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jeudi 28 mars 2013

Homélie de la Vigile pascale et Messe de la Résurrection - 30 mars 2013

Jésus, Dieu passage

Que de passages vécus depuis dimanche dernier ! Nous étions, rappelez-vous, aux portes de la Ville sainte, de Jérusalem, avec Jésus. Allions-nous les franchir ? J’espère que vous avez fait le bon choix. Si tel a été le cas, vous aurez suivi, la semaine durant, pas à pas le Seigneur. Avec lui, vous « aurez rendu votre visage dur comme pierre », sachant « que vous ne serez pas confondu ». Votre cœur, loin de se transformer en pierre, se sera dilaté aux dimensions de l’amour divin. Vous aurez traversé les contrariétés, les humiliations, l’angoisse, la souffrance et la mort. Pour vous, l’alléluia, tout à l’heure, aura résonné comme un cri de victoire. Bien sûr, vous n’êtes pas au bout de la route. La vie, votre vie, continue. Cependant, l’expérience vécue aura été pour vous de l’ordre du passage, entendez de la Pâque. Vous êtes maintenant plus libres et plus forts.

Cette célébration nous aura elle-même permis un passage significatif. Du récit de la Création, en passant par le récit du sacrifice d’Isaac, par celui du passage de la Mer Rouge, se poursuivant par la parole des prophètes Isaïe, Baruc et Ezéchiel, pour arriver à l’apôtre Paul et culminer dans l’annonce évangélique de la Résurrection, la liturgie aura mis sous nos yeux toute l’histoire du salut. Dans un instant, par la rénovation de notre engagement baptismal, nous nous inscrirons dans cette lignée et nous dirons notre volonté déterminée de grandir en disciples du Christ.

Pour suivre Jésus ressuscité aujourd’hui, il nous fait sans doute prendre acte d’un passage que vit notre société, du moins en France. Les longs mois de débat à propos du projet de loi du mariage pour les personnes de même sexe ont fait apparaître des clivages qui étaient prévisibles et annoncés. L’invasion organisée de la théorie du genre et plus simplement la tentation de refuser toute différence entre les sexes en est un signe. Nous découvrons que la conception de la dignité humaine qui découle en même temps de la sagesse grecque, de la révélation judéo-chrétienne et de la philosophie des Lumières n’est plus reconnue chez nous comme un bien commun culturel ni comme une référence éthique. Cette fracture se manifeste par la légalisation de comportements que nous ne saurions ni reconnaître ni avaliser. L’espérance chrétienne est de moins en moins reconnue comme une référence commune et, comme toujours, ce sont les plus petits qui en font les frais. Mais c’est un profond changement d’abord pour les chrétiens eux-mêmes. Vouloir suivre le Christ nous inscrit dans une différence sociale et culturelle que nous devons assumer. Nous ne pouvons plus attendre des lois civiles qu’elles défendent notre vision de l’homme. Nous devons trouver en nous-mêmes et en notre foi au Christ les motivations profondes de nos comportements. La suite du Christ ne s’accommode plus d’un vague conformisme social. Elle relève d’un choix délibéré qui nous marque dans notre différence.

Nous sommes appelés à approfondir notre enracinement dans le Christ et les conséquences qui en découlent pour chacune de nos existences. À quoi bon combattre pour la sauvegarde du mariage hétérosexuel stable et construit au bénéfice de l’éducation des enfants, si nos propres pratiques rendent peu crédible la viabilité de ce modèle ? À quoi bon nous battre pour défendre la dignité des embryons humains si les chrétiens eux-mêmes tolèrent l’avortement dans leur propre vie ? Ce ne sont ni les théories ni les philosophes qui peuvent convaincre de la justesse de notre position. C’est l’exemple vécu que nous donnons qui sera l’attestation du bien-fondé des principes.

La pointe du combat que nous avons à mener n’est pas une lutte idéologique ou politique. Elle est une conversion permanente pour que nos pratiques soient conformes à ce que nous disons. Le regard que nous portons sur Jésus crucifié et ressuscité est un regard d’espérance, car de sa souffrance naît notre force, de sa mort surgit notre vie. L’épreuve de la foi que nous traversons est l’épreuve quotidienne de la vie des disciples qui essayent de le suivre et de vivre de sa parole. Elle est l’épreuve et le combat des chrétiens de tous les temps et de tous les lieux de notre humanité. Dans ce combat quotidien de la vie chrétienne, nous croyons et nous savons que le Christ nous donne sa force et qu’il est « avec nous tous les jours jusqu’à la fin des temps. » La présence du Christ est la force du combattant de la foi, la force de vivre la Pâque à sa suite.

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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