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mardi 19 mai 2020

Homélie de la solennité de l'Ascension du Seigneur - 21 mai 2020

Un moine d’Orient avait un jour conté cette histoire au défunt cardinal Etchégaray. Le Christ ressuscité, après Pâques, était en train de monter au ciel, il baissa les yeux vers la terre et la vit plongée dans l’obscurité, sauf quelques petites lumières sur la ville de Jérusalem. En pleine Ascension, il croise l’Archange Gabriel qui lui demande : « Quelles sont donc ces petites lumières, Seigneur ? » Jésus répond : « Ce sont les apôtres groupés autour de ma mère. Mon plan, à peine rentré dans le ciel de mon Père, est de leur envoyer l’Esprit-Saint pour que ces petits feux deviennent un grand brasier qui enflamme d’amour la terre entière ». L’Archange, un peu perplexe, se permet de questionner : « Seigneur, que ferez-vous si ce plan ne réussit pas ? » Après un long instant de silence, le Seigneur réplique : « Je n’ai pas d’autre plan. »
 
Ainsi l’histoire du monde était suspendue non aux ambitions des hommes politiques, à la puissance des armées, à la splendeur de la culture, aux progrès des sciences, mais à ce petit groupe d’hommes et de femmes pauvres, enfermés dans le cénacle à Jérusalem. Ils n’avaient pas d’argent, pas de relations, pas de comptes en banque, pas de diplômes, pas de relations dans les hautes sphères de la société. En moins de vingt-cinq ans, ces hommes réussirent à fonder des communautés non seulement en Israël mais en Egypte, en Mésopotamie, comme en Asie Mineure, en Macédoine, en Grèce, et jusque dans la capitale de l’Empire, Rome. A la fin du Ier siècle, on avait arrêté puis mis à mort les premiers apôtres mais l’élan missionnaire, loin de ralentir, s’activait et l’Evangile avait atteint l’Afrique du Nord et la Gaule. Partout des petites communautés naissaient, foyers de lumière qui brillaient au sein des métropoles puis plus tard jusque dans les campagnes, apportant la joie de la Bonne Nouvelle, permettant à des gens de toutes classes sociales de s’aimer, de s’entraider, de dialoguer, de se pardonner.
 
Aujourd’hui certains se lamenteront qu’en notre Occident on peine à trouver des foyers lumineux de vie chrétienne. Ces derniers mois, certains que l’on pensait resplendissants ont pu été ternis par l’opprobre du scandale et de l’ignominie. L’Evangile cependant n’est pas mort, disons-le haut et fort. Il est vivant là où des hommes et des femmes acceptent de reprendre conscience qu’ils sont faits pour « monter », pour aller au ciel avec le Christ. Non pour se regarder le nombril et ne penser qu’au présent immédiat, fût-ce pour le dénigrer au profit d’un passé révolu. Toutefois, ce ciel, on n’y va pas à n’importe quelles conditions. Le Christ n’a pu se laisser « emporter » là-haut que parce qu’il avait accompli la volonté de son Père. Il avait accepté de donner sa vie, et c’est parce qu’il avait aimé jusqu’à tout perdre et à en mourir que désormais, son Père lui donnait un être transfiguré, débarrassé des contraintes terrestres et capable de le rejoindre dans l’Amour Infini. L’Evangile est vivant quand il prend chair et veut transformer la vie du monde pour la rendre plus belle, plus humaine et plus divine tout à la fois.
 
Oui, « Jésus n’a qu’un plan ». Aujourd’hui nous ne restons pas les yeux braqués vers le ciel. Nous devons au contraire regarder les uns vers les autres, nous aider à reconstruire des communautés vivantes et fières d’avoir reçu la mission unique, primordiale, indispensable : annoncer la bonne nouvelle du Salut. Mais ne nous précipitons pas : après le départ de leur Seigneur, les apôtres n’ont pas foncé pour accomplir leur mission car ils savaient très bien qu’ils en étaient incapables. Le Seigneur les avait prévenus : « Restez ici : je vais vous envoyer ce que mon Père a promis, la Force de Dieu, l’Esprit ». Et, groupés autour de Marie qui les gardait dans sa prière et sa confiance, ils prièrent, ils attendirent.
 
Ils nous regardent de là-haut : qu’avez-vous fait de notre enthousiasme originel ? Pourquoi n’osez-vous plus ? Pourquoi vous fiez-vous à d’autres appuis que l’Esprit ? De l’Ascension jusqu’à la Pentecôte, les apôtres restèrent en prière. A nous de les imiter. L’heure n’est pas à tracer de nouveaux plans. Seul le don de Dieu renouvelle l’Eglise. Nous allons le vivre ces jours à venir dans la neuvaine de Pentecôte, par les « cénacles » que nous formerons.
 
AMEN.
                                
Michel Steinmetz †

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