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mardi 27 octobre 2015

Homélie pour la Commémoraison de Tous les fidèles Défunts - 2 novembre 2015

C'est un peu comme une déchirure, une blessure qui n’arrive pas à cicatriser puisque chaque fois que vous pensez à lui, à elle, votre cœur  se remet à saigner de plus belle. Un peu comme si une partie de votre être vous avait été arraché, enlevé à jamais. Parfois, en vous, le calme et la sérénité règnent et d’autres fois, vous avez l’impression d’être emportés par des vents violents qui vous secouent. Je passe de la chaleur des souvenirs heureux à l’ouragan de l’absence et du silence. Avec toujours cette question lancinante : ceux que nous avons aimés, nous entendent-ils, nous voient-ils ? Partage entre ce que nous espérons et croyons et l’expérience déroutante de l’absence.
 
Face à de telles questions existentielles, nous n’avons pas de réponse certaine. Il n’y a aucune certitude vis-à-vis de la mort. Est-ce la fin d’une vie à jamais ou plutôt la poursuite de ce que nous avons commencé sur cette terre ? Est-ce un trou noir dans lequel ils ont sombré ou plutôt une lumière où ils vivent en plénitude dans le cœur et la tendresse de Dieu ? Rien ne peut être dit à ce sujet de manière absolument sûre. Personne ne peut prétendre à la vérité de la mort sauf celles et ceux qui y sont entrés. Mais un tel savoir leur est-il vraiment réservé ? N’avons-nous pas, nous qui restons ici-bas, le cœur en tristesse, la possibilité d’entrevoir un coin du voile de ce mystère. Ni les sciences, ni aucune connaissance, ne peuvent nous aider.
 
Toutefois, nous n’avons pas à nous enfermer dans le découragement car si la connaissance ne peut nous éclairer. Il nous reste l’espérance de notre foi. Connaissance et croyance sont deux champs de notre intelligence de cœur qui s’éclairent l’un l’autre mais ils ne peuvent se confondre. Lorsque je connais, je sais. Lorsque je crois, j’espère et je cherche à comprendre ce mystère qui habite au plus profond de mon être. Y a-t-il plus belle espérance que les paroles du Livre de la Sagesse : « les âmes des justes sont dans la main de Dieu. Ils sont dans la paix. Leur espérance est pleine d’immortalité. Ceux qui sont fidèles demeureront auprès de lui dans l’amour ». Si nous prenons ces mots inscrits avec l’encre de Dieu dans ces pages de la Bible au sérieux, nous pouvons nous apaiser et nous dire ou redire que là où ils sont, celles et ceux que nous avons aimés vivent la plénitude de la paix divine. Prendre de telles paroles au sérieux, tel peut être le sens de notre foi. Foi en une vie qui ne se termine pas. Foi en une vie, commencée sur cette terre et qui se poursuit dans l’au-delà de Dieu. Parce que Dieu nous a créés pour être en lui, toujours, à jamais.
 
Prenons alors le temps, de temps en temps de méditer ces phrases d’espérance telles qu’elles nous ont été livrées dans la Bible. S’il est vrai que nous pouvons nous réjouir de la lumière dans laquelle ils sont entrés, cela n’enlève hélas pas grand-chose à la douleur de ceux qui restent. Dans la foi, nous pouvons ressentir un sentiment d’apaisement, voire de joie, de savoir que ce que nous avons aimés sont arrivés au terme d’une route sur laquelle nous cheminons encore, parfois difficilement. Le sentiment d’injustice, d’une vie arrêtée trop tôt, reste néanmoins présent et fait souffrir. Il nous faut nous souvenir des larmes de deux amis, un soir quand la nuit tombait. Il pleurait leur ami. C’était sur une petite route vers Emmaüs. Rien ni personne ne pouvait les consoler. Ils ont cependant laissé un mystérieux personnage partager un peu de leur chemin, et aussi de leur tristesse. Il les a écoutés, il leur a ouvert son cœur et fait résonner dans le leur bon nombre de paroles qu’ils connaissaient pourtant bien. D’un coup, à un geste, ils l’ont reconnu. En pleine nuit, ils ont osé faire le chemin inverse pour témoigner de ce qu’ils avaient vécu. Jésus n’a, pour eux, pas fait de miracle. Il a simplement été là. Il a fait résonner la Parole de Vie. Ils l’ont accepté et, pour eux, la mort a pris un autre visage. Pas celui d’une fin, mais celui d’un passage.
 
C'est de cette manière que Dieu nous prend la main. Elle passe toujours par un autre humain. Alors, nous pourrons nous aussi nous dire : « notre cœur n’était-il pas brûlant ? ».
 
AMEN.
 
Michel STEINMETZ

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