous quelque chose de divin. C’est vrai, il faut parfois creuser en profondeur pour le découvrir, mais la réalité n’en demeure pas autre. La question pour nous sera donc quant à notre volonté et notre désir de laisser advenir notre part le plus belle. Voilà pourquoi le train de la grâce arrive jusque devant notre porte, celle de notre cœur.
 
Frères et sœurs, quelle que soit votre existence, si sombre, triste ou ténébreuse soit-elle, quelle que soit l’opinion que vous avez de vous-même ou le jugement que les autres portent sur vous, ce soir, en regardant l’enfant-Dieu, frêle et fragile, couché dans la mangeoire, acceptez-vous de voir en Lui Celui qui rend à votre vie sa beauté et sa dignité ? Consentez-vous-même à aller plus loin encore et à accueillir sa divinité qui rejaillit sur vous et vous inonde de la douce clarté d’un Dieu qui aime et pardonne ?
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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