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jeudi 28 mars 2013

Homélie de l'Office de la Passion et de la Mort du Seigneur - 29 mars 2013

Jésus, Dieu passeur

Pendant la guerre, mais de nos jours encore dans d’autres contrées, des passeurs étaient et sont à l’action. Ces personnes permettent à d’autres de pouvoir passer vers une terre de liberté, de franchir les frontières malgré la surveillance des armées ennemies. Le plus souvent de tels passeurs n’agissent pas gracieusement. Ils font cher payer leur service. C’est le prix à payer pour être libre, délivré enfin de poursuites, de persécutions ou de condamnations.

Hier soir, nous avons vu Jésus passer. Il est passé tour à tour devant chacun de ses disciples en accomplissant le geste du serviteur. Devant chacun, il s’est abaissé pour leur laver les pieds. Aujourd’hui, Celui qui s’est abaissé est élevé sur la croix. C’est le même Jésus. Son élévation n’a rien d’une gloire puisqu’il achève sa vie entre deux brigands, relégué au même supplice infamant. Il est élevé de terre, pourtant, signifiant que celui qui a accepté de s’abaisser par amour peut aussi espérer être élevé jusqu’à Dieu. Le signe dressé de la croix nous invite en effet à regarder plus haut et à comprendre qu’elle devient, paradoxalement, un accès au ciel. « Mon Serviteur réussira, dit le Seigneur : il montera, il s’élèvera, il sera exalté ! »

Sur cette croix, Celui qui est passé finalement devant chacun de nous pour nous permettre de devenir ses « amis », quand bien même nous l’appelons « Maître et Seigneur », Celui-là, en étant sur la croix, devient un passeur. La mort de Jésus ne se comprend pas en elle-même : elle n’a de sens que dans l’amour qu’Il a pour chacun. Passant sur nos chemins d’humanité, passant à chacun la Parole de Dieu en annonçant la venue du Royaume, Jésus passe maintenant de ce monde au Père. Il vit son passage comme un passeur. La Lettre aux Hébreux aime à parler de « médiateur ». C’est Lui qui fait le lien entre la gloire de Dieu et notre pauvre humanité. En lavant les pieds des siens, Jésus a voulu les rendre propres, purs pour qu’ils soient prêts à affronter eux-mêmes leur condition de disciple. Jésus prend place sur l’échelle de la croix qui mène à Dieu. Parce qu’ « il a pris sur lui nos souffrances », qu’ « il a partagé nos faiblesses », parce qu’« il a connu l’épreuve comme nous », et parce qu’ « il n’a pas péché », notre regard sur la croix est transformé. Ne regardez pas la croix que nous allons vénérer dans un instant comme un instrument de mort où tout fini, mais comme l’échelle du passeur. Voyez comme Jésus s’y dresse et souvenez-vous que, comme Lui, vous devrez y être fixés ! Ne craignez pas ! Quelque soient vos souffrances, les deuils à endurer, les infidélités à supporter, les peines que vous avez à porter et que vous porterez encore, rappelez-vous que Jésus « a présenté, avec un grand cri et dans les larmes, sa prière et sa supplication à Dieu qui pouvait le sauver de la mort ». Pour vous et avant vous.

Jésus est donc bien en situation de nous conduire vers une terre meilleure, une contrée de liberté. Il est un passeur sûr. Contrairement aux autres passeurs de ce monde, qui entretiennent les rêves et se font cher payer, lui, au contraire, nous donne de vivre la réalité. Il nous donne de l’affronter et de la traverser pour être plus forts. Il ne se fait pas payer ; il offre tout par amour. Sur la croix, il étend les bras pour réunir en Lui toute l’humanité ; chacun y a sa place : riches et pauvres, petits et grands, opprimés et libres, désespérés et heureux, malades et bien-portants. Jésus nous précède pour ouvrir la route. Un chant allemand nous fait dire : er ist eine sichere Leiter, une échelle sûre. N’ayons pas peur, arrivés au Golgotha, de poursuivre la route et de prendre place sur la croix !

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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