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samedi 22 décembre 2012

Homélie du 4ème dimanche de l'Avent (C) - 23 décembre 2012

C’est dans ce style affectueux et familier que nous pouvons découvrir l’épisode de la Visitation que Luc nous présente dans son évangile de l’enfance. Mais le récit est aussi porteur d’une réalité bien plus profonde. Dans cet épisode de la rencontre entre ces deux femmes, l’évangile s’efforce de dire la foi en Jésus, Messie promis et attendu depuis des siècles et Fils de Dieu dès le premier instant de sa conception ! Il est donc une « profession de foi » des premières communautés chrétiennes en la filiation divine de Jésus.

Dans les Litanies de la Sainte Vierge, récitées souvent à la suite du chapelet, dans cette série impressionnante de vocables par lesquels nous nous adressons à Marie, il y en a un qui nous fait dire : « Arche d’Alliance ». Que peut signifier ce titre éminemment poétique ? En regardant de plus près, on constate que le récit de la visitation est tissé d’allusions au transfert de l’Arche à Jérusalem par le roi David. L’Arche était ce coffret de bois précieux, muni de barres dorées pour le transporter, et qui contenait les tables de la Loi. Dieu lui-même avait donné ses commandements à Moïse qui les avait gravés sur des tables de pierre. Par le don de ces préceptes, Dieu faisait alliance avec son peuple. L’Arche contenait le témoignage de l’Alliance sacrée entre Dieu et Israël. Sur le couvercle de ce coffre, il y avait deux chérubins, sorte d’anges avec des ailes, entre lesquels reposait l’Esprit de Dieu, sa présence en cet espace.

Pendant longtemps, l’Arche séjourna à Silo sous une tente, comme c’était le cas dans le désert après la rencontre avec Dieu au Sinaï. David résolut de la ramener à Jérusalem pour la placer sur la colline de Sion. Au second livre de Samuel, on nous raconte que « David se leva et partit pour Baala en Juda pour en faire monter l’Arche de Dieu ». Dans la visitation, nous avons vu que « Marie se leva et partit dans la montagne vers une ville de Juda ». En peu plus loin, l’Arche monte en procession vers Jérusalem et on s’arrête à Edom dans la maison d’Aved. Celui-ci s’écrie : « Comment l’arche du Seigneur entre chez moi ? ». Dans la visitation, c’est Elisabeth qui s’étonne : « Comment ai-je cet honneur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Ajoutons encore un autre rapprochement : la joie du peuple hébreu et celle de David dansant devant l’arche mise en parallèle avec celle d’Elisabeth et de Jean-Baptiste à l’approche de Marie. Notons également que l’Arche, montant à Jérusalem, s’arrête dans la maison d’Aved à Edom et y reste trois mois, comme Marie entre dans la maison de Zacharie et y reste trois mois.

L’auteur de la visitation a sans doute voulu marquer la continuité qui existe entre l’ancienne alliance et celle que le Messie Jésus va inaugurer. Ainsi la montée vers Jérusalem de l’Arche qui contenait les paroles de la Loi, trouve la plénitude de sa signification lorsque Marie, nouvelle Arche, portant en elle le Verbe fait chair, va vers la Judée dans la maison du prêtre Zacharie, celui qui officia dans le Temple. L’aboutissement s’accomplira parfaitement lorsque Jésus montera vers Jérusalem pour y être « élevé », sa mère se trouvant alors au pied de la croix.

Nous pouvons encore aller plus loin dans ce parallèle entre l’ancienne et la nouvelle Alliance. Marie qui porte le Christ est aussi figure de l’Eglise, porteuse de la Bonne Nouvelle de Dieu ! Or, comment Marie est-elle Arche d’Alliance ? Comment est-elle porteuse du Seigneur de l’univers ? Elisabeth nous en donne la réponse : « Heureuse celle qui a cru en l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ! ». De la même manière, c’est la foi en l’accomplissement des promesses qui fait de l’Eglise le peuple porteur de la Parole d’Alliance nouvelle. Nous qui sommes l’Eglise aujourd’hui, ne sommes-nous pas par notre foi porteurs du message d’amour et d’alliance de notre Dieu pour notre monde ? Elisabeth, Marie : l’ancienne Alliance rencontre la nouvelle. Jean-Baptiste et Jésus : l’ancienne Alliance rend louange à la nouvelle. « Comment ai-je ce bonheur ? », s’écrie Elisabeth. Ce bonheur peut toujours être le nôtre en ce dimanche de l’Avent où nous nous éveillons à ce qui vient, à la venue prochaine d’un enfant, le Fils de Dieu !

AMEN.

Michel STEINMETZ †



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