A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

samedi 23 mai 2020

Homélie du 7ème dimanche de Pâques (A) - 24 mai 2020

« Je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde » (Jn 17, 11). C’est comme par un constat que s’achève la prière de Jésus dans l’Evangile. Lui va partir, et nous, nous resterons. Nous le célébrions jeudi : le Christ est monté au ciel et désormais les disciples devront s’accoutumer dans cette présence dans l’absence. Nous comprenons bien comment les disciples, bousculés par ce départ du Christ - même s’il avait été annoncé - ont pu se trouver désemparés et effrayés. Qu’allaient-ils devenir ? Qu’allaient-ils donc faire ?
Mais nous, nous ne sommes pas exactement dans la situation des disciples. Car nous connaissons la suite de l’histoire. Nous ne sommes pas réunis après avoir célébré l’Ascension en nous demandant ce que nous allons devenir ! Nous savons que l’Esprit du Christ a été répandu en nos cœurs par la foi. Si bien que notre célébration entre l’Ascension et la Pentecôte, n’est pas une sorte de reconstitution artificielle pour essayer de nous faire éprouver les sentiments des disciples, c’est au contraire une invitation à découvrir, ou à mieux comprendre quelles sont la nature et la mission de l’Église.
 
Celle-ci se constitue par l’assemblée des croyants telle que nous la voyons dans les Actes des apôtres et telle qu’elle va se perpétuer au-delà. Elle se constitue par une assemblée d’hommes et de femmes dont la présence est motivée par la foi. Elle se constitue par la certitude que la présence de chacun et de chacune, en répondant à l’appel que Dieu lui a adressé à travers les circonstances de sa vie, l’installe comme un membre d’un corps et comme solidaire de ce corps. Elle se constitue pour que chacun et chacune des membres de l’Église puisse se fortifier de cette présence, développer sa foi en l’Esprit Saint, nourrir la charité. Nous ne sommes pas une entreprise en quête de reconnaissance : nous sommes un peuple habité par l’Esprit du Christ pour endurer au long des âges ce qui manque encore à ces souffrances pour accomplir le dessein de Dieu.
 
Pendant de longues semaines, nous avons fait l’expérience de ce manque de ne pouvoir nous retrouver comme nous le désirions. Certains – et c’est heureux – sont profondément impatients. La semaine prochaine, à nouveau, nous ressentirons cette identité profonde d’être le peuple de Dieu appelé en un même lien. Et précisément, ce que la prudence nous a dicté, la Pentecôte nous le fera vivre avec plus de force encore. Car ce peuple n’est pas rassemblé simplement pour se donner à lui-même sa raison d’être, comme une revendication aux yeux du monde ou une démonstration de force, il est rassemblé pour aller à la rencontre du monde qui l’entoure, des hommes et des femmes qui sont nos contemporains, ici dans ce pays comme à travers le monde.
 
Ce peuple est rassemblé pour poursuivre la mission du Christ au service de la vie humaine. Et son rassemblement n’a de sens que pour être dispersé et envoyé. Sans doute dans les semaines à venir, les chrétiens n’auront pas à reprendre la vie « d’avant » avec l’ordonnancement d’un culte qui aura repris. Ils ne pourront se satisfaire d’avoir retrouvé leur « Jésus ». Ils seront poussés par l’Esprit à aller vers les nouvelles formes de pauvreté que nous allons connaître.  Ne soyons pas dupes, même dans les beaux quartiers. Nous n’avons pas fini de traverser la crise : de sanitaire, elle pourrait bien devenir économique et toucher jusqu’à nos foyers. Pourtant, à travers chacune de nos existences quelque chose est en train de grandir et de se développer, c’est la vie de Dieu lui-même, une vie qui n’a pas de fin, cette vie éternelle dont nous parle l’évangile de saint Jean. Voilà ce que nous avons à annoncer. Voilà ce que nous avons à servir.
 
Cette nature et cette mission de l’Église se concrétisent chaque fois que le peuple de Dieu est rassemblé. Elle s’accomplit chaque fois qu’il se disperse pour aller annoncer la Bonne nouvelle aux hommes. Les deux mouvements sont nécessaires, et l’un ne va pas sans l’autre.  Redécouvrons donc la nature profonde de l’Eglise du Christ que nous formons et annonçons la présence sans fin du Christ à notre monde !
 
AMEN.
 
 
Michel Steinmetz †

Aucun commentaire: