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mercredi 14 juillet 2010

Homélie du 12ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 20 juin 2010

Lorsque Jésus demande : « Pour vous qui suis-je ? », il ne s’agit pas pour lui de faire un sondage d’opinion, ce n’est pas qu’il soit soucieux de la rumeur publique, de son impact publicitaire ou de son image médiatique. Nous connaissons trop le splendide dédain que Jésus a toujours affiché vis-à-vis de l’opinion et du qu’en-dira-t-on.
Il ne s’agit donc pas d’une question subjective d’opinion personnelle, comme celle pour laquelle certaines sociétés spécialisées nous sollicitent par téléphone, ou celle d’enquêtes d’opinion, de sondage, de cote de popularité. Il s’agit d’une question objective de proclamation. Car la question n’est pas : « D’après vous, qui suis-je ? Quel est votre avis ? ». La question est : « Que dites-vous que je suis ? Que proclamez-vous de moi ? »
Toi, baptisé, confirmé, ton engagement dans la vie, ton existence dans le monde, parlent-ils de moi ? Vous tous, frères chrétiens, qu’est-ce qu’un observateur extérieur apprendrait de Jésus en vous regardant vivre ?
Voilà les questions que Jésus nous posent, chers amis, aujourd’hui. La réponse demande la foi ; elle ne s’éclaire, ensuite, et ne se comprend que dans la mort et la résurrection de Jésus ; elle ne se traduit, enfin, et ne se vit que dans le témoignage.

I.- Une réponse de foi.

Jésus interroge ses disciples en deux temps. Avant de leur demander ce qu’ils disent de lui par eux-mêmes, il les interroge sur ce que la foule dit de lui. Les dires de la foule sont éclectiques : pour les uns, il est Jean-Baptiste ; pour d’autres, Elie ; pour d’autres, encore, un prophète d’autrefois qui serait ressuscité.
Vient ensuite le tour des disciples. « Vous savez ce que les gens disent de moi ; maintenant donc, vous qui partagez ma mission, vous que j’ai choisis, que dites-vous de moi ? Que confessez-vous de moi ? ». Pierre, alors, répond. Lui, le prince des apôtres ; c’est à lui que revient le privilège de dire la foi au nom de tous. Il dit : il est le « Messie de Dieu ». Réponse concise mais ô combien puissante. Dans l’Evangile de Luc, d’autres ont déjà confessé la seigneurie de Jésus : les anges à l’Annonciation, Syméon au Temple, les démons alors que Jésus guérit les malades. C’est en tout cas la première fois qu’un disciple énonce cette confession de foi. Plus tard, ce seront les chefs des prêtres qui reprendront le titre messianique pour l’attribuer à Jésus en Croix : « Il en a sauvé d’autres. Qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Elu ! » (Lc 23,53).

II.- Une réponse qui ne s’éclaire et ne se comprend que dans le mystère de mort-résurrection du Christ.

Pierre répond-il, tout compte fait, en ayant conscience de la portée des termes qu’il emploie ? Car la mystérieuse et ferme consigne de Jésus et le silence qu’elle leur impose à tous, pas seulement à celui qui a pris la parole, tend à nous faire dire que le temps de l’annonce et de la confession de foi n’est pas encore pleinement venu. Même si Pierre reconnaît en Jésus le Messie de Dieu, il ne saisit pas encore ce que tout cela implique.
Luc, en effet, lie de manière très étroite cette consigne de silence de la part de Jésus à l’annonce de la Passion. Les Apôtres ne sont pas encore en mesure de comprendre. Il leur faut d’abord faire l’expérience de la mort de leur Maître et celle du tombeau vide au matin du troisième jour pour proclamer qu’en vérité Celui qu’ils ont suivi sur les chemins de Palestine est plus fort que la mort et que ce qu’annonçait les Ecritures est pleinement accompli en Lui.

III.- Une réponse qui se traduit et se vit dans le témoignage.

Si la question de Jésus s’adresse aux disciples, elle ne s’adresse pas moins à nous aujourd’hui. Ainsi, ce matin, en écoutant ce texte, le Christ nous demande de nous prononcer. Pas en énonçant une opinion, pas en rabâchant une vieille leçon de catéchisme apprise il y a fort longtemps et qui nous reviendrait subitement, pas en reprenant à notre compte une option d’un syncrétisme religieux si « branché » qu’il puisse être de nos jours… Non, Jésus nous invite à nous situer par rapport à lui en vérité, à dire notre foi en lui, un peu comme on fait une déclaration d’amour…
La parole que nous disons de lui doit être illuminée de ce que nous croyons que Dieu fait en lui, en le ressuscitant des morts pour la vie éternelle et pour notre propre salut.
Pour toi, dit Jésus, qui suis-je ? Qui suis-je concrètement dans ta vie de chaque jour ? Qui suis-je pour que tu acceptes de me suivre ? La manière dont nous répondons et la manière dont nous vivons notre réponse sont les fondements même de notre témoignage. On ne saurait uniquement témoigner en paroles ; beaucoup manient le verbe avec aisance et leur propos demeurent désespérément vides de sens et de vérité. Il faut aussi témoigner par des actes : alors la parole se vérifie, alors elle prend corps et devient vraiment efficace.

Suivre le Christ est un chemin de chaque jour, et Luc insiste par rapport aux autres évangélistes sur cette expression : « chaque jour ». Pour celui qui a déjà emprunté ce chemin, pour celui qui a déjà porté sa croix, ne saurait-ce qu’un tout petit peu, il sait celui-là que cette route coûte, mais il sait aussi, s’il a eu le courage de persévérer un temps soit peu, qu’elle est une voie de bonheur et de liberté. Il faut renoncer à soi-même pour vivre de l’Amour de Dieu ; paradoxalement, on n’a pas le sentiment de perdre quoi que ce soit, on fait, au contraire, l’expérience de tout gagner.

Michel Steinmetz †

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