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samedi 8 octobre 2016

Homélie du 28ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 9 octobre 2016

« On ne rencontre qu’ingratitude en ce bas-monde », dit un proverbe. Et c’est bien de gratitude et d’ingratitude dont il s’agit dans l’évangile d’aujourd’hui. Il montre que l’ingratitude est beaucoup plus fréquente que la gratitude. Jésus, en effet, guérit dix lépreux et un seul revient sur ses pas pour le remercier. Et qui plus est, c’est un étranger et un homme d’une autre religion. Seulement 10 % de rentabilité… Est-ce bien raisonnable par les temps qui courent ?
 
Plus fondamentalement, ce passage de l’évangile révèle une vérité humaine. Comment se fait-il que nous disions si rarement merci ? Voyons la scène d’un peu plus prés. Jésus fait route vers Jérusalem. Il sait ce qui l’attend là-bas. Il n’y trouvera qu’ingratitude et incompréhension, violence et haine. Des lépreux s’approchent timidement d’un village et ils implorent sons assistance. Sans doute leur apparaît-il comme l’ultime recours. La lèpre est la plus horrible des maladies ; ceux qui en sont atteints sont mis au ban de la société. Ils n’ont pas le droit de s’approcher de ceux qui sont en bonne santé et tout le monde les fuit. Ils sont donc abandonnés à eux-mêmes et n’ont plus qu’à attendre leur mort dans la souffrance. C’est un sort un peu comparable qui attend Jésus à Jérusalem. Abandonné de tous, il sera conduit à l’extérieur de la cité, au Golgotha, et mis au ban de la même société, crucifié sur le bois de la honte entre deux malfaiteurs. Il va mourir sur cette croix, méprisé, rejeté, proscrit, tel un lépreux. Est-ce la raison de sa piété envers ces exclus ? Sans craindre de les toucher, Jésus s’approche de ces malheureux dont la seule vision dégoûte la plupart des gens.
Selon la Loi juive, ces lépreux doivent recevoir de la part des prêtres une attestation officielle qu’ils sont guéris, une sorte de récépissé de bonne santé. C’est la raison pour laquelle Jésus envoie ces hommes trouver les prêtres à Jérusalem. En y allant, tous les dix constatent qu’ils sont effectivement guéris. Ce fut sûrement pour eux un sentiment de bonheur indescriptible, quand ils virent la peau de leurs visages mutilés redevenir saine, meurs moignons aux pieds et aux bras disparaître et retrouver leur intégralité corporelle. Une guérison aussi radicale ne peut s’inventer, elle est trop manifeste, trop « voyante » !
 
N’aurait-il pas alors été naturel, au regard du caractère inouï et spectaculaire de leur guérison, de revenir tout de suite pour remercier celui à qui ils devaient cette miraculeuse guérison ? Un seul, seulement, le fait. Tous se dépêchent d’aller se montrer aux prêtres. Ils veulent que les « autorités locales » les inscrivent au plus vite sur les registres des citoyens en bonne santé, pour être à nouveau pleinement intégrés dans la société. Ils ne pensent qu’à eux-mêmes, ils ne pensent pas à dire « merci ». Un seul y songe. Ce sera le Samaritain, l’étranger d’une autre religion qui a l’habitude d’être marginalisé. Lui seul revient auprès de Jésus pour le remercier.
Cet évangile est un miroir dans lequel nous pouvons nous voir, à un double titre, me semble-t-il. Tout d’abord quand nous marginalisons nous-mêmes les autres, et parmi eux les étrangers ou les gens d’une autre religion. Nous avons tendance à globaliser notre pensée, à ne plus faire dans le détail. « Ils sont tous comme ça… ». Les généralisations sont parfois criminelles et souvent source de haine. D’autre part, quand nous suivons l’exemple des neuf autres lépreux. Tous nous harcelons le Seigneur dans la prière avec nos demandes, et nous les trouvons légitimes et importantes. Nous savons trouver le Seigneur pour l’importuner. Quand cependant nous sommes exaucés d’une manière ou d’une autre, que faisons-nous ? Pensons-nous à revenir vers Lui pour lui rendre grâce, lui dire « merci ». Ne phagocytons-nous pas la grâce qui nous est faite en la kidnappant, comme si nous en étions finalement l’origine ? Ingrats que nous sommes…
 
Que notre prière cette semaine ne se construise pas uniquement autour des « s’il te plaît », mais qu’elle trouve aussi les chemins des « mercis ». Car on vit mieux en disant « merci ».
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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