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mercredi 14 juillet 2010

Homélie du 13ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 27 juin 2010

Il y a, frères et sœurs, une radicalité dans la vocation à suivre Jésus (c’est le propre de tout chrétien authentique) qui nous heurte, qui nous choque même. On aurait facilement tendance à invoquer une tournure d’esprit, voire de langage, pour adoucir ou édulcorer les propos de l’Evangile.
Pourtant, nous avons tout intérêt à prendre l’Evangile pour ce qu’il est, et à profiter et de sa fraîcheur et de sa verdeur. Que de fois, cependant, dans notre volonté de marcher à la suite du Christ, n’avons-nous pas la même tentation que les Apôtres Jacques et Jean, les « fils du tonnerre », d’appeler le feu du ciel sur cette terre ? Que de fois ne sommes-nous pas ainsi extrémistes en nous lamentant sur ces générations qui ne viennent plus participer à la messe du dimanche ? Sur ces jeunes qui, sitôt passé le cap de leur première communion ou de leur profession de foi, disparaissent dans la nature ? Sur ces foules qui revendiquent comme une norme d’existence le fait de se tenir éloignées de Dieu ?
Mais voici que Jésus n’entre pas dans ces sentiments. Il se montre plein de clémence pour les Samaritains inhospitaliers et semblent même repousser ceux qui le suivent. Il épargne la foudre aux Samaritains qui le rejettent mais il assène à ses disciples les mieux disposés des paroles foudroyantes.
Si, cependant, les disciples semblent faire les frais des remontrances de Jésus, ils n’en demeurent pas moins indispensables à sa mission. C’est justement parce qu’ils en sont les acteurs de premier plan que Jésus les exhorte à ce qui en constitue les conditions.

I.- Le rôle indispensable du disciple.

Saint Luc nous dit que Jésus marche « résolument », « avec courage », suivant les traductions, vers Jérusalem. Il « durcit sa face » en entamant sa montée à Jérusalem qu’il sait déterminante et maintenant irréversible. Jésus chemine librement et volontairement. Luc ouvre avec ces versets, et avec un style très solennel, cette longue section de la montée vers la Ville Sainte. Cette partie de l’Evangile est dominée par la perspective de la Pâque qui va s’accomplir à Jérusalem et par, précisément, le souci de Jésus de préparer ses disciples à leur mission après son départ.
C’est bel et bien dans ce contexte qu’il nous faut entrevoir l’envoi des messagers devant lui. Jésus, de manière de plus en plus prégnante, entrevoit la nécessité de les associer étroitement à son oeuvre : il sait que, dans peu de temps, il leur faudra être ses témoins. Alors, comme si cela devait être une étape obligée de leur apprentissage, ils arrivent dans un village de Samaritains qui leur sont hostiles – les Samaritains, en effet, sont habituellement haïs par les Juifs en raison de leurs origines bâtardes et de leurs divergences religieuses. Jésus, lorsqu’il réagit très vivement aux propos de Jacques et de Jean, rompt nettement avec ces querelles. L’attitude du disciple doit être celle de la mansuétude.
Quoi qu’il en soit, Jésus met en place ceux qu’il a préalablement choisis et appelés pour être pleinement participants de sa mission. Et il en va ainsi depuis ce temps-là : l’Eglise continue cette oeuvre, et elle appelle, en son sein, tous ses enfants à témoigner de l’Evangile, et plus particulièrement encore, des ministres qualifiés pour donner la vie de Dieu.

II.- Les conditions de la mission.

Si cette mission est indispensable, elle ne saurait s’exercer de n’importe quelle manière. Jésus en rappelle ici les conditions et la radicalité. Car, suivre le Christ n’est pas une affaire comme une autre qui puisse se concilier avec des exigences parallèles ou contraires. Tout ce qui s’oppose à cette mission est appelé à être par nous abandonné et rejeté.
1. « Je te suivrai partout où tu iras. - Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’Homme n’a pas d’endroit où reposé la tête. » Qui prend ce chemin doit savoir au commencement qu’il sera le disciple d’un pauvre qui n’a pas où reposer la tête. Qui suit le Christ doit savoir que, d’une certaine manière, il sera toujours en route, qu’il ne pourra jamais se poser dans ses certitudes ou son bien-être. Luc, en effet, contrairement aux autres évangélistes, ne montre jamais Jésus dans une maison qui lui soit propre à lui ou à son groupe.
2. « Permets-moi d’abord d’aller enterrer mon père. - Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le Règne de Dieu. »
Chez Luc, encore, ce n’est le disciple qui se présente à Jésus, c’est Jésus lui-même qui prend l’initiative de l’appeler. Qui marche à la suite du Christ doit savoir qu’il est le disciple d’un homme qui a su rompre avec des liens pourtant sans danger.
3. « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. - Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le Royaume de Dieu ».
Ces paroles évoquent l’appel d’Elisée par Elie ; Jésus se montre plus exigeant encore que le prophète qui laissait son disciple prendre congé des siens. Qui marche à la suite du Christ doit savoir qu’il est le disciple d’un homme qui, une fois engagé dans sa mission, n’a pas à regarder en arrière.

On s’habitue trop facilement à voir les chrétiens en prendre et en laisser dans le message évangélique ; or, celui-ci dérange et doit déranger. Il nous faut, frères et sœurs, renouveler notre engagement baptismal en recevant pour aujourd’hui les rudes paroles de Jésus et accepter d’être courageusement des disciples qui marchent sur ses pas, sûrs de trouver, par-delà le chemin pierreux, le bonheur de la vrai vie.

AMEN.

Michel Steinmetz +

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