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samedi 29 décembre 2012

Homélie de la fête de la Sainte-Famille - 30 décembre 2012

A Noël, nous étions conviés à contempler l’Enfant de la crèche. Voici que nous retrouvons, quelques jours plus tard, l’adolescent, peut-être un peu impertinent, dans le faste du Temple de Jérusalem. Les choses vont vite… Et pourtant, il n’y a à voir là qu’un unique mystère de Noël. C’est au sein de sa famille humaine que Jésus se révèle en premier comme l’Envoyé du Père. « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être ! », répond Jésus à ses parents angoissés au bout de trois jours de recherche. Jésus conçoit déjà, et expose, la place qu’il lui semble devoir tenir. Il est à sa place au Temple lorsqu’il interroge les docteurs de la Loi et converse avec eux. « Mon âme s’épuise à désirer les parvis du Seigneur ; mon cœur et ma chair sont un cri vers le Dieu vivant », chantait le psaume.
Il y a beaucoup à apprendre de Dieu dans l’humble famille de Nazareth. Le Pape Paul VI proposait de retenir de Nazareth trois leçons, parmi tant d’autres. Une leçon de silence, une leçon de vie familiale, une leçon de travail.

I.- Une leçon de silence.

Que le silence fait aujourd’hui défaut à notre monde ! Pouvons-nous encore rester en silence sans avoir l’impression d’un vide, d’un espace à combler ? Partout où nous allons, il y a du bruit, de la musique, au point même que nous n’écoutons plus rien. Nous ne faisons plus qu’entendre… Pourtant c’est du silence que naît la vie : silence avant la création du monde, silence de la nuit de Noël dans lequel ne retentit que mieux le chant des anges, silence du matin de Pâques qui laisse jaillir l’Alléluia de la victoire… Qu’il serait bon de redécouvrir le silence et de l’estimer, même au cœur de nos liturgies ! Dans nos familles, faire une place au silence ne veut pas dire qu’il faille taire les tensions ou les désaccords, qu’il faille les refouler. Le silence de Nazareth est un silence de recueillement, d’intériorité, « de disposition à écouter les bonnes inspirations et les paroles des vrais maîtres » (Paul VI). Ce silence est celui de certains couples dont un regard suffit à se faire comprendre de l’autre ; ce silence est celui qui préfère la paix aux conflits ; ce silence est celui de l’amour partagé… Il laisse advenir la Bonne Nouvelle de l’Evangile parce qu’il est d’abord attitude d’écoute, attitude spirituelle.

II.- Une leçon de vie familiale

« Que Nazareth nous enseigne ce qu’est la famille, sa communion d’amour, son austère et simple beauté, son caractère sacré et inviolable ; apprenons de Nazareth comment la formation qu’on y reçoit est douce et irremplaçable ; apprenons quel est son rôle, primordial sur le plan social », disait Paul VI. Nous pourrions aujourd’hui nous interroger sur le rôle essentiel de la famille au sein de notre société : quelle actualité pour ce discours, à l’heure où de plus en plus de familles sont éclatées, recomposés ? A l’heure encore où on projette de bafouer allègrement l’institution du mariage de manière législative. Bafouer le mariage, ce n’est pas seulement s’attaquer à une institution, c’est de manière pernicieuse nier la distinction fondamentale entre l’homme et la femme. Je me reçois comme un homme ou une femme, et je ne décide pas d’être homme ou femme.
La sainte famille de Jésus, Joseph et Marie demeurent à nos yeux comme un modèle et un exemple. Que le Fils de Dieu soit venu sur terre en grandissant « en sagesse et en taille sous le regard de Dieu et des hommes » au sein d’une famille n’est pas un hasard. La famille enfin, « lieu de rencontre de plusieurs générations qui s’aident mutuellement à acquérir une sagesse plus étendue et à harmoniser les droits des personnes avec les autres exigences de la vie sociale » constitue « le fondement de la société » ; je cite Vatican II, cette fois dans la Constitution Gaudium et Spes (N°52).

III.- Une leçon de travail.

Le foyer de Nazareth nous invite, dans un troisième et dernier temps, à considérer la noblesse et la dignité du travail humain. Il fait partie du lot de l’homme sur la terre. Faut-il le rappeler ? Faut-il rappeler, aussi, pour mémoire, le livre de la Genèse et l’injonction de Dieu à Adam ? Croire que l’on peut vivre sans travailler, même si cela fait de plus en plus partie des rêves, voire des fantasmes de certains, est un leurre. Cela se saurait. Et on comprend de tels rêves si le travail est uniquement considéré sous l’angle de l’obligation et du fardeau. Et s’il était parfois un lieu d’épanouissement personnel, un lieu où l’on veut vivre en chrétien, où l’on témoigne de sa foi dans l’attention aux autres et la défense des droits des personnes ?
La maison du charpentier nous demande de ne pas considérer letravail simplement comme un gagne-pain ou comme un lieu d’enrichissement. Il nous faut, comme chrétiens, rappeler avec force que « le travail ne peut avoir une fin en lui-même, mais que sa liberté et sa noblesse lui viennent, en plus de sa valeur économique, des valeurs qui le finalisent » (Paul VI), à la suite de Jésus, « le prophète des justes causes ».

Joseph et Marie n’ont eu de cesse de chercher Jésus, jusqu’à ce qu’ils le retrouvent. Puissions-nous être animés, en cette fête de la Sainte Famille, du même zèle afin de toujours chercher et promouvoir le respect de la famille. Cela passera, évidemment, par notre discours, par notre mobilisation dans les jours à venir, mais plus encore par notre présence chrétienne, donc aimante, à ceux qui souffrent et à ceux qui peinent sur ce chemin de vie.
Vous qui, aujourd’hui, cherchez Jésus avec angoisse et inquiétude, cherchez-le là où il réside : dans le Temple de l’Eglise, notre sainte famille, ou dans ce temple intérieur qu’est votre âme. C’est là que le Maître intérieur vous enseigne, subjuguant les petits maîtres de vos passions et de vos pensées confuses. Le troisième jour, sa voix de Ressuscité vous ouvrira une jeunesse nouvelle.

AMEN

Michel STEINMETZ †

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