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samedi 24 janvier 2009

Homélie de la fête de la conversion de l'Apôtre Paul - 25 janvier 2009

De manière exceptionnelle, on célèbre aujourd’hui la fête de la conversion de saint Paul, et non la liturgie du 3ème dimanche du temps ordinaire. Cette année est en effet tout entière consacrée à l’apôtre des nations à l’occasion du bi-millénaire de sa naissance. En même temps, ce dimanche clôture la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Bref un dimanche ordinaire qui sort de l’ordinaire !
Qu'était Paul avant sa conversion ? Un pharisien au caractère bien trempé et instruit dans la fidélité à la loi de Moïse. Sa pratique radicale de la foi juive le conduit à persécuter ce que le judaïsme d’alors considérait comme une secte dangereuse puisqu’elle reconnaît en l’homme Jésus le propre Fils de Dieu – c’est bien ce que les chrétiens proclament et ce qui lui apparaît tout à la fois inimaginable et blasphématoire.
Et puis, il y a l'évènement du chemin de Damas qui va le marquer au fer rouge. Il est terrassé, ébloui à jamais par la rencontre mystique avec ce Jésus dont il est seul à entendre la voix sans visage : « Saul, Saul, pourquoi me persécuter ?... Je suis Jésus... » Ce Jésus qui était mort, voilà qu’il prend l'initiative de lui parler comme un vivant. Quand Paul lui demande ce qu’il doit faire, la voix ne lui donne pas d'autre consigne que d'aller trouver la communauté qui est à Damas, celle justement qu’il s’apprêtait à arrêter, juger et exécuter... « Relève-toi et entre dans la ville : on te dira ce que tu dois faire ». Le Ressuscité ne lui parlera plus dès lors en direct. Désormais c’est par sa communauté qu’il recevra son message.

I.- L’actualité de l’expérience de Paul.

Retenons d'abord l'actualité de l'expérience de Paul. On n'est pas chrétien par l'attachement à certaines valeurs ou à une sagesse de vie. On ne demeure pas chrétien par la force de l’habitude et la seule mise en pratique de commandements. On devient chrétien par la rencontre personnelle de Jésus ressuscité. Tout le travail des parents ou des catéchistes est de la préparer. Elle appartient entièrement à l'initiative divine et à la liberté de celui qui l'accueille. Paul doit faire tout un chemin intérieur pour grandir dans la foi au Christ ressuscité. Il en va de même pour chacun de nous. Il nous faut peu à peu laisser le Christ demeurer en nous et nous transformer de l’intérieur, pour que tout notre être et toute notre action soient habités par le Seigneur et que notre foi libère et oriente notre vie quotidienne. Cette conversion peut se vivre dans la radicalité de la rencontre, comme cela a été le cas pour l’Apôtre sur le chemin de Damas, mais elle exige aussi une volonté à remettre sans cesse sur le métier à tisser de notre quotidien.
Comme « il ne voyait rien, on le prit par la main et on le conduisit à Damas » (Actes 9, 8). Trois jours durant Paul reste aveugle, ne mangeant ni ne buvant rien. Sans doute est-il plongé dans la prière. Avant même son baptême, il va vivre trois jours dans l’obscurité, chiffre ô combien symbolique, avant de retourner à la lumière, une lumière nouvelle, celle de la foi au Ressuscité : ainsi est-il d’une certaine manière plongé avec le Christ dans la mort pour renaître avec lui à la vie.
Au même moment Ananie a lui aussi une vision. L'ordre divin est sans appel : « Lève-toi, va dans la rue Droite, et cherche chez Jude : tu demanderas un homme appelé Saul, de Tarse. Il est en prière… ». A ces mots, il est terrifié tant la réputation de Saul est inquiétante : « Seigneur, j'ai beaucoup entendu parler de cet homme, et de tout le mal qu’il a fait à tes fidèles de Jérusalem. » Mais le Seigneur le rassure : «Va ! Cet homme est l’instrument que j'ai choisi pour faire parvenir mon nom auprès des nations païennes, auprès des rois, et des fils d’Israël » (Actes 9, 10). Surmontant sa crainte, il ose saluer Paul avec ces mots extraordinaires : « Saul, mon frère... » Aussitôt il retrouve la vue. Ananie lui confirme sa vocation et, l'entraînant aussitôt vers le Barada, la rivière qui traverse Damas, il le baptise.

II.- La médiation de l’Eglise.

Gardons-en une seconde leçon. On ne peut rien vivre du Christ sans accepter de passer par les frères. Ou pour le dire en termes plus théologiques, on ne peut rien sans passer par l'Eglise. Car on n’est pas chrétien tout seul. Un chrétien qui voudrait vivre sa foi tout seul se fera sa petite religion à lui, il se constituera un dieu à sa mesure et il n’acceptera plus de recevoir de l’Eglise à la fois l’enseignement des mystères et la grâce qui nous vient par les sacrements. Paul lui-même dans sa conversion est conduit par le Christ à la rencontre de la communauté : c’est désormais par son Eglise et en référence à elle que Paul vivra sa condition d’Apôtre.
La foi se célèbre ; pour nous, la rencontre avec Jésus se réalise tout particulièrement dans l’Eucharistie dominicale. Nous y rencontrons Jésus au moins de trois manières : dans la communauté chrétienne rassemblée, qui est le Corps du Christ ; dans la Parole de Dieu, car c’est Dieu qui nous parle ; dans le pain et le vin consacrés où le Christ est réellement présent.
La conversion de Paul prend sa source dans la découverte qu'il fait de l'amour inouï, gratuit, miséricordieux que Dieu lui porte. Le visage d'amour que Jésus lui révèle est une illumination qui efface l'image qu'il s'était faite jusque là d'un Dieu tout-puissant et exigeant à qui on doit avant tout obéissance et soumission. Apprendre à ne compter que sur l'amour miséricordieux que Dieu nous porte à n'être motivé que par l'amour dans tout ce que nous faisons, n'est-ce pas le but vers lequel tend notre propre conversion?

La conversion de Paul est une manifestation des merveilles que peut accomplir la grâce du Seigneur dans une âme qui ne répond pas à demi à l’appel qu’elle a entendu. « Je sais à qui j’ai fait confiance », dit Paul. Puissions-nous en cette fête de sa conversion, prendre ces paroles à notre compte pour vivre notre propre et constante conversion « au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré pour moi » !

AMEN.

Michel Steinmetz †

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