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mercredi 14 juillet 2010

Homélie du 14ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 4 juillet 2010

Il serait lamentable qu’un chrétien s’abrutisse tout l’été à copier les païens dans leur frénésie de loisirs ineptes et de courses épuisantes. Ce temps de repos doit être utilisé, aussi, pour faire le point. Il y a de quoi faire ! Trop souvent nous ressassons des plaintes stériles ou bien nous préservons notre tranquillité présente en rêvant d’un renouveau personnel, de notre monde, de notre Eglise qui surviendrait, un jour..., par miracle.
L’évangile de ce dimanche nous remet devant notre tâche essentielle : notre mission. En effet, si, comme Marc et Matthieu, Luc a raconté l’envoi des 12 apôtres, il a ajouté en outre l’envoi des 72 disciples (72, c’est le nombre biblique des nations - Genèse 10). Donc cela signifie que la mission doit être l’œuvre de tous les disciples, tous les chrétiens, et qu’elle doit être universelle, toucher tous les peuples.

I.- La prière en point de départ

Jésus leur dit : « La moisson est abondante mais les ouvriers sont peu nombreux ! Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson ». Avant de s’élancer à toutes jambes dans le terrain d’apostolat, le disciple doit d’abord plier les genoux, prier, ouvrir les yeux sur l’immensité de la tâche à remplir et s’effrayer de la disproportion des effectifs. Si peu de chrétiens s’engagent, si peu comprennent l’obligation de leur baptême ! Pourtant c’est l’heure de moissonner ! Beaucoup de gens sont mûrs, prêts à entrer dans le Royaume, si on leur en parle, si on les appelle !
Mais Dieu seul a l’initiative de l’envoi. Le salut du monde est une œuvre divine ; chaque fois que des hommes ont cru comment, par eux seuls, sauver l’humanité, on est allé à la catastrophe.

II.- Seul Christ est Sauveur

Donc il faut se jeter à corps perdu dans la prière : c’est elle qui nous convaincra de notre petitesse, nous remplira le cœur de compassion, nous fera partager l’angoisse devant tant de vies perdues, tant de gâchis. La prière nous persuadera que nous ne sommes que des envoyés. Mais est-il plus haute gloire que d’être « un envoyé de Dieu » ?
Jésus se comprend comme celui qui peut immédiatement transmettre l’ordre de Dieu, « maître de la moisson ». Il ne nous envoie pas comme des dirigeants, des maîtres, des savants mais comme des êtres fragiles, vulnérables, exposés aux attaques. Vous expérimenterez l’opposition, l’hostilité, la haine. Même vos proches seront irrités, exaspérés. Des loups, des hommes voraces, cherchant à accumuler sans frein, à jouir sans mesure, feront tout pour vous détruire. Surtout ne les imitez pas, ne soyez jamais une Eglise puissante, ne recourez pas à la force, n’ayez d’autre armure que la foi.
« N’emportez ni argent, ni sac, ni sandales et ne vous attardez pas en salutations sur la route. » Ne pas s’encombrer, ne pas se surcharger de provisions, au contraire se dépouiller, adopter une vie frugale ou au moins une vie qui sait ce qui lui est vraiment essentiel.
Pas de temps à perdre, pas de papotages, de discussions oiseuses : des gens meurent parce que personne ne leur a proposé le salut ! Depuis le Christ, le monde est aux "urgences".

III.- Une œuvre missionnaire

« Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qu’on vous offrira. Là guérissez les malades et dites aux habitants : " Le Règne de Dieu est tout proche de vous". »
La mission chrétienne n’est pas fuite dans la solitude, fondation d’un monde parallèle : elle s’enfonce au cœur des cités, elle rejoint les hommes au sein de leurs demeures. Les disciples, parce qu’ils sont démunis, pauvres, dépendent de l’accueil qu’on leur offre. Ils apportent le trésor du salut, mais ils ont besoin eux-mêmes d’être reçus. Il y a échange.
Que font ces missionnaires ? Deux choses :
1) Guérir les malades. Car le message évangélique n’est pas piété évanescente, envol dans les belles idées théologiques : il concerne l’homme entier, corps et âme. Dans son histoire, l’Eglise, dans le même élan d’amour, a toujours bâti églises et dispensaires, chapelles et hôpitaux. Toute paroisse doit s’interroger : avons-nous une équipe de "visiteurs de malades" ? Sommes-nous préoccupés par la santé de nos frères ?
2) Mais l’œuvre principale est la prédication : « Le Règne de Dieu est au milieu de vous ».
Car la mission n’est pas amélioration humaine des conditions de vie, progrès de la science et de la médecine. Si trop de chrétiens se calfeutrent dans une Eglise désincarnée (sauver les âmes permet de ne pas toucher à son propre niveau de vie), trop d’autres la réduisent à une œuvre sociale. Or l’Eglise n’est ni une entreprise du salut des âmes par des rites, des cantiques et de la piété, ni une organisation humanitaire et philanthropique.

Il faut dire le message, car l’homme, seul, ne peut le découvrir. Il faut que certains - pour l’expérimenter eux-mêmes dans leur vie - partagent la découverte qu’ils ont faite : Dieu s’approche, Dieu bienveillant, miséricordieux, doux et humble de cœur, vient en Jésus et ses disciples, il pénètre dans nos maisons. La solitude, la famine, le racisme, la haine ne sont pas des fatalités et on ne peut se limiter à rêver au bonheur dans l’au-delà.
C’est ici et maintenant qu’un nouveau type d’existence est possible, créé par Dieu. La Bonne Nouvelle retentit : basculons nos idoles et laissons Dieu régner.

AMEN.

Michel Steinmetz †

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