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jeudi 31 octobre 2019

Homélie du 31ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 3 novembre 2019

Je me suis toujours imaginé Zachée comme un homme certes petit, Luc nous le dit, mais aussi grassouillet et peu habile à grimper au sycomore. Sur la balance, il aurait tendance à faire bouger l’aiguille. Mais sur la balance de Dieu, pour reprendre l’image du livre de la Sagesse, le poids de sa faute est peu de choses, comparé à la grâce que Dieu va lui faire. C’est souvent, et à tort, une leçon morale que l’on dégage de cet épisode. On y voit la nécessité de se convertir en partageant ses richesses avec les pauvres. Mais il y a là un enseignement bien plus large et profond : la rencontre entre Jésus et Zachée nous révèle en Jésus, un Dieu en recherche de l’homme, et, en Zachée, un homme en quête de Dieu, ouvert à la conversion.
Jéricho. Jésus traverse Jéricho sans parole, sans dire mot. Jéricho, c’est la ville la plus ancienne selon l’archéologie, mais, pour un Juif, à la fois la ville sacerdotale et le lieu païen de trafic douanier. Rome y a ses comptoirs et sa garnison. Porte de la Terre promise, vers laquelle Josué envoya deux espions qui se cachèrent sur la terrasse de Rahab, la prostituée.
Zachée. Son prénom est déjà tout un programme. D’autant qu’on sait que le nom, pour un Hébreux, est toujours porteur d’une mission. Il a un sens. Il désigne une fonction. Il détermine une vocation. Il assigne une charge. Zachée en Hébreux signifie : le pur. Pourtant par sa profession : « exactor » : percepteur d’impôts (comme l’évangéliste Mathieu), Zachée est corrompu. Percevant les impôts de Rome, par une profession obtenue aux enchères, donc en payant grassement le pouvoir romain, puis en se remboursant par une majoration des impôts auprès de ses concitoyens, il un collabo doublé d’un voleur. Paradoxe que ce nom de pureté et cette profession de péché ! Paradoxe de ce qu’est tout homme : un mélange de bien et de mal, et donc, avec en lui, marqué comme une identité, un appel à la conversion.
Qu’en est-il de cet homme ? Avait-il appris la conversion de son collègue Mathieu, si heureux à la suite de son nouveau maître ? Ou était-il perplexe devant cet argent mal acquis ? Et, pour lui, ce Jésus qui est-il donc en fait ? Ce ne doit pas être par « pure » curiosité que Zachée cherche à voir Jésus. Il court, sort de la ville, monte sur un arbre...Voilà non seulement qui est peu compatible avec sa position d’homme rangé en Israël, mais voilà surtout qui révèle, selon l’évangéliste, sa volonté active, efficace et persévérante de rencontrer Jésus. Zachée escalade un sycomore. Ce figuier sauvage à branche basse, est, en Israël, le symbole de la loi mosaïque et du temple. Ainsi, pour trouver comment bien vivre, Zachée se servait de la Loi et du culte, du moins, il en était informé. Mais tout cela ne serait-il pas périmé ? Il grimpe à l’arbre mais le Salut n’est pas obtenu par l’escalade de préceptes ni par la multiplication d’efforts impossibles. La loi est tout aussi inefficace que le sacerdoce ancien (Jéricho) pour être justifié ; tous deux sont destinés à disparaître. Il faut descendre et suivre l’invitation de Jésus.
Aimé de Dieu, ou aimanté par Dieu, le voici appelé à changer ! Zachée est « regardé haut avec amour » par Jésus. Nous pouvons expérimenter le passage de Jésus quotidiennement en chaque eucharistie. Certes notre première conversion a eu lieu lors de notre baptême et toute notre vie chrétienne est comme une seconde conversion, journalière. La vie durant, chaque jour passant, communiant au Seigneur de gloire lors de nos célébrations, son invitation est pressante : « aujourd’hui le salut est entré dans cette maison ». L’appel à suivre Jésus et la réponse quémandée (son nom classique est la conversion) sont toujours uniques. Nous n’avons que des variantes du rapport entre l’appel et la décision. Le « suis-moi » requiert autant de réponses que de sujets convertis. Dieu nous parle à partir d’un lieu de l’âme propre à chaque être. Et de cette zone indicible de l’âme chaque élu livre sa réponse en une vie d’amour et de fidélité, à hauteur d’homme, avec humilité, confiance et compassion. Chacun de nous est un Zachée. Chacun est appelé à le devenir dans sa conversion.
 
AMEN.
                       
Michel Steinmetz 

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