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samedi 15 octobre 2016

Homélie du 29ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 16 octobre 2016

La parabole nous parle d’une veuve qui demande justice. Il faut la situer dans le système judiciaire de la Palestine de ce temps-là. Il existait deux juridictions. La juridiction traditionnelle religieuse s’appuyait sur la Thora tandis qu’une autre autorité, politique celle-là, plus arbitraire que la première, dépendait de magistrats qui n’étaient pas liés par la Loi. Il s’agit ici d’un juge administratif. Il nous est présenté d’emblée comme un juge inique, un homme sans foi ni loi. Cette description nous informe déjà qu’il ne faut rien attendre d’un tel juge. Face à lui, une pauvre veuve, le type même de l’être sans défense, mais qui sait ce qu’elle veut. Le texte reste vague sur l’objet de sa plainte mais on sait qu’en dépit des rebuffades reçues, elle ne se décourage pas. En cela, elle est déjà pour Luc, un modèle de persévérance. Le juge est mal à l’aise devant son opiniâtreté. Aussi, il finit par lui donner satisfaction. Jésus termine sa parabole avec cette terrible question  « Mais le fils de l’homme quand il viendra, trouvera-t-il encore la foi ? ». En trouvera-t-il à l’image de la persévérance de cette veuve ?
 
Ce qui mine notre foi, n’est-ce pas que Dieu semble nous laisser dans la détresse malgré nos incessantes supplications ? En réponse à cette question, l’histoire d’un rabbin est éclairante. Un village connaissait une grande sécheresse et la famine menaçait. Les anciens décidèrent de faire appel à un saint des environs afin que sa prière obtienne de Dieu la pluie tant désirée. Celui-ci arrive et trace sur le sol un large cercle et, installé en son milieu, il commence sa prière : « Dieu de nos pères, je me tiens debout devant toi. Je me mets dans ce cercle et fais le vœu de prier et de jeûner sans en sortir jusqu’à ce que tu ais fait descendre sur ce village une pluie bienfaisante. » Mais un jour passe, puis trois, puis sept. Le ciel est aussi bleu que la terre des champs est sèche. Le rabbin s’avoue vaincu et s’en retourne chez lui. Les anciens, se disant que cet homme ne devait pas être assez « juste » aux yeux de Dieu, décident de quérir un rabbin de Jérusalem, la ville sainte. Le second accepte et suit le même scénario que son confrère. Or, en moins de deux heures, une nuée sombre se pointe à l’horizon puis éclate en une forte pluie. La situation est sauvée. Ayant appris cela le premier rabbin arrive tout chaviré et questionne le second : « Comment se peut-il que le Seigneur ne m’ait pas écouté alors que j’avais tant jeûné et prié ? » Le second lui raconte alors une parabole : « Un roi avait deux filles. L’une était disgracieuse, des cheveux comme des brindilles de bois, des yeux frappés de strabisme, une démarche contrefaite et une voix proche d’une crécelle. L’autre était, en revanche, ravissante. Ses cheveux étaient comme de la soie, ses yeux des perles fines et sa démarche souple et légère comme celle d’une gazelle. Enfin sa voix avait le bruissement d’une source naissante. Il arrivait à l’une et l’autre de demander audience au roi leur père afin d’obtenir quelque faveur. Quand la seconde venait à ses pieds, le roi prenait un tel plaisir à sa présence et à ses propos qu’il la gardait auprès de lui le plus longtemps possible, n’accédant à ses demandes qu’après de longues journées d’entretien. Lorsque c’était au tour de l’autre, il éprouvait un tel déplaisir qu’il lui accordait sur le champ l’objet de sa requête. » Et le vieux rabbin de conclure : « cette parabole est destinée à tous ceux qui se fatiguent les genoux sans obtenir de résultat apparent. »
 
Voilà qui ne doit pas nous inviter à tourner le dos à la perfection pour être vite exaucé ! Voilà qui doit nous rappeler que même pécheur, Dieu attache du prix à notre compagnie et à notre bonne volonté foncière. C’est le contraire d’une fin de non-recevoir. Et rappelons-nous toujours trois choses : il faut demander de bonnes choses, c’est à dire que ces demandes soient orientées dans la perspective des valeurs évangéliques. Il faut bien les demander, c’est à dire faire valoir ses titres de noblesse. « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob », priait Moïse. Il rappelait à Dieu ses promesses et son Alliance. N’allons pas à Dieu comme des délinquants. Depuis notre baptême nos noms sont inscrits dans le ciel. Faisons valoir notre titre d’enfant de Dieu.
 
Demander de bonnes choses. Bien les demander. Demander en étant bon soi-même. Prier, c’est n’avoir rien d’autre à offrir que son cri. Prier, c’est accueillir la présence divine dans le creux de sa faiblesse  « temps et à contretemps ».
 
 
AMEN.               
Michel Steinmetz †   

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