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samedi 30 mai 2020

Homélie de la solennité de Pentecôte - dimanche 31 mai 2020

Quand on souligne de quelqu’un qu’il a de l’esprit, c’est plutôt flatteur. L’expression commune, qui reprend le sens figuré, signifie qu’avoir de l’esprit ou faire de l’esprit, c’est avoir de l’humour, c’est-à-dire être capable de saisir de façon spirituelle et pertinente des situations. Le sens littéral de l’expression signifierait être capable de montrer que l’on possède une capacité de raisonnement, de faire usage de son esprit de façon rationnelle et raisonnable. En fait, avoir de l’esprit (au sens figuré) implique d’avoir de l’esprit (au sens littéral), c’est-à-dire être capable de faire usage de façon rapide et pertinente de sa capacité de raisonnement. Le problème est alors celui de savoir dans quelle mesure l’esprit peut être à la hauteur de ses prétentions, est capable de dominer toute situation et de trouver une solution à tout problème. En effet, dans l’expression littérale (et même figurée) « avoir de l’esprit » indique le fait que l’esprit permet de prendre du recul et de la distance par rapport à une situation donnée de telle sorte que cette situation est relativisée et pensée de façon plus intelligente et plus large. Or, qu’est-ce qui nous garantit une telle maîtrise de l’esprit ? Il est vrai qu’on ne saurait peut-être pas dire de tout chrétien qu’il a de l’esprit, mais tout baptisé a l’Esprit. Tout baptisé possède ce don inestimable d’avoir en germe en lui ce qui permet à la fois d’appréhender les choses de la vie avec sagesse, conseil et discernement, de raisonner non selon l’esprit du monde mais selon l’Esprit de Dieu, et d’arriver à une intelligence spirituelle, qui n’a rien à voir avec l’acquisition de savoirs. Elle est une intelligence fine et perçante qui vient de cœur parce que ce cœur est éclairé par l’Esprit.
 
Une personne qui a « de l’esprit » est souvent capable de faire « un trait d’esprit ». Allons alors du côté de la géométrie. Qu’est-ce qu’un trait sinon une ligne vectorielle qui, de deux points isolés, crée leur liaison. Ainsi, celui qui est capable d’un trait d’esprit va relier, même si c’est par un humour subtil et parfois moqueur, une personne ou une situation à une autre personne ou situation. N’est-ce pas là précisément ce qu’engendre ce qui ont reçu le don de l’Esprit ? Non d’abord de l’humour – bien que celui-ci soit sans doute un attribut de Dieu, mais plus sûrement une dynamique et un mouvement. Les Apôtres avec Marie s’étaient confinés au cénacle depuis l’Ascension, à la fois par crainte des Juifs et dans l’attente de ce que le Ressuscité leur avait promis. Que se passe-t-il quand l’Esprit descend sur eux en se manifestant par « un grand coup de vent » et « des langues qu’on aurait dit de feu » ? « La voix qui retentissait », c’est-à-dire celle de l’Evangile du salut, et qui s’exprime paradoxalement en diverses idiômes, fait converger la foule. Or cela signifie précisément que les Apôtres sont de sortie. L’Esprit les pousse désormais à la mission. Et ce même Esprit va désormais relier entre eux des hommes et des femmes de toutes origines et conditions.
 
Nous faisons cette expérience aujourd’hui alors qu’il nous est donné de célébrer à nouveau ensemble. Tout à l’heure, je vous inviterai à prier ensemble la prière dominicale, le Notre Père, en disant : « unis dans le même esprit, nous pouvoir dire avec confiance… ». Notre assemblée nous permet bel et bien de vivre une double expérience. Celle d’être rassemblé et de constater à nouveau avec bonheur que notre assemblée est diverse. C’est la foi qui nous est commune qui nous fait nous retrouver alors nos existences respectives n’opéreraient pas ce brassage. Si nous sommes ensuite rassemblés, ce ne sera pour demeurer ensemble après un long temps d’absence, mais justement pour être en sortie, envoyés et poussés par l’Esprit.
 
« Les hommes en qui l’Esprit est venu et a fait sa demeure sont transformés. », ainsi que l’écrit saint Cyrille d’Alexandrie. « […] Vous voyez comment l’Esprit transforme pour ainsi dire en une autre image ceux en qui on le voit demeurer. Il fait passer facilement de la considération des choses terrestres à un regard exclusivement dirigé vers les réalités célestes ; d’une lâcheté honteuse à des projets héroïques. […] C’est absolument indubitable. Elle est donc bien vraie, la parole du Sauveur : C’est votre intérêt que je retourne au ciel. Car, c’est le moment de la descente de l’Esprit. » Viens, Esprit de Dieu !
 
AMEN.
                                                                                                                                                                                                                      
Michel Steinmetz

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