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mercredi 14 juillet 2010

Homélie de la solennité du Corps et du Sang du Christ (C) - 6 juin 2010

Cinq pains et deux poissons, divisés par cinq mille, restent douze corbeilles. L’équation est certes posée, mais l’arithmétique ne nous sera d’aucun secours. Nous connaissons l’économie de l’Evangile, cette loi de surabondance : trente, soixante, mille pour un, soixante-dix-sept fois sept, le vin qui coule à flot, le centuple promis, l’éternité généreuse pour un seul instant de repentir…
C’est bien cette loi de surabondance, surabondance de l’amour, que Jésus nous rappelle. Il la vit, car Dieu est ainsi. Et tous les disciples du Christ de par les âges et de par le monde sont appelés à faire de même.
Souvent, comme pour les Apôtres, la tentation du repli sur soi est grande. A cela, Jésus redit avec force la nécessaire ouverture de son Eglise à tous, ouverture qui passe par un nécessaire engagement personnel.

I.- La tentation du repli communautaire.

Que nous nous sentons bien entre nous… ! parce que nous partageons les mêmes idées, parce que, enfin, nous sommes arrivés à nous apprivoiser, ou parce que nous avons peur des autres.
Cette tentation est déjà celle des Apôtres. Sans doute ont-ils envie de dire au Maître : « Renvoie tout ce monde-là et restons entre nous. Nous sommes si bien ! ». Ils trouvent des arguments, qui sont autant de prétextes : il va bientôt faire nuit, nous sommes dans le désert, nous n’avons pas de quoi les nourrir. C’est une tentation courante dans l’Eglise de chasser les foules pour se créer une Eglise sympathique. Après tout, ces gens qui n’ont même pas la foi et qui viennent demander le mariage à l’église ou le baptême de leur enfant, cette foule toujours quémandeuse de sacré, ne pourrait-on la renvoyer et rester entre chrétiens, entre bons chrétiens convaincus? Non, car cette église-là ne serait pas celle du Bon Pasteur qui a pitié des foules. Et l’on voit bien où cela mène : à des communautés qui peu à peu s’étiolent, s’affadissent, se coupent de leur lien avec la grande Eglise ; à des groupes qui, si heureux d’être ensemble, vieillissent ensemble et finissent par mourir ensemble…

II.- La réponse de Jésus.

A cette tentation, Jésus répond en rappelant deux grandes nécessités. La première est celle d’une indispensable ouverture, on l’aura déjà compris. La deuxième, celle d’un engagement personnel.

1. « Faites-les asseoir », ou la nécessaire ouverture.
Alors que les Apôtres veulent renvoyer la foule, Jésus leur ordonne de les faire asseoir, c’est-à-dire non de les faire patienter mais de les installer. Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’aujourd’hui, nous pouvons transiger sur tout, tout accepter à n’importe quel prix, voire brader l’Evangile et les sacrements. Bien au contraire, c’est toujours plus faire place en nous à l’Esprit du Christ lui-même.
Notre attitude sera alors naturellement juste parce qu’elle trouve sa justification dans l’attitude de Jésus. Accueillir ne veut pas dire tout bénir, mais accueillir impose de proposer un vrai cheminement en donnant la possibilité, dans le respect des consciences et de la liberté, d’entreprendre un itinéraire de foi et de conversion. La part de chemin, que des personnes parfois en marge de la société ou qui ne rentrent pas dans schémas de pensée, seront à même de parcourir vers le Christ, dans la vérité de l’Evangile est de leur ressort ; leur en donner la possibilité est un devoir pour nous.

2. « Donnez-leur vous-mêmes à manger », ou l’engagement personnel.
Il ne s’agit pas, en effet, de nous réfugier derrière une institution, ni de nous dérober derrière un argument à la mode, du genre : « d’autres le feront pour nous ». Les disciples du Christ montent au front et ils y montent en première ligne, sans danger ! Les Apôtres font asseoir la foule, ils vont même la nourrir. Mais Celui qui procède à la multiplication de pains et des poissons, c’est bel et bien Jésus, le maître de toute grâce.
S’il nous est donné de faire de même, à la suite des Apôtres, nous en sommes uniquement capables parce que c’est toujours Lui, Jésus, qui continue d’inonder son Eglise de sa grâce. Nous pouvons nourrir les foules parce que nous avons reçu pour nourriture le Christ lui-même. Le Pain et le Sang de l’Eucharistie, ce sont son Corps livré et son Sang versé. Lorsque nous communierons dans un instant, nous serons conviés à un acte de foi toujours renouvelé.

Ainsi, en approchant de l’autel, nous aurons à cœur de répondre distinctement « Amen », car ce mot dit plus que notre silence – fût-il hautement respectueux, il dit plus qu’un rapide « Merci » : il exprime notre foi. « Nous devenons ce que nous recevons : le Corps du Christ », disait Augustin. Nous recevons pour nourriture celui qui nous fait devenir nourriture pour nos frères. Et à Bossuet d’ajouter encore : « tout est fait, tout est dit, tout est expliqué par ces trois mots "Le Corps du Christ. Amen". Je me tais, je crois, j’adore. Tout est fait, tout est dit. »

AMEN.

Michel Steinmetz †

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