A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

samedi 22 octobre 2016

Homélie de la messe de la solennité de Tous les Saints - 1er novembre 2016

Par huit fois, Jésus qualifie certains de « bienheureux ». Il considère, à bien entendre l’Evangile, comme particulièrement heureux huit groupes de personnes. Car être « bienheureux », c’est bien plus que d’être happy, que de se sentir « bien ». Bienheureux signifie un état de bonheur tout à fait extraordinaire. En quoi consiste donc ce bonheur des bienheureux ?
 
C'est  ici que la liste des huit béatitudes nous intrigue. Car ce qui est présenté et loué comme bonheur suprême ne correspond pas à l’idée que nous nous faisons du bonheur. Les pauvres, les affligés, les persécutés, ceux que l’on insulte, que l’on calomnie, sont appelés « heureux ». Il est difficile d’être d’accord avec tout cela. C’est vrai aussi : il est plus facile d’adhérer aux béatitudes restantes. Que les doux, les miséricordieux, les justes et les artisans de paix soient déclarés heureux, c’est juste. Tout simplement. Mais on ne peut retenir dans les béatitudes uniquement celles qui nous conviendraient et rejeter les autres. Alors quel est ce bonheur promis ? Bonheur pour tous ou bonheur d’une élite de puristes ? Arrivera-t-il un jour ? Jésus ne dit-il pas à la fin de l’évangile : « Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ! ».
 
Ce ne serait donc qu’une consolation après la mort ? L’opium du peuple chrétien pour nous faire patienter bien sagement dans l’antichambre ou la salle d’attente ? Mais à bien écouter l’évangile, nous entendons Jésus s’exprimer au présent. Heureux, car le Royaume « est » à vous, maintenant ! On peut déjà en faire l’expérience, et non pas on ne sait quand. Que chacun examine son parcours personnel : si j’observe la liste des huit situations qui génèrent le bonheur, n’y en a-t-il pas une parmi elles, dont je puisse dire : « cela je l’ai vécu moi aussi » ?
Ainsi en ce qui concerne les artisans de paix. C’est sans aucun doute une joie profonde, quand on réussit, dans une situation conflictuelle, à ramener la compréhension, la réconciliation et la paix. On oublie alors tous les efforts qu’il a fallu déployer pour ramener la paix, tous les revers et toutes les résistances qu’il a fallu surmonter. N’est-ce pas un bonheur profond d’être miséricordieux et compatissant, plutôt que dur et sans cœur ? C’est toujours particulièrement émouvant de rencontrer des personnes au cœur pur et limpide, sans fausseté ni sournoiserie, mais droits et sincères. Assurément ce bonheur n’est pas simple. Ce sont souvent les pacifiques et les bienveillants qui ont la vie difficile. Car, eux, tentent de prendre en compte les autres. Ceux qui ne vivent que pour eux-mêmes semblent s’en tirer à bien meilleurs frais.
 
Etre pauvre devant Dieu ? Qu’y a-t-il de bienheureux ? Mais si. Et rappelez-vous l’évangile de dimanche dernier : celui de la parabole du pharisien et du publicain ? C’est une source de vrai bonheur que de se savoir pauvre devant Dieu, de paraître devant lui les mains vides, et de ne pas être satisfait de soi-même.
 
Certainement, le plus difficile à comprendre c’est que le deuil ou la persécution puissent apporter le bonheur. Vous avez sans doute déjà rencontré, comme moi, des personnes qui, au cœur d’un deuil ou d’une situation humaine difficile, comme la maladie, impressionne ou par la joie ou pour la sérénité qui transparaît en eux. A vue humaine, cela n’est pas possible. C’est parfois même déroutant. D’où pourrait venir cette paix et cette foi sinon de Dieu ? Elles sont le signe de sa présence bienveillante et de son action efficace. Elles sont la trace de la proximité du Royaume des Cieux, ici pour nous. Nous percevons que nous sommes comme devant un infini insaisissable.
 
Tout cela s’est confirmé en la présence de Jésus. Les huit béatitudes sont en accord parfait avec sa vie. Elles sont comme de brefs résumés de son itinéraire. Cet évangile est lu aujourd’hui, à la fête de Tous les Saints, parce qu’il décrit exactement comment les hommes deviennent des saints. Et aucun saint n’a jamais donné l’impression d’être triste. Un saint triste serait un triste saint.  
 
AMEN.
 
 
Michel Steinmetz

Aucun commentaire: