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mardi 4 mars 2014

Homélie du mercredi des Cendres - 5 mars 2014


 
 
Nous sommes entrés maintenant dans le Carême, qui, avec le temps pascal, est le courant profond qui fait de nous non pas seulement des humanistes, mais des chrétiens, des disciples de Jésus, décidés à vivre de son Esprit, à chercher la vérité et non les apparences, l’essentiel et non les faux semblants. A la suite de Jésus qui a triomphé des tentations mensongères, nous entrons dans le grand mouvement baptismal qui nous fait passer de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, de l’esclavage à la liberté, de l’offense au pardon, de la rupture à la réconciliation. Ce grand mouvement de la mort à soi-même pour vivre en relation de confiance et de réciprocité, d’abondance et de générosité, en recevant en plénitude la vie qui nous est proposée par notre Père, ce Dieu qui sans cesse nous crée et nous recrée. Sophia, vous allez vivre cette renaissance en Dieu par le baptême qui vous sera donné dans la nuit pascale ; avec vous, nous nous engageons dans notre propre renaissance et nous vous confions ce soir deux trésors de notre foi : le Credo et le Pater.


 
Dans un instant nous allons recevoir les cendres. C’est un geste ténébreux de pénitence, d’humilité lucide et d’abaissement volontaire, mais ce n’est pas pour nous rouler indéfiniment dans la poussière, tout au contraire, c’est pour renaître de nos cendres ! Ce geste montre qu’on veut changer notre façon d’agir. Dans le livre de Jonas, les habitants de Ninive décident de changer leurs habitudes après l’avertissement du prophète : « Ils proclamèrent un jeûne et se revêtirent de sacs, des grands jusqu’aux petits. Le roi se leva de son trône, il fit glisser sa robe royale, se couvrit d’un sac, s’assit sur de la cendre… »  (Jonas 3, 5-6). Abraham, quant à lui, affirme : « Je ne suis que poussière et cendre » (Genèse 18,27) lorsqu’il négocie avec Dieu pour sauver Sodome et Gomorrhe. Les chrétiens ne vivent le Carême comme un acte de soumission, mais comme un exode, comme une progression qui les amène aux trois jours saints, au cœur de l’année chrétienne, au sommet de la liturgie, à ce grand moment où la foi se dit, se célèbre et se communique à tous les nouveaux adultes baptisés. Il est vital pour notre foi d’y participer. 40 jours jusqu’à la Résurrection, mais aussi 40 jours depuis la Résurrection jusqu’à l’Ascension et dix jours encore jusqu’à la Pentecôte avec les langues de feu et le don de l’Esprit Saint. Cette pédagogie liturgique qui va des Cendres jusqu’aux langues de feu du baptême dans l’Esprit, nous permet de progressivement renaître de nos cendres et faire l’expérience que Dieu veut nous sauver. Nous ne pouvons pas désirer moins ! Heureusement pour nous, il ne s’agit pas d’un « travail à réaliser ». Certes, cela ne se fera pas sans nous mais cela ne dépend pas non plus uniquement de nous. Il s’agit avant tout de répondre à l’appel de Dieu qui nous dit « viens ! » Ne reste pas dans ton péché, dans ta désespérance, dans ta médiocrité, dans tes remords. Viens ! J’ai un projet pour toi, une ambition pour toi, toi humanité, toi Eglise et toi aussi personnellement. Il est possible de renaître, il est possible de commencer à vivre pour de vrai, pour de bon, il est possible d’entrer d’inscrire ta vie dans le grand projet du Dieu vivant. Rien n’est perdu, rien n’est désespéré.
 
Il n'est jamais trop tard pour Dieu, rien n’est impossible pour lui. Pour cela Jésus est clair. Il nous appelle à prier, dans le secret, dans le fond de notre cœur, à exprimer notre désir, à souhaiter la rencontre avec Dieu qui est déjà là au plus intime de nous-mêmes. Ensuite Jésus nous appelle à jeûner, un jeûne qui n’a pas pour objet de limiter la surcharge pondérale ni le taux de cholestérol, un jeûne qui n’a rien à voir avec l’esthétique mais avec le désir. Il s’agit de reconnaître ce désir comme essentiel, d’accepter de ne pas être rassasié. Il s’agit de prendre conscience du manque fondamental que rien ne peut combler, hormis Dieu. Prier, jeûner et partager, donner sans contrôle, sans retour, gratuitement, à celui qui nous ressemble, à cet autre que nous devons aimer comme un autre nous-même. Reconnaître dans le pauvre celui qui est notre propre chair.
 
Que ce Carême nous donne, à tous et à chacun, de renaître de nos cendres et de vivre du feu de Dieu !
 
AMEN.                 
 
Michel Steinmetz    

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