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samedi 22 octobre 2016

Homélie du 30ème dimanche du temps de l'Eglise (C) - 23 octobre 2016

L'évangile et aujourd’hui en opposition deux prières : celle du pharisien, qui se dit juste, et celle du publicain, qui s’avoue pécheur. Les pharisiens sont les héritiers de juifs courageux, qui ont animé l’héroïque résistance durant la persécution païenne au temps des Maccabées, deux siècles avant le Christ ! Au temps de Jésus, ils représentent sans conteste ce qu’Israël compte de plus pur et de plus noble. Cette fidélité aux traditions des anciens leur vaut la faveur et l’estime de beaucoup. Les publicains, au contraire, sont l’image de la déchéance morale et de l’impureté religieuse. Chargés de percevoir taxes et impôts, ils devaient verser d’avance au fisc une somme déterminée, qu’ils avaient ensuite à récupérer, augmentée bien sûr d’un intérêt personnel laissé à leur libre appréciation, en extorquant le plus possible le malheureux contribuable. Ces percepteurs étaient directement au service de l’occupant romain. 

 
On a peine à imaginer quel a pu être l’étonnement de l’auditoire de Jésus quand ce dernier énonce la sentence finale de la parabole : c’est le publicain qui fait partie de la catégorie des pécheurs qui a reçu un accueil favorable par Dieu et non pas le pharisien qui appartient à la catégorie des justes. Une telle conclusion de la parabole ressemble à une provocation de la part de Jésus, ou plutôt il s’agit d’une invitation vigoureuse à un renversement des valeurs qui ont cours en son temps comme au nôtre : le juste n’est pas forcément celui qui paraît l’être et mieux encore Dieu n’est pas Celui qu’on se représente souvent trop humainement.

 
Le pharisien pieux et zélé de la parabole de Jésus aurait toutes les raisons de remercier Dieu pour toutes les chances de sa vie. Au lieu de cela, il méprise ceux qui ne sont pas aussi pieux que lui. Pire encore, il les condamne, il leur jette la pierre. Et Jésus affirme alors très clairement que toutes ses pieuses actions sont sans valeur, qu’elles sont le contraire de la piété véritable. Le portrait que brosse Jésus du publicain est tout à fait différent : cet homme sait qu’il y a beaucoup de choses dans sa vie qui ne vont pas, qu’il fait beaucoup de choses de travers. Il se tient devant Dieu vraiment comme un pauvre pécheur et reconnaît qu’il n’y a plus que la miséricorde de Dieu qui puisse le secourir : « Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis ! ». Pour Jésus, cet homme est celui qui est vraiment pieux, l’autre est pour lui un hypocrite qui fait le petit saint.

 
Quand il était encore archevêque de Buenos Aires, le pape François avait publié un livre dont le titre était évocateur : A propos de l’auto-accusation. Et depuis qu’il est pape, il ne cesse de répéter que l’on ait énormément de torts aux autres en disant du mal d’eux. Dire du mal des autres est comme le cancer de toute une communauté. Les suspicions, les méfiances, les messes basses, les racontars, les ragots, les commérages, les erreurs des autres qu’on invente ou qu’on colporte avec délectation, la caution qu’on apporte souvent à ce genre de lynchage collectif des autres : tout cela empoisonne l’atmosphère, ne corrige les fautes de personnes et sème la discorde. Il est rare qu’on attire l’attention de quelqu’un sur ses erreurs, on préfère bien s’en gausser derrière son dos. Contre ce cancer, il n’y a qu’un remède. Jésus nous l’indique avec l’histoire de ces deux hommes dans le Temple. N’accuse pas les autres, frappe-toi la poitrine. Accuses tes propres fautes et péchés, et tu trouveras un Dieu de miséricorde et de pitié, et tu seras toi-même plein de pitié à l’égard des autres et des faiblesses des autres.

 
Observons-nous nous-mêmes, si vous le voulez bien. Comme nous disons facilement de quelqu’un qu’il est un criminel, au lieu de dire qu’il a commis un crime ! Mais l’être humain vaut toujours plus que sa faute. Il y a toujours quelque chose de bon en l’autre, même si nous avons parfois l’impression de nous transformer en Sherlock Holmes de la bonté pour le trouver…  De même il y a aussi du bon et du mauvais qui cohabitent en moi. Remercions Dieu pour le bon, et implorons son pardon pour ce qui est mauvais. N’en profitons pour condamner l’autre !

 
 
AMEN.
 

                                                                                                                                                                                                                      
Michel Steinmetz † 
 

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