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samedi 8 mars 2014

Homélie du 1er dimanche de Carême (A) - 9 mars 2014

Au carnaval, le monde se déguise et se masque. Tout au contraire, pour le carême, Jésus propose à ses disciples d’enlever leurs masques, de se livrer, nus et libres, à Dieu. C’est pourquoi nous reprenons ce chemin non pour comptabiliser des petites privations mais pour chercher la vérité. Non pour prendre un air renfrogné mais pour manifester la joie de la foi. 
Jésus, après son baptême, fut conduit au désert par l'Esprit pour être tenté par le démon. A l’issue de son baptême par Jean, Jésus a compris et accepté la mission d’inaugurer sur le champ, comme Messie, le Royaume de Dieu chez les hommes. A l’écart de tous, Jésus va réfléchir dans la terrible solitude du désert. L’Esprit l’y pousse précisément parce qu’il se doit de reprendre l’itinéraire de son peuple qui, jadis baptisé (plongé) dans les eaux de la mer Rouge, s’était enfoncé dans le désert du Sinaï pour y subir l’épreuve du feu. La tentation est racontée sous la forme de trois scènes composées de la même manière : une suggestion du diable et une réponse de Jésus tirée de l’Écriture (trois citations du Deutéronome).

Première tentation : avoir
La première tentation, celle du pain, est du domaine de l’avoir ; elle vise la satisfaction immédiate du désir matériel. C’est la tentation d’Ève prenant le fruit (Gn 3,6) ou du peuple voulant stocker la manne (Ex 16,19-20). La réponse de Jésus, tirée de Deutéronome (8,3), oppose au pain la Parole, car la citation complète dit : «L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche du Seigneur». Manière de rappeler qu’il y a d’autres biens plus désirables que les biens matériels. Il est à noter que Jésus ne triche pas avec la condition humaine et refuse de faire des miracles dans son propre intérêt : il éprouve la faim ; mais il sait aussi affirmer : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jn 4,34).
 
Deuxième tentation : araître
Cette deuxième tentation, celle des royaumes, consiste à renier Dieu pour suivre des idoles assurant la puissance. C’est la tentation du premier homme désobéissant à l’ordre de Dieu pour suivre la suggestion du serpent (Gn 3,6) ou du peuple adorant le veau d’or (Ex 32,4), la tentation du pouvoir. Jésus répond par une citation de Deutéronome 6,13, montrant que l’homme est fait non pour asservir le monde ou s’y asservir sous prétexte de le dominer, mais pour servir Dieu dans la liberté. Le refus des royaumes de la terre ouvre l’entrée dans le vrai Royaume, celui des béatitudes.
 
Troisième tentation : être
Cette fois-ci, c’est au tour du diable de citer l’Écriture, en l’occurrence le psaume 90. Le diable reconnaît bien Jésus comme Fils de Dieu, mais il lui propose subtilement d’utiliser sa puissance pour réussir sa mission, mais en le détournant de Dieu. Jésus refuse.Cette troisième tentation, celle des prodiges, consiste à vouloir capter et utiliser la puissance divine à son profit, pour se satisfaire ou pour avoir barre sur les autres en les captivant ou les séduisant. C’est la tentation d’Adam et Ève voulant « être comme des dieux ;» (Gn3,5), ou celle du peuple, à Massa et Meriba, mettant Dieu à l’épreuve en demandant des miracles (Ex 17,7 ; cf. Ps 78,19). La réponse de Jésus, empruntée à Deutéronome (6,16), rappelle l’interdit de la mise à l’épreuve de Dieu ; elle indique surtout déjà que lui-même va refuser d’utiliser sa puissance pour donner des signes (Lc 11,29), et refuser de demander un miracle pour sauver sa vie.
 
Ces trois tentations synthétisent les tentations ou encore les trois zones de fragilité où s’exercent les trois « esprits », comme les nommaient les Pères du désert, de la gourmandise, de l’orgueil et de la vanité. Alors qu’Adam, dans le premier jardin, et le peuple élu, au désert, avaient succombé, Jésus est sorti vainqueur de cette triple épreuve. Au début de la mission de Jésus, c’est un monde nouveau qui s’inaugure où le mal et la mort vont être vaincus. C’est sous ce signe que nous empruntons la route du Carême, sûrs qu’avec Jésus il nous est possible de changer de vie.
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz   

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