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samedi 5 octobre 2013

Homélie du 27ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 6 octobre 2013

L’évangile de ce dimanche commence de façon abrupte : pourquoi donc les apôtres demandent-ils tout à coup à Jésus d’ « augmenter leur foi » ? Pour comprendre la raison de cette question, il faut revenir en arrière.

Parmi la foule de gens et de disciples qui, emballés par ses enseignements et ses guérisons, mettaient leurs pas dans ses pas, Jésus, après une nuit de prière, a décidé d’en choisir douze auxquels il donne le nom d’Apôtres - mot qui signifie « envoyés » (Luc 6, 12). Leur nombre fait évidemment référence aux douze tribus : Jésus refonde le véritable peuple de Dieu.
Quelque temps plus tard, Jésus envoya ces Douze en mission : pour proclamer le règne de Dieu et faire des guérisons, sans rien emporter, dans la pauvreté totale, en espérant être accueillis par certains et prêts à essuyer les rebuffades des autres (9, 1-6).
Dans une parabole, Jésus précisa leur fonction de dirigeants de communautés : ils doivent être des intendants fidèles, avisés, établis par le Maître pour distribuer à tous, en temps voulu, les rations de blé. Heureux seront-ils s’ils persévèrent dans ce travail lorsque le Maître reviendra (12, 41-44).Ils ont donc à nourrir régulièrement les fidèles par l’Evangile et le Pain de Vie, sans fléchir.
Juste avant le passage que nous entendions, Jésus a donné deux enseignements brefs mais très exigeants à tous les disciples. D’abord, dit-il, il y aura, hélas, des « scandales » dans le groupe, c’est-à-dire que certains (par leurs paroles ou leurs comportements) feront perdre la foi à d’autres. Faute tellement grave qu’il vaudrait mieux qu’on attache une meule au cou de leurs auteurs et qu’on les jette à la mer ! Donc vous, les apôtres, veillez à vos paroles et à vos attitudes ! La foi est fragile : gare à celui qui la fait perdre à un autre ! Ensuite Jésus a ordonné à tout disciple, blessé par un autre, de lui pardonner (17, 1-4). Les apôtres devront lutter pour que la miséricorde soit pratiquée et que l’effort incessant de réconciliation préserve l’unité du groupe.

Voilà pourquoi surgit leur demande : « Augmente en nous la foi ! » Ces hommes ne demandent pas des méthodes psychologiques, des « trucs » pour réaliser leurs tâches : ils prient le Seigneur de leur donner plus de foi. C’est bien là qu’est le fondement du travail apostolique, la source indispensable pour accomplir cette œuvre qui est au-dessus de toute force humaine. L’Apôtre doit croire de tout son être c’est-à-dire avoir une confiance absolue en son Seigneur, l’aimer, s’en remettre à lui, être sûr de lui. Et Jésus, en langage imagé, leur montre ce qui leur serait possible s’ils avaient un peu de foi. Oui, tout cela est possible aussi pour nous ! Si nous croyons, cela est possible. Plus nous croirons, plus cela sera possible. Or nous ne croyons pas assez. Que sommes-nous prêts à faire durant cette année qui s’offre à nous pour progresser ? Nous ne pouvons d’une part nous lamenter d’un peu d’attrait pour l’Evangile si cet Evangile ne nous fait pas d’abord vivre. D’autre part nous ne pouvons espérer vivre de l’Evangile si nous ne laissons pas au Seigneur le soin d’être à la manœuvre. Parents, demandez-vous quelle est la place laissée au Christ dans votre vie. Catéchistes, interrogez-vous sur votre intimité de fait avec le Christ. Laïcs engagés, discernez quel est le moteur de votre action. Nous ne sommes pas une association dont les membres auraient plaisir à se retrouver. Nous ne sommes pas une entreprise qui doit traverser la crise et garantir son chiffre. Nous ne sommes pas plus une ONG qui voudrait saupoudrer une aide quelconque aux miséreux. Nous, c’est le Christ qui nous fait vivre et cette Bonne Nouvelle nous ne pouvons la garder pour moi. Il nous faut aller jusqu’aux périphéries pour le dire : à ceux qui n’ont plus entendu parler de la foi depuis bien longtemps, à ceux dont le fardeau est trop lourd à porter. Nous n’avons pas à conserver des institutions, des traditions parce que cela ferait partie d’un patrimoine villageois tantôt folklorique, tantôt déjà fossilisé. Nous avons à annoncer. Donc à être créatifs, courageux et audacieux. Quitte à bouleverser les habitudes.

Considérables sont le titre d’apôtre et la mission qui y est liée ! Mais attention à l’orgueil : aussi Jésus poursuit-il par une mise en garde. « De même vous aussi, quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : ‘Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n’avons fait que notre devoir’.
Si l’Apôtre a un peu de foi, il est débarrassé de toute vanité, il n’a plus aucune envie de s’attribuer des mérites, il sait que ce qu’il a fait dépasse ses possibilités, que son œuvre certes est utile, nécessaire même, mais qu’elle lui est ‘donnée’. Il met sa joie non dans ses talents, ses vertus, ses réussites mais dans le fait de servir le Seigneur Jésus : il reste toujours prêt à se donner éperdument à cette tâche, quitte à en mourir, persuadé qu’il n’est pas indispensable. Sa grandeur, son honneur, son allégresse est d’être serviteur du Christ. Chaque fois que l’on félicitait mère Térésa pour ses réalisations, elle répondait : « Ce n’est pas mon œuvre, c’est celle du Seigneur ! »

« Seigneur, augmente en nous la foi ! ». Augmente en nous la fois pour être de véritables disciples. Tu seras le cœur de notre vie, la source de notre engament. Tu seras notre unique fierté. Nous serons des serviteurs quelconques. Cela nous suffit parce que tu es notre plus grand bien.

Michel STEINMETZ †

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