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samedi 3 janvier 2009

Homélie de la solennité de l'Epiphanie du Seigneur - 4 janvier 2009

Dieu se laisse trouver par ceux qui le cherchent !
Il était parfaitement improbable que les mages venus d’Orient rencontrent bel et bien Jésus. Le nourrisson de Bethléem a beau être, le « roi des Juifs », il n’est pas né dans un palais à Jérusalem, et qui aurait l’idée de le chercher dans une bourgade de Judée, au cœur d’un modeste foyer ? On sait à quel point l'attente du Messie était vive au temps de Jésus. Tout le monde en parlait, tout le monde priait Dieu de hâter sa venue. La majorité des juifs pensait que ce serait un roi : ce serait un descendant de David, il régnerait sur le trône de Jérusalem, il chasserait les Romains, et il établirait définitivement la paix, la justice et la fraternité en Israël ; et les plus optimistes allaient même jusqu'à dire que tout ce bonheur s'installerait dans le monde entier.
Les mages n'en savent pas tant : ce sont des astrologues et ils ne partagent sûrement pas la foi et l'espérance d'Israël. En arrivant à Jérusalem, ils vont se renseigner auprès des autorités. Et c'est là, peut-être, la première surprise de ce récit de Matthieu : il y a d'un côté, les mages qui n'ont pas d'idées préconçues ; ils sont à la recherche du Messie et ils finiront par le trouver. De l'autre, il y a ceux qui savent, qui peuvent citer les Ecritures sans faute, mais qui ne bougeront pas le petit doigt ; ils ne feront même pas le déplacement de Jérusalem à Bethléem. Evidemment, ils ne rencontreront pas l'enfant de la crèche.
Les mages nous invitent aujourd’hui à partager leur itinéraire pour aller de l’ouverture du cœur à l’adoration en passant par la méditation des Ecritures.

I.- L’ouverture du cœur

Les Mages sont des païens. Ils sont étrangers au peuple de l’Alliance. Ils n’en partagent ni la culture ni la foi. Que savent-ils des promesses de Dieu à son peuple, si ce n’est peut-être de manière livresque ou parce qu’ils en ont entendu parler ? Leur situation n’est pas celle des fils et des filles d’Israël qui, pour chacun, depuis sa tendre enfance, est baigné dans ce climat de pratique religieuse, d’attente fervente du Messie libérateur. D’autant plus en une période marquée par l’occupation romaine et l’asservissement du peuple à une puissance étrangère. On pourrait penser qu’ils demeureraient étrangers aussi aux signes à eux envoyés par Dieu. Mais c’est sans compter sur la pédagogie divine. Car quand Dieu suscite chez des humains le désir de le trouver, il leur en donne aussi les moyens. Pour s’adresser aux mages, il leur envoie un signe intelligible par rapport à leur propre culture et à leur activité. Puisque ces savants scrutent la voûte céleste, c’est une étoile qui sera messagère du Très-Haut. Un simple point lumineux au firmament, et non une manifestation cosmique effrayante ou exceptionnelle qui s’imposerait d’elle-même, il n’en faut pas plus pour les yeux attentifs et le cœur ouvert des mages.
Il en est de même pour nous : d’une part, Dieu s’intéresse à nous, il nous parle, il tient à se révéler à nous – c’est précisément le sens même du mot « épiphanie » – et il nous donne les moyens de le trouver ; d’autre part, nous sommes en mesure de le rencontrer si nous restons en attitude d’attente comme les mages. Alors Dieu saura répondre à cette attente et chacun, avec ce qu’il est, sera en mesure d’affirmer : à moi aussi, il a été donné de contempler le Seigneur.

II.- La méditation de l’Ecriture


Poursuivons le cheminement des mages. Parvenus à Jérusalem, ils ont besoin, sans le savoir, de la méditation de l’Ecriture, la mémoire des promesses de Dieu. Qu’à cela ne tienne, donc ! C’est Hérode qui, bien malgré lui, va chercher pour eux la réponse et faire résonner l’annonce prophétique. Même ceux qui s’opposent à Dieu deviennent parfois les instruments de sa volonté ! J’aime cet humour de notre Dieu : Hérode croit tout gérer, tout diriger, tout dominer ; en définitive, c’est Dieu qui garde la main. Poussé par sa curiosité et par la crainte de perdre son pouvoir, « pris d’inquiétude », Hérode « réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d’Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie ». On lui répond par les paroles du prophète Michée que c’est de Bethléem en Judée que sortira « le berger d’Israël ». Il est évident pour qui connaît les Ecritures – il n’y a qu’à se référer seulement au passage d’Isaïe que nous entendions en première lecture et au psaume 71 – que la venue du Messie instaurera une ère nouvelle et que toutes les puissances seront soumise à celle de Dieu. On comprend l’effroi d’Hérode. Sa perversité, peut-être par instinct de survie dans sa fonction, lui fait envoyer les mages auprès de l’enfant comme ses informateurs.

III.- L’adoration

Le périple des mages s’achève devant l’enfant et sa mère. C’est « une très grande joie » qui est le signe du salut, en écho à la parole d’Isaïe : « Ton cœur frémira et se dilatera ». A l’ouverture du cœur, à la méditation de la parole de Dieu, succède l’adoration et la contemplation. « Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois à la clarté de ton aurore », disait Isaïe. Le chemin des mages prend fin à la crèche, mais en fait c’est un nouvel itinéraire qui désormais s’ouvre à eux. C’est celui du « mystère du Christ » qu’ils ont pu contempler, mystère de notre salut dévoilé dans le Christ pour que tous les peuples en soient illuminés (cf. préface). Alors que dans l’Ancienne Alliance, Moïse devait se voiler la face devant le Seigneur, au risque de mourir en le voyant face à face, aujourd’hui des mages païens le visitent, se réjouissent avec Marie et Joseph et reconnaissant en cet Enfant le roi des rois, le Fils de Dieu, Christ crucifié à jamais vivant. Roi des rois par l’offrande de l’or ; Fils de Dieu par l’offrande de l’encens ; Christ crucifié à jamais vivant par l’offrande de la myrrhe.

Les mages n’ont pas fait seulement un beau voyage de leurs exotiques contrées lointaines à la rustique Bethléem en passant par la prestigieuse Jérusalem. Bien au contraire, leur itinéraire s’est enraciné dans leur ouverture d’esprit et de cœur pour les conduire jusqu’à la rencontre du Fils de Dieu dans l’adoration, en passant par la découverte et la méditation des Ecritures.
Bel enseignement pour nous qui, j’en suis sûr, sommes prêts au même voyage vers le mystère du Christ !

AMEN.

Michel Steinmetz †

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