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mercredi 14 juillet 2010

Homélie de la solennité de la Sainte Trinité (C) - 30 mai 2010

La fête de ce jour demeure sans doute pour la plupart d’entre nous une fête quelque peu obscure, difficilement compréhensible. La Trinité est, pourtant, centrale dans la foi des chrétiens. Le pape Léon XIII rappelait même, en 1897, qu’elle est à juste titre appelée par les docteurs de l’Eglise « la substance du Nouveau Testament » parce source et fondement de tous les mystères de la foi. En parlant ainsi de « mystères », on ne désigne pas des réalités qui échappent à toute compréhension, sortes d’événements para-normaux, mais bel et bien des réalités qui nous disent quelque chose de Dieu, et, ce faisant, dépasse les limites de notre intelligence et de notre savoir.
Ainsi, frères et sœurs, la sainte Trinité n’est pas un concept qu’il nous serait impossible de comprendre ; elle est la carte d’identité de Dieu en même temps que l’expression de son projet pour les hommes.
Il nous faut, en vérité, non nous situer face à elle, comme si elle n’était qu’un concept, qu’une idée qu’il nous faudrait décrypter, analyser, justifier. Il nous faut bien plus l’appréhender de l’intérieur, car Dieu nous invite à une expérience, à entrer dans son intimité.

I.- Nous situer face à la Trinité : la réduire au rang de concept, d’idée vague et injustifiable.

Si nous nous bornons à parler de la Trinité du Père, et du Fils, et de l’Esprit, comme d’un problème mathématique qu’il nous faudrait démonter, nous sommes réduits à l’échec. Que voulez-vous 1+1+1=3 et il n’est personne de sensé et d’instruit sur cette terre pour dire le contraire ! Si, par contre, vous soutenez qu’au nom de votre foi 1+1+1=1, alors ne vous étonnez pas que l’on vous prendra pour un idiot et que l’on traitera votre foi avec mépris. On ne peut limiter la Trinité à un problème arithmétique !
Bien sûr, notre esprit a du mal à saisir qu’un seul être – on fait déjà ici un pas de plus, en parlant d’une personne- puisse exister pleinement et totalement en trois personnes de même nature.
Pourtant notre foi fonde son originalité dans ce Dieu un et trine. Elle ne peut se dire et se vivre en dehors de cette réalité. Car si notre foi s’attache au Père seul, en estompant le Fils et l’Esprit, nous tombons dans un vague déisme. Si nous prétendons nous adresser au Fils seul, en estompant cette fois le Père et l’Esprit, nous sommes menacés par un humanitarisme assez plat, une sorte d’athéisme fraternel à réminiscence chrétienne. Si nous n’avons d’attention que pour l’Esprit, nous risquons fort de donner dans un illuminisme inconsistant. Le Père, le Fils, l’Esprit, telle est l’identité du Dieu unique.

II.- Aller au cœur de la Trinité pour mieux la saisir : une expérience de foi.

Nous sommes amenés à parler du Dieu-Trinité non plus comme d’un concept, mais comme d’une personne. Nous pouvons alors faire l’expérience authentique de la rencontre. Il s’agit de rejoindre le projet même de Dieu.
Sans doute connaissez-vous cette icône de Roublev représentant la visite des trois mystérieux personnages à Moïse auprès du chêne de Mambré. Roublev les a représentés de manière identique et, tous trois, avec les traits des anges. Ces personnages sont disposés de sorte qu’il y ait un espace ouvert ; cet espace, précisément, semble être fait pour celui qui contemple l’icône. Ainsi en est-il de la Trinité. Nous ne pouvons en saisir son être-même qu’en y prenant part !
C’est bien le rôle de l’Esprit que de nous faire participer à la vie de Dieu. Par notre baptême, nous sommes marqués de ce caractère qui enracine dans cette relation. L’Esprit est relation. Les Personnes divines sont unies entre elles par l’Amour. Au point que l’on ne peut parler de l’une sans évoquer les deux autres, nous le disions déjà.
« L’Esprit me glorifiera, dit Jésus, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce qui appartient au Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »
Dieu est Créateur et Père : Il se révèle à nous comme tel en son Fils éternel qui, par sa vie, sa mort, sa résurrection, et par le don de l’Esprit qui l’unit lui-même au Père, nous rend capable d’entrer et de prendre à la vie divine. Saint Paul le dit bien quand il s’adresse aux chrétiens de Rome : « nous sommes en Paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a donné, par la foi, l’accès au monde de la grâce dans lequel nous sommes établis ».

Aujourd’hui, la fête de la Trinité nous demande, frères et sœurs, de revenir au cœur de notre foi et de nous laisser happer par l’amour qui habite et le Père et le Fils et l’Esprit. Car il est bien juste et bien légitime notre orgueil : « espérer avoir part à la gloire de Dieu ».

AMEN.

Michel Steinmetz †

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