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vendredi 18 octobre 2013

Homélie du 29ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 20 octobre 2013

« Jésus dit une parabole pour montrer à ses disciples qu’il faut toujours prier sans se décourager ». Luc 18, 1

C’est facile à dire. J’entends les prières des malades qui ne guérissent pas, de tous ces infirmes qui vont à Lourdes ou dans nos sanctuaires dans l’espoir d’une guérison et qui reviennent aussi handicapés qu’avant ! J’entends les demandes de ces jeunes ou moins jeunes qui subitement sont atteints par un cancer ou arrivent en face terminale ! J’entends le cri de révolte des parents devant leur enfant mourant tout jeune ! J’entends l’appel au secours de toutes celles et de tous ceux qui ne trouvent plus de sens à leur vie et sont tenté de se supprimer ! J’entends aussi la détresse de tous ceux que les guerres ou les restructurations d’entreprises et les délocalisations, laissent pour compte au bord des routes, de tous ceux qui n’ont plus de place dans la société ! J’entends la plainte de ceux qui luttent pour plus de justice, pour la liberté et dont le combat est toujours à recommencer !

Comment ne pas laisser tomber les bras quand Dieu ne répond pas, quand il semble rester sourd à nos cris et à nos supplications ? C’est déjà une vieille histoire que celle du silence de Dieu ! Déjà, tout au long de l’Ancien Testament, les croyants s’étonnent de son mutisme. Il y a de quoi laisser tomber les bras. Même Moïse n’en peut plus. La fatigue est plus forte que sa persévérance. Pourtant, dès que ses bras retombaient, les ennemis prenaient l’avantage.
Au temps de Jésus, cette question du silence de Dieu était aussi bien présente dans la pensée des juifs pieux. Beaucoup attendaient une intervention divine, qui ne semblait pas venir, beaucoup espéraient la venue d’un « messie » qui chasserait les romains et établirait un règne de Dieu ! Comme souvent, Jésus répond à cette question en racontant une histoire, une parabole, celle des démêlés d’une veuve – symbole de la faiblesse dans la Bible – avec un juge – un homme profondément antipathique et peu pressé à rendre la justice. Malgré la mauvaise volonté du juge, cette femme obtient justice par son opiniâtreté. Comme la veuve, il faut sans cesse revenir à la charge. Et puisque Dieu est bon, qu’il exauce sans tarder ses élus, le croyant ne doit pas se lasser de demander. Même s’il y a retard dans l’exaucement de la prière.

« Il faut donc toujours prier. » C’est Jésus qui parle comme si cela allait de soi ! Mais je l’ai vu partir au jardin de Gethsémani. A l’approche de la mort, il se mit à demander : « Père, fais donc que ce supplice s’éloigne de moi ». Il n’eut pas de réponse. Il partit vers la croix. Et quand il fut pendu au bois du supplice sa prière se fit plainte : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Il n’eut pas de réponse. Il mourut. Ainsi donc lui aussi s’est heurté au silence de Dieu. Mais parce qu’il est resté en relation avec le Père, sa vie a été plus forte que la mort : Il est ressuscité ! Plus tard, Luc a repris cet enseignement de Jésus comme paroles d’encouragement à sa communauté chrétienne, ne comprenant pas que l’attente du retour du Seigneur soit si longue. Si, au bout d’un certain temps la veuve a réussi à se faire entendre par le juge malhonnête, à plus forte raison les croyants persécutés se feront-ils entendre, sans tarder, par le Père qui les aime.

Jésus pose pourtant une question terrifiante : « Le Fils de l’Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? ». Pas de grande théorie ici sur l’avenir géo-politique du christianisme dans le monde, mais une question qui, pour chacun, est personnelle. A la fin des temps, au jour de Dieu, y aura-t-il encore des gens sur terre qui prieront, des gens qui seront ainsi en relation avec Dieu, qui lui présenteront le silence de leurs frères et sœurs en humanité ? Aujourd’hui, notre prière à chacun est vitale parce qu’elle entretient cette prière, en faisant de nous des veilleurs au cœur du monde. Je me souviens encore de Moïse. Ses compagnons lui soutinrent les bras jusqu’à la fin du jour quand il n’en pouvait plus. Et je me suis dit que, dans la prière, on ne peut parvenir à persévérer seul. Mais qu’ensemble, qu’en communauté, qu’en Eglise on peut se soutenir mutuellement les bras, pour les élever vers le Père jusqu’à ce qu’il nous aide.

AMEN.

Michel STEINMETZ

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