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vendredi 16 octobre 2020

Homélie du 29ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 18 octobre 2020

On imagine sans trop de mal la scène. Les messagers des pharisiens d’une part et les partisans d’Hérode d’autre part ont reçu la consigne d’avoir Jésus par ruse. L’embuscade est décidée et elle débutera en passant « de la pommade ». Et cette flagornerie grossière n’a d’égal que l’hypocrisie qui la sous-tend. Qui, avec un peu de bon sens, pourrait croire ces mensonges dignes de ceux Blaze dans la Folie des Grandeurs : « Et maintenant, Blaze, flattez-moi ! » ? Jésus évidemment n’est pas dupe. Il comprend le piège qu’on lui dresse et il sait que sa réponse en fera se refermer sur lui les mâchoires acérées. Car la question n’est pas anodine. Au-delà de la dimension fiscale et pécuniaire, Jésus est acculé à prendre position pour ou contre le pouvoir romain, pour ou contre l’occupation romaine. Il doit choisir : résistant valeureux ou lâche « collabo ».  Or pour lui cette question n’est pas d’abord politique : elle est spirituelle. Il n’est pas là pour cela mais pour rappeler pour tous et toutes choses la primauté de Dieu.


Pour Jésus, il ne s’agit pas tant d’affirmer la priorité du spirituel sur le temporel, ou l’inverse, de savoir – en transposant nos catégories contemporaines et que certains aiment à exploiter – si le dernier mot revient au pape ou au président de la république. Le débat ne porte pas dans l’évangile sur la laïcité et sur la séparation des pouvoirs. Il est vrai que l’Histoire en porte les traces car, rapidement, on peut tomber dans l’une ou l’autre acception. Nombre de nos débats actuels, notamment sur les questions bioéthiques, ou très récemment sur l’allongement de l’IVG, pourraient nous entrainer dans de telles considération pharisiennes. Revenons alors à la quintessence de l’enseignement de Jésus. Que dit-il ? 


Selon Jésus, inutile de proclamer la mort de Dieu pour laisser l’Etat exercer ses responsabilités. Le prophète rappelait dans la première lecture qu’il est même possible de porter un regard de foi sur un ancien empereur païen, Cyrus. Isaïe fait l’expérience que, hors du Seigneur d’Israël, il n’en est pas d’autre. Dieu infuse de sa présence toute la société humaine qu’elle qu’en soit le régime. Dieu reste toujours présent et il ne peut être chasser à coup de lois ou de dictatures : « Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre : hors de moi, pas de Dieu ». Les Césars de toutes sortes, en effet, se remplacent à vive allure sur des trônes éphémères. Leur existence renvoie à une béance perpétuelle. La présence de Dieu est d’un autre ordre. 


Le denier représentait le buste de l’empereur avec l’inscription « Tibère César, fils du divin Auguste, Auguste » : prétention divine blasphématoire pour les Juifs ! Mais Jésus reconnaît avec habileté dans les pragmatiques hérodiens et les déistes pharisiens la souveraineté politique romaine du moment : le prince qui frappe monnaie a l’autorité temporelle sur le pays. Lui Jésus ne veut pas être un Messie politique. Et les croyants demeurent des citoyens tenus à remplir tous leurs devoirs : nous devons observer les lois et donc payer nos contributions. 


S’il faut rendre à l’Empereur l’impôt (la pièce frappée à son effigie), il faut plus encore rendre à Dieu ce qui porte son image. Or qu’est-ce qui porte l’image de Dieu ? Ainsi que le déclare le premier récit de la création : l’être humain ! Tout être humain, quels que soient sa couleur de peau, son état de santé, son âge, sa condition, porte l’empreinte divine et il est donc revêtu d’une dignité inaliénable. L’Etat ne dispose cependant pas d’un pouvoir inconditionnel, il ne peut empêcher l’humain de « se rendre à Dieu », il ne peut imposer l’athéisme en combattant la religion vue comme une superstition néfaste, ni imposer des lois qui brident la liberté et bafouent la dignité humaine.


Le monde dans lequel nous vivons n’est que l’ébauche du Royaume des cieux. En nous rendant semblable à Celui dont l’effigie est gravée au fond de nos cœurs, son Royaume grandira et transformera ceux de ce monde. Que notre charité « se donne de la peine » et que notre espérance « tienne bon » pour ne pas déserter nos engagements ! 


AMEN.


Michel STEINMETZ  †


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