Elle est redoutable la question par laquelle se
termine l’évangile que nous venons d’entendre. « Le Fils de l’homme, quand il
viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? » (Lc 18, 8) Car évidemment, cette
question s’adresse aux auditeurs de Jésus, en l’occurrence ses disciples, mais
à travers eux, elle s’adresse à tous ceux qui leur ont succédé et qui ont reçu,
à travers les générations précédentes, l’annonce de la Bonne nouvelle, l’appel
à la foi et, pour certains, une éducation et un apprentissage les aidant à
découvrir le sens de cette foi et l’appel qu’elle représente dans notre manière
de vivre. Depuis déjà fort longtemps les sondages et les statistiques se
multiplient pour nous expliquer que la foi disparaît. Or la vitalité et la
force du peuple chrétien sont une réalité, qui n’est pas seulement une réalité
épisodique mais une réalité continue, et c’est à ce peuple chrétien que la
question est posée : allez-vous être fidèles à la foi que vous avez reçue ?
Allez-vous la nourrir, la fortifier et la développer ?
Qu’est-ce que c’est la foi ? C’est bien
difficile à dire ! On peut toujours affirmer que la foi, c’est d’abord adhérer,
reconnaître, accepter un certain nombre de vérités sur Dieu et sur l’homme, si
bien que peu à peu, on finit par croire que la foi se réduit à un catéchisme.
Le catéchisme donne un contenu doctrinal à la foi, il ne se substitue pas à la
foi. On peut apprendre par cœur un catéchisme, on peut très bien posséder le
contenu doctrinal, le contenu des idées de la foi, mais il reste que la foi
n’est pas seulement un contenu doctrinal ou un ensemble d’idées, c’est une
manière de vivre qui se définit par rapport à une personne, Dieu, lequel, comme
vous le savez par votre expérience et par ce que nous en dit l’Écriture, « nul
ne l’a jamais vu » (Jn 1, 18). Et c’est précisément pour cela que notre relation
avec Dieu relève de la foi, c’est-à-dire d’un acte de confiance.Cette expression de notre confiance à la parole
de Dieu n’est pas aveugle car elle s’appuie sur les signes qu’il a donnés de sa
présence et de son action à travers l’histoire du peuple d’Israël comme nous le
rappelait le Livre de l’Exode, à travers la vie, les actes, la mort et la
résurrection de Jésus, à travers des générations de chrétiens qui ont constitué
l’histoire de l’Église. Nous savons que Dieu intervient dans l’histoire des
hommes, et c’est toute la question de la foi. Faisons-nous confiance à cette
intervention de Dieu dans l’histoire des hommes ? Sommes-nous suffisamment
convaincus que Lui, et Lui seul, peut venir en aide à notre existence ?
Ne craignez pas, frères et sœurs d’être
importuns et insistants dans la prière. C’est à cette condition que nous
pourrons proclamer à temps et à contretemps, en faisant, comme saint Paul y
invite son disciple Timothée, à la fois des reproches quand il nous semble que
l’assoupissement et la tiédeur gagnent le cœur des croyants, mais aussi des
encouragements pour stimuler le dynamisme de la foi et de la charité, avec une
grande patience et le souci d’instruire.
AMEN.
Michel
Steinmetz †
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