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jeudi 31 octobre 2013

Homélie du 30ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 27 octobre 2013


La parabole du pharisien et du publicain prolonge la parabole du juge inique et de la veuve importune que nous avons entendue la semaine dernière. L’évangile met aujourd’hui en opposition deux prières : celle du pharisien, qui se dit juste, et celle du publicain, qui s’avoue pécheur. Les pharisiens sont les héritiers de juifs courageux, qui ont animé l’héroïque résistance durant la persécution païenne au temps des Maccabées, deux siècles avant le Christ ! Au temps de Jésus, ils représentent sans conteste ce qu’Israël compte de plus pur et de plus noble et cette fidélité aux traditions des anciens leur vaut la faveur et l’estime de beaucoup. Les publicains, au contraire, sont l’image de la déchéance morale et de l’impureté religieuse. Chargés de percevoir taxes et impôts, ils devaient verser d’avance au fisc une somme déterminée, qu’ils avaient ensuite à récupérer, augmentée bien sûr d’un intérêt personnel laissé à leur libre appréciation, en extorquant le plus possible le malheureux contribuable. Ces percepteurs étaient directement au service de l’occupant romain.

La prière agréée par Dieu est au cœur de nos deux passages évangéliques. Ici et là c’est la même leçon : Dieu écoute la plainte des humiliés, des méprisés, des rejetés, des exclus, des pauvres, et la première lecture du Siracide le résume avec force. Ainsi les pauvres dont il est question ne sont pas seulement les pauvres matériellement, puisque le publicain de notre parabole obtient le même résultat. Un publicain en effet ne fait pas partie des infortunés puisqu’il recueille les impôts à la solde des autorités romaines et au passage s’octroie une part non négligeable des sommes prélevées, et pourtant ce publicain sans doute riche prie et est exaucé.

On a peine à imaginer quel a pu être l’étonnement de l’auditoire de Jésus quand ce dernier énonce la sentence finale de la parabole : c’est le publicain qui fait partie de la catégorie des pécheurs qui a reçu un accueil favorable par Dieu et non pas le pharisien qui appartient à la catégorie des justes. Une telle conclusion de la parabole ressemble à une provocation de la part de Jésus, ou plutôt il s’agit d’une invitation vigoureuse à un renversement des valeurs qui ont cours en son temps comme au nôtre : le juste n’est pas forcément celui qui paraît l’être et mieux encore Dieu n’est pas Celui qu’on se représente souvent trop humainement

L’histoire racontée ici par Jésus est en réalité une mise en garde contre un danger subtil qui guette sans cesse le croyant : croire que le salut s’obtient par ses propres forces. La prière du pharisien est une action de grâce dans laquelle il s’admire d’abord et se targue de ses bonnes actions, mais il ne demande rien, il est fermé aux dons de Dieu, parce qu’il est plein de lui-même, et donc vide du vrai Dieu. A la limite, il n’aurait plus besoin de Dieu. On pourrait même être tenté de croire que, selon la justice, le Seigneur est tenu de récompenser toutes les bonnes actions accomplies. Or la valeur du chrétien ne se mesure pas au nombre d’exercices de piété ou de bonnes œuvres. Le disciple de Jésus n’est pas nécessairement celui qui en fait le plus. L’important, c’est la qualité intérieure commandant les actions. L’important aux yeux du Christ, c’est l’amour que chacun y met. Le croyant n’a donc pas à se glorifier de sa foi, ni ses œuvres : cela lui vient d’ailleurs. Il doit simplement reconnaître les dons reçus de Dieu et l’en remercier.

L’évangéliste termine la parabole par une sentence de Jésus : « Qui s’élève, sera abaissé ; qui s’abaisse, sera élevé » Ce n’est pas qu’un bon conseil. Mais cela évoque une révélation sur Dieu, celle qui est présentée dans le Magnificat et que déclineront cette semaine, lors de la fête de Tous les saints, les Béatitudes. Dieu est celui qui abaisse les puissants, c’est-à-dire ceux qui trouvent leur soutien dans leurs seules richesses ; il élève les humbles, ceux qui attendent tout de lui.
Frères et sœurs, que le publicain repentant et priant demeure un constant modèle pour nos vies de chrétiens ; et pour s’opposer au pharisien qui sommeille en chacun de nous, ne cessons pas de répéter les paroles du publicain que Jésus lui-même nous donne comme un remède à nos inclinations naturelles.

AMEN.

† Michel STEINMETZ

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