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samedi 5 octobre 2019

Homélie du 27ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 6 octobre 2019

Je ne sais si vous avez dans votre cuisine de la moutarde à l’ancienne. Si c’est le cas, vous devez assez aisément comprendre l’image que Jésus utilise dans l’évangile. Une graine de moutarde ! Minuscule. A peine la sent-on en bouche. Et imaginez l’arbre que désigne Jésus. Quelle disproportion ! Imaginez encore la force de la foi qui pourrait se faire déplacer, comme par magie, cet arbre, sans même devoir le toucher. Le constat n’est guère heureux pour nous. Cela ne marche pas. Nous avons beau nous torturer l’esprit, tenter de développer une force de persuasion hors du commun : l’arbre ne bougera pas. Ce qui signifie que nous n’avons même pas une foi de la taille d’une graine insignifiante.
 
On comprend pourquoi les apôtres, faisant assurément le même constat que nous, demande instamment à Jésus : « Augmente en nous la foi ! ». Certes s’il s’agit d’augmenter la foi, c’est donc que les disciples considèrent au moins l’avoir déjà un peu. Que viennent-ils d’entendre de la part de Jésus pour, d’un coup, ressentir le besoin d’être ainsi affermis dans la foi ? Comme pour nous dimanche dernier, Jésus vient de leur compter en présence des Pharisiens, qui le tournent en dérision, la parabole du riche et de Lazare. Et Jésus poursuit encore avec des paroles très dures qui invitent à la conversion. Les apôtres ont peur et comprennent que, de la foi, il va leur en falloir une sacrée dose. Ils ne pourront se reposer sur les lauriers de leur compagnonnage avec Jésus.
 
Jésus n’est guère tendre avec eux. Voici sa réponse : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : ‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il vous aurait obéi ». Dans les gencives !  L’image de l’arbre qui se déracine et va se planter dans la mer peut surprendre. Dans la culture juive, la mer symbolise les forces du mal et de la mort. L’arbre, au contraire, évoque la vie et la fécondité. Implanter la vie au milieu de la mort, voilà, ni plus ni moins, ce que les disciples de Jésus sont invités à faire. Ne jamais se résoudre à penser que la foi en Dieu trouvera une limite dans son possible, dans son ouverture à l’espérance. Même un grain de foi suffit à opérer des merveilles. Ce n’est pas une foi théorique. Car plus encore Jésus les renvoie tout simplement au service des « simples serviteurs » qui ne « font que leur devoir » : c’est lui qui vérifie notre foi et c’est lui qui la fait grandir.
 
Aujourd'hui, nous sommes invités à rendre témoignage à la puissance de Dieu à l’œuvre à travers l’histoire des hommes. Nous sommes invités non pas à défendre des valeurs qui seraient supérieures aux valeurs des autres, mais à montrer que l’esprit que nous avons reçu, l’esprit de Dieu qui vit en nous, est vraiment un esprit de force, d’amour et de pondération. Cet Esprit-Saint qui nous habite, tout faibles que nous soyons, tout peureux que nous puissions être, tout menacés que nous sommes, nous rend capables d’assumer les épreuves de l’existence sans défaillir et sans sombrer dans le catastrophisme et dans la peur maladive. De quoi aurions-nous donc peur ? Saint Paul nous dit dans l’épître aux Romains : « Si Dieu est avec nous, qui sera contre nous ? » Si je crois que Dieu est avec moi, comment pouvoir imaginer qu’en ce monde, il y a des forces supérieures à celles de Dieu ? Ainsi notre capacité à affronter les épreuves de la vie, à supporter les difficultés inhérentes à toutes périodes de l’histoire et à chacune de nos existences, devient un signe de la foi que nous avons en Dieu. La vie que nous menons, les justes combats que nous menons en faveur du respect de la vie, les œuvres que nous essayons de construire et de mener à bien, ne sont pas nos affaires, mais vraiment l’œuvre de Dieu qui s’accomplit à travers le temps et par rapport à laquelle nous sommes de simples serviteurs qui peuvent d’ailleurs être remplacés par d’autres.
 
Ainsi, frères et sœurs, alors que beaucoup de nos contemporains vivent dans l’excitation de l’anxiété, et dans la peur justifiée ou fantasmée, nous sommes invités à donner au monde le témoignage de l’espérance que nous avons reçue : si Dieu est avec nous, qui sera contre nous ? « Le juste vivra par sa fidélité » (Ha 2,4).
 
Michel Steinmetz

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