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samedi 29 mars 2014

Homélie du 4ème dimanche de Carême (A) - 30 mars 2014

Voir et savoir : deux verbes qui vont de pair. Souvent ils conduisent même l’un à l’autre. Souvent un regard permet de savoir. Il est en effet des regards plus pénétrants, plus efficaces, plus révélateurs que bien des paroles ou des discours. Le regard traduit ce que nous avons au fond du cœur : un regard exaspéré, un regard compatissant ou aimant, un regard fatigué…
L’aveugle de naissance de l’évangile doit voir Jésus pour savoir qui il est ; et Jésus, en lui rendant la vue, lui permet de faire cette expérience. Finalement toute cette scène nous raconte plus le cheminement intérieur, spirituel de cet homme que les conditions et modalités de sa guérison.
 
Naître aveugle ! Pour les incroyants, c’est l’objection fondamentale contre Dieu : comment peut-il permettre cela ?  Pour les croyants imbéciles, c’est un châtiment de Dieu. Jésus rejette catégoriquement ce soupçon : il ne s’agit pas de remonter vers une cause mais de descendre dans l’action. Devant « le problème du mal », les intellectuels discutent ; devant un homme malheureux, Jésus se mobilise. Pour lui, la vraie question n’est pas « Pourquoi cela ? » mais « Qu’est-ce Dieu mon Père m’appelle à faire ? ».
Curieuse thérapie : Jésus, « la Lumière du monde », crache par terre et fait un peu de boue qu’il colle aux orbites de l’homme ! C’est comme si la création de cet homme avait été ratée et qu’il fallait la reprendre. Comme quand on recolle une statue. Jésus recrée l’homme inachevé.
 
Une telle guérison devrait provoquer l’enthousiasme de l’entourage. Comme trop souvent, y compris dans nos communautés chrétiennes, on préfère râler ou critiquer ce qui se fait (même de bien !) plutôt que de se réjouir de ce qui se réalise et que Dieu rend possible. Le doute s’installe pour l’entourage de cet aveugle désormais guéri. L’homme ne peut que raconter l’événement, sa rencontre avec « l’homme Jésus » qui curieusement a disparu. L’homme guéri va aller d’épreuve en épreuve mais c’est à travers elles, en gardant un témoignage fidèle à Jésus, qu’il verra de plus en plus profondément. Le handicap étant considéré comme une impureté légale, il fallait acter la guérison près des autorités. Une nouvelle division éclate : certains pharisiens se réjouissent, d’autres sursautent : ce Jésus a osé transgresser la loi du shabbat ! L’homme, apeuré, reprend son récit mais l’opposition le fait progresser dans la connaissance de son guérisseur : à présent il nomme Jésus un « prophète », un homme de Dieu.
 
Les Juifs convoquent les parents de l’homme. Ils ont peur.
Pour la seconde fois, les pharisiens convoquent l’homme qui avait été aveugle. Ils lui intiment l’ordre de dire la vérité devant Dieu et eux d’emblée déclarent qu’ils « savent » que ce Jésus est un pécheur car c’est bien de lui qu’ils font le procès. Leur certitude est faite avant tout débat. Et à la fin, excédés, ils enferment l’homme dans un passé coupable alors que Jésus voulait lui ouvrir un nouvel avenir.  Bousculé, celui-ci reconnaît qu’il ne peut tout expliquer mais il a cette assurance : « Je ne sais qu’une chose, j’étais aveugle, maintenant je vois. Donc ce Jésus vient de Dieu. » La guérison physique n’était qu’un « signe » : à présent il s’agit de voir et reconnaître Jésus. Il n’est pas seulement un homme, un guérisseur, un prophète mais le Fils de Dieu.  L’homme s’était mis à voir, maintenant il se met à croire. Il sait qui est Jésus et il l’adore. Quand nous nous demandons comment rendre témoignage, nous n’avons pas de grands discours à faire. « Je ne connais rien en théologie, je ne suis pas parfait, mais je sais une chose : sans Jésus, je vivais dans l’obscurité ; à présent son baptême me fait voir, donne un sens à ma vie ».

Voilà le cheminement de cet homme. Il est baptismal au sens il passe des lumières à la lumières, de l’ignorance à la foi. Il voit et il croit. Déjà son expérience nous fait penser à celle des disciples qui, après la Résurrection, croiront que ce Jésus qu’ils ont vu mort est bel et bien vivant. Cet itinéraire, c’est celui de notre baptême. Il nous est commun. Nous mettons-nous en route ? Refusons-nous de voir, donc de savoir, donc de croire ?
 
AMEN.

 
Michel Steinmetz

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