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samedi 22 mars 2014

Homélie du 3ème dimanche de Carême (A) - 23 mars 2014

Au-delà des préjugés et des convenances sociales, un homme et une femme, un Juif et une Samaritaine entrent en relation. Leur conversation est rafraîchissante et ne manque pas d’humour. Mais, très vite, elle va à l’essentiel. Il est question d’une eau qui fait vivre, pas seulement de celle qui pourra désaltérer Jésus sur le moment ou celle que cette femme doit venir puiser tous les jours. On comprend que la Samaritaine rêve d’échapper à la monotonie de cette corvée journalière. Cependant il y a dans sa vie une autre part, plus essentielle, d’aridité et de désert. « Je n’ai pas de mari » (v. 17). Sa vie affective n’est pas aussi claire que de l’eau de roche ! Pourtant, quelle soif de vérité ! Jésus le relève avec délicatesse, sans l’enfermer dans sa situation, sans la juger : « Là tu dis vrai » (v. 18). Son interlocutrice est mûre pour recevoir l’annonce d’une Bonne Nouvelle, celle de l’eau vive dont la surabondance est sans pareille avec celle de ce puits.
 
Dans la première lecture, les Hébreux ont soif. Ils sont dans le désert, entourés de rochers et de sable, ils passent depuis longtemps dans une terre aride, altérée, sans eau. Dieu dit à Moïse de frapper un rocher. Les rochers qui entourent les hébreux leur font problème ; Moïse doit effectivement frapper le problème, et de ce rocher, de cet environnement hostile, sort de l’eau ; du milieu de ce désert porteur de la mort jaillit de l’eau qui fait vivre. Pour la femme de l’évangile, c’est aussi de son propre cœur que tout part, que tout commence. Elle est dans la vérité par rapport à elle-même, sans faux-semblant. Des centaines d’années après que ce récit de l’Exode a été écrit, Saint Paul y a vu une image du Christ. Il dit dans sa première lettre aux Corinthiens que les hébreux « ont tous bu le même breuvage spirituel, car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher était Christ » (1 Cor 10:4). Même si les hébreux dans le désert ne le savaient pas, c’est le Christ qui était la source de leur vie spirituelle, c’est Jésus qui les a rafraîchis. Qui est plus, Paul dit que ce rocher qu’était le Christ les suivait. C’est une image bizarre, ce rocher automobile qui court derrière le peuple dans le désert. Mais ce qu’il veut dire, c’est que Jésus était toujours présent, là où ils étaient, il ne fallait pas se déplacer pour trouver cette eau spirituelle dont ils avaient besoin.
 
L’évangile d’aujourd’hui va bien dans le même sens. Jésus dit à la Samaritaine que c’est lui la source d’eau vive, de l’eau qui fait vivre et qui rafraîchit. Et pour trouver cette eau il ne faut pas aller puiser à un lieu profond comme le puits de Jacob, c’est à dire à la tradition juive. Il ne faut pas non plus aller à Jérusalem ou à la montagne des Samaritains pour adorer le vrai Dieu ; adorer le vrai Dieu en esprit et vérité, c’est la même chose que de se laisser rafraîchir par Dieu, recevoir la vie que Dieu nous donne. Jésus, la source de cette eau et de cette vie, et déjà là où nous sommes. Cette source n’est pas extérieure à nous-mêmes. Nous avons déjà en nous-mêmes la source de notre vie spirituelle. Il y a beaucoup de religions non-chrétiennes qui le savent aussi, qui disent que chacun doit trouver ses ressources spirituelles en lui-même. La différence est que les chrétiens reconnaissent que cette source de vie, bien qu’elle soit en nous, n’est pas de nous ; cette vie est la vie de Dieu en nous.
 
En célébrant dans un instant les premiers scrutins pour notre catéchumène, nous faisons une expérience similaire. Ces scrutins n’ont rien à voir avec ceux qui se déroulent ce jour dans le secret des isoloirs. Pourtant, étymologiquement, « scrutin » est proche du mot « élection ». Chère catéchumène, nous vous rappelons et nous nous rappelons à nous-mêmes que c’est Dieu qui scrute, qui observe, qui discerne, et donc que c’est Dieu qui choisit. Dieu vous choisit pour faire de vous son enfant bien-aimé. Et pour répondre à son appel, il faut pareillement nous scruter, c’est-à-dire, faire cette opération de vérité – avoir la même attitude que la Samaritaine. Par là nous disons à Dieu que, d’une part, nous avons besoin de lui, la Source vive, indispensable et rafraîchissante de notre vie, et, d’autre part, que nous lui rendons grâce d’être cette Source à portée de main, toujours avec nous, même dans les déserts arides que nous traversons. Nous rendons grâce pour ce que Dieu fait pour vous ! Qu’il achève ce qu’il a commencé !
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz  

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