A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

jeudi 31 octobre 2019

Homélie de la solennité de Tous les Saints - 1er novembre 2019

L’expérience de chacun des auditeurs de Jésus, comme la nôtre, ce n’est pas que les gens sont heureux quand ils sont pauvres, ce n’est pas qu’ils sont heureux quand ils pleurent, ce n’est pas que les artisans de paix sont vénérés en ce monde. Au contraire, l’expérience que nous vivons, c’est l’inverse ! Ainsi, cette capacité de voir ce qui ne se voit pas, d’annoncer ce qui n’est pas encore réalisé, c’est une prophétie de Jésus prononcée sur ceux et celles qui l’écoutent et elle est prononcée aussi sur nous aujourd’hui. Jésus nous annonce le sens qui demeure encore caché de ce que nous vivons. Comme nous le disait l’épître de saint Jean, ce que nous sommes n’apparaît pas encore, ou plutôt, ce que nous sommes n’est pas reconnu par ceux qui nous entourent s’ils ne veulent pas reconnaître Dieu. C’est pourquoi le monde ne nous connaît pas : il n’a pas connu Dieu. Être disciple du Christ, c’est peut-être la source d’un bonheur, mais c’est certainement le point de départ d’une persécution : « Heureux êtes-vous si on vous insulte, si on vous persécute et si on dit faussement toute sorte de mal contre vous à cause de moi » (Mt 5,11). Cette prophétie ne nous est pas donnée pour nous consoler de ce que nous vivons, mais pour nous annoncer vers où nous conduit le chemin que nous suivons.
 
La prophétie de Jésus est aussi une promesse : elle veut dire à ceux et à celles qui vont se mettre à la suite du Christ, après avoir entendu ce que l’on appelle le sermon sur la montagne, qu’ils s’acheminent vers le bonheur. Nous savons par le déroulement des évangiles qui suivent les événements qui ont marqué le chemin de Jésus, comment ce cheminement vers le bonheur va paraître de plus en plus énigmatique au point que beaucoup vont se détourner de lui. Jésus sera amené à poser cette question à ses disciples : et vous, allez-vous aussi me quitter ? Vous connaissez la réponse que Pierre lui a faite : « à qui irions-nous Seigneur ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68).
Cette promesse est une espérance pour l’humanité, car elle est par un tout petit groupe de personnes, si petit qu’on pourrait pratiquement établir la liste de leurs noms au-delà des douze, quelques femmes groupées autour de Marie, et quelques disciples restés fidèles. Cette promesse concerne l’univers entier, au-delà des frontières du peuple élu. C’est ce que la vision de l’Apocalypse remet devant nos yeux : le Christ glorifié auprès du Père accueille la multitude de la descendance d’Abraham, des douze tribus. Mais au-delà de ce groupe des élus, des cent quarante-quatre mille descendants des fils d’Abraham, le visionnaire de l’Apocalypse voit une foule immense qui, celle-là, est innombrable et n’est pas descendante d’Abraham selon la chair : « une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues » (Ap 7,9) qui débordent les limites visibles du peuple élu. Cette foule, cette multitude, nous savons qu’elle déborde ce que nous voyons et ce que nous connaissons.
Au long des siècles, l’Église a désigné des saints qui sont reconnus comme élus de Dieu, et très rapidement, elle a pris conscience que la sainteté déborde de toute part parce qu’elle enveloppe l’Eglise entière. Il lui fallait honorer non seulement les saints connus, les saints reconnus, mais encore ceux que l’on n’avait pas identifiés. Mais en cela, nous sommes encore dans les limites et le cadre visible de l’Église et nous oublions la multitude de saints qui existent hors de l’Église, comme nous le montre le jugement dernier dans l’évangile de saint Matthieu où Jésus reconnaît la sainteté de celles et de ceux qui ont, selon leur conscience, et dans la fidélité à la voix de leur conscience, mis en pratique le commandement de l’amour à l’égard de leurs frères. Ceux-là, nous ne pouvons pas les identifier, nous ne les connaissons pas mais ils existent. Cette multitude d’hommes et de femmes est une espérance pour nous tous. Certes, nous reconnaissons que nous sommes pécheurs, nous reconnaissons notre difficulté à suivre exactement la parole du Christ, nous reconnaissons la tiédeur de notre amour pour Dieu et la tiédeur de notre amour pour nos frères, et cependant nous ne perdons pas l’espérance car nous savons que Dieu est plus grand que notre cœur !
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

Aucun commentaire: