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samedi 16 mai 2020

Homélie du 6ème dimanche de Pâques (A) - 17 mai 2020

L’autre jour, j’interrogeais un étudiant afin de valider le semestre universitaire qui s’achève. Au cours de l’entretien, il m’a glissé le sacrement de la confirmation faisait devenir « pleinement » chrétien par le don de l’Esprit, alors que le baptême – premier des sacrements pourtant – ne nous faisait que chrétiens « à moitié ». Je n’ai pas manqué de lui demander ce qu’il entendait par là. De fait, jusqu’à la fin du IVe siècle, l’initiation chrétienne se célébrait en une seule fois au terme d’un souvent long cheminement de catéchuménat, c’est-à-dire de préparation et de formation à la vie chrétienne. Le baptême comportait comme rites essentiels et communs à toutes les Eglises le rite d’eau puis l’imposition des mains. Ces rites étaient accompagnés de plusieurs onctions et trouvaient leur achèvement dans la célébration de l’eucharistie.
 
Cette manière de faire de l’Eglise ancienne, et que nous avons retrouvé dans l’initiation chrétienne des adultes (je fais appel ici aux souvenirs de celles et ceux qui ont déjà pris part à une telle célébration), dit quelque chose de fondamental non seulement sur la vie chrétienne mais aussi sur le mystère de foi qui est le nôtre. En étant baptisés dans l’eau et l’Esprit, au nom de Seigneur Jésus, nous acceptons qu’entre en nous ce que nous sommes en train de célébrer ces dernières semaines. Car il ne peut y avoir de Pentecôte sans Pâques, ni d’ailleurs de Pâques sans Pentecôte. Voilà pourquoi le temps pascal forme une admirable unité, un seul et même jour de fête comme se plaisait à le définir saint Augustin.
 
Entendez bien : si le Christ ressuscite, c’est bien pour nous faire entrer, nous, pauvres pécheurs mortels, dans la gloire du Père, cette gloire qu’il rejoint en montant au ciel au quarantième jour après sa résurrection. Et c’est l’Esprit, qu’il remet filialement sur la croix, qui le relève d’entre les morts. Car sur la croix, la dynamique énergie divine ne meurt pas : bien au contraire, elle se manifeste avec éclat.  Le projet de Dieu est de nous entraîner dans cet élan en faisant sauter le verrou que nous pensions ultime : la mort. En rejoignant la droite du Père, le Christ ne nous laisse pourtant pas orphelins. L’Esprit, celui du Père et du Fils, nous est donné comme « défenseur » et mémoire. C’est lui qui nous fait nous souvenir de ce que Jésus nous a dit. La mémoire croyante qui est la nôtre n’a rien à voir avec des archives de la foi particulièrement bien conservées et soigneusement transmises. Il s’agit d’une mémoire du cœur qui éclaire l’intelligence, d’une mémoire à l’exemple de celle qui a illuminé les disciples à l’auberge d’Emmaüs au soir de Pâques.
 
Ce projet de Dieu qui se rend visible de Pâques à Pentecôte, et qui se prolonge dans la vie de l’Eglise, par le don de l’Esprit, est notre projet. Il prend chair en nous. Comment ? A notre baptême nous ne gagnons pas seulement un « état », celui de mourir et ressusciter avec le Christ, celui de devenir enfant de Dieu, comme nous recevrions des papiers attestant de notre nationalité avec les droits et les devoirs qui y sont inhérents. Nous recevons aussi le don de l’Esprit, dans la signation avec le Chrême. Car le disciple de Jésus est, et doit être, un être vivant rempli d’une énergie qui n’est autre que celle de Dieu. Cette énergie nous propulse avec entrain dans la vie, comme elle nous agrège au corps du Christ. En ces temps où beaucoup parlent de vaccin, et l’espèrent, le sacrement de confirmation est pour nous tel une piqûre de rappel qui nous communique une force toute spéciale, non comme si le don reçu au baptême n’était fait qu’à moitié, mais comme un envoi en mission. C’est ce que Pierre et Jean, allant de Jérusalem en Samarie, ont accompli en imposant les mains. Il n’y a pas de baptême sans don de l’Esprit, comme il ne peut y avoir de vie chrétienne sans témoignage rendu au Christ.
 
Je vous invite aujourd’hui à une double mémoire : celle de votre baptême et celle de votre confirmation. Rappelez-vous-en la date, ou à défaut cherchez-là. Essayez de vous souvenir de l’un ou l’autre détail pour autant que cela vous soit possible. Vous entretiendrez votre mémoire croyante et vous vous rappellerez que Pâques et Pentecôte sont déjà passées dans votre vie.
 
AMEN.
                                
Michel Steinmetz †

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