A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

samedi 15 décembre 2012

Homélie du 3ème dimanche de l'Avent (C) Gaudete - 16 décembre 2012

L’invitation à la joie chez Sophonie éclate dans un ciel bien sombre. Le prophète écrit dans le courant du VIIème siècle avant notre ère à une époque où l’Assyrie dominait toute la région d’une main « de bronze ». Cette domination militaire était doublée d’une domination culturelle : l’Assyrie était parvenue à réintroduire du polythéisme en Juda et en Israël. Beaucoup de Judéens, par réalisme, s’étaient rangés sous le modèle assyrien. Le livre de Sophonie se présente comme une suite d’imprécations, de condamnations, d’oracles contre les puissances étrangères, certes, mais aussi contre les collaborateurs de l’intérieur. L’extrait que nous venons d’entendre vient tout à la fin et est en rupture totale avec le reste du livret. Il s’adresse en fait au « reste d’Israël », le petit reste humble et fidèle, pauvre et faible. Il est une promesse, une vision.

Pour le christianisme, cette promesse est réalisée en Jésus-Christ, par sa naissance même. C’est pourquoi l’Eglise nous invite à nous réjouir de cette naissance que Sophonie appelait de ses vœux. Mais pour vivre cette joie, nous devons prendre conscience du renversement radical, de la rupture qu’introduit la présence de ce Seigneur Dieu, roi d’Israël, par rapport aux habitudes du « monde ». Les habitudes du « monde » du temps de Sophonie sont stigmatisées par lui-même dans son livret. Quelles sont ces « habitudes du monde » à notre époque, en contradiction avec le Royaume de Dieu ? Chaque génération doit refaire ce travail d’analyse et chaque chrétien doit le refaire pour lui-même. Nous ne pouvons pas nous laisser-aller, adopter le modèle ambiant de la société ni les modes idéologiques « pour être dans le vent ». Il nous est demandé « d’être en Jésus- Christ », comme le dit St Paul. Si nous gardons notre cœur et notre intelligence en Jésus-Christ, nous nous rendrons compte de la rupture et nous connaîtrons cette joie qu’entrevoyait Sophonie.

Cette joie n’est pas une affaire de ripailles, de flots de boisson. Cette joie est sérénité. Mais pas seulement une joie intérieure, privée, mais une sérénité qui puisse être connue par tous les hommes. D’où nous viendrait cette sérénité ? Alors que dans notre monde - comme à l’époque de Sophonie - tout est là pour nous agresser physiquement, moralement et spirituellement, il convient de « ne pas craindre », nous dit Sophonie, relayé par Paul. Dans leur bouche, il ne s’agit pas d’un pieux conseil d’autosuggestion psychologique. Il s’agit de se soustraire à certains mécanismes du monde pour qu’ils n’aient plus prise sur nous, qu’ils ne puissent plus être moyen de chantage, de nous faire faire ce à quoi une conscience chrétienne répugnerait. D’autres passages de la Bible nous parlent de la nécessaire crainte de Dieu, ce qui pourrait nous sembler contradictoire. Mais « craindre Dieu », ce n’est pas trembler toute la journée devant son crucifix, c’est, dans la ligne du texte de Sophonie, ne pas craindre ce qui n’est pas Dieu et se libérer donc de toutes les craintes du monde.

« Que devons-nous faire ? », la seule vrai question pratique posée au Précurseur par ceux qui viennent à lui pour recevoir le baptême. A chaque cas, Jean donne un conseil approprié. Cela est une première leçon pour nous : Jean le Baptiste ne propose pas de grands slogans ; il propose des conseils que chacun pourra mettre en œuvre. La teneur même de ces conseils est une autre leçon : les directives n’ont rien d’extraordinaire ni d’impossible. Jean ne propose pas quelque chose ; il indique Quelqu’un « de plus puissant », mieux à même de nous aider à lutter contre les puissances de ce monde. Car la vie éthique suivant la voie de Dieu est, - que nous le voulions ou pas - un combat : tout n’est pas égal ; il y a du bien, il y a du mal ; et il faut choisir ! Et pour faire ces choix difficiles, il faut être solide. Nous le serons si nous nous adossons à « plus puissant que nous ». Ayant trouvé nous-mêmes la sérénité et la joie dans la présence de Dieu, nous devrons encore apporter cette sérénité, cette « paix qui dépasse toute imagination » à tout notre entourage, à ce monde inquiet et tourmenté.

AMEN.

Michel STEINMETZ †

Aucun commentaire: