Voilà une semaine que nous avons emprunté le chemin
de la venue du Christ. Aujourd’hui, le chemin dont nous parle le prophète
Baruch, c’est celui par lequel les déportés d’Israël vont pouvoir rejoindre
Jérusalem, c’est le chemin du retour, du pèlerinage et de la renaissance. Les
juifs ont été déportés après une défaite militaire, voilà qu’ils sont ramenés
chez eux, non pas par une victoire militaire, mais par la puissance de Dieu.
Car Dieu va non seulement tracer le chemin à travers le désert, mais encore le
rendre praticable en abaissant les collines, en comblant les ravins, en
aplanissant les sols. Les juifs sont partis dans les larmes, ils reviennent en
chantant. Leurs pères sont partis écrasés par la défaite, ils reviennent tous
joyeux de retrouver leur terre, leurs villes et de restaurer l’alliance avec
Dieu.
Quand l’évangile de Luc nous annonce la
mission de Jean-Baptiste, il prend soin d’énoncer très clairement le cadre
géographique et historique de cette mission : non seulement qui est empereur à
Rome, mais encore gouverneur en Judée, celui qui a le pouvoir en Galilée, au
pays d’Iturée et de Traconitide, en Abilène, et puis les deux grands prêtres
qui ont le pouvoir au grand Sanhédrin à Jérusalem : Hanne et Caïphe. De tous
ces personnages, on trouve trace dans l’histoire universelle. Ils situent
l’intervention de Dieu dans un cadre défini d’espace et de temps, dans des
événements historiques repérables. Le chemin de Dieu va concrètement
s’esquisser au cœur de la vie tumultueuse des hommes. Pas de manière extérieure
ou extraordinaire, mais en traversant l’histoire. C’est là que Dieu y révèle
son salut. Á ce moment-là, le prophète Jean-Baptiste n’annonce pas la victoire
d’Israël, mais il annonce un chemin. Ce chemin ne va pas ramener les déportés
de jadis, mais ce sera le chemin par lequel va venir le Sauveur. Il ne traverse
pas le désert mais les ténèbres dans lesquelles le peuple est plongé, il
traverse l’oubli de la Parole de Dieu et de l’Alliance, il traverse les erreurs
dans lesquelles ils ont sombré par leur manière de vivre.
Redresser le chemin, aplanir les obstacles,
combler les ravins : apparemment ce n’est plus Dieu qui prépare le chemin pour
son peuple, c’est le peuple qui est appelé à préparer le chemin pour son Dieu.
Et cette préparation c’est, comme nous l’indique l’évangile, la conversion des
cœurs ; c’est le baptême de conversion pour le pardon des péchés auquel
Jean-Baptiste appelle le peuple qui l’écoute.
Paradoxe que présente ce chemin. En effet, le
prophète Baruch nous dit que c’est Dieu qui le travaille, l’aplanit, le rend
praticable pour son peuple, alors que l’évangile de Luc, par la bouche de
Jean-Baptiste, nous dit que c’est au peuple de le préparer pour que le Seigneur
vienne. Il ne s’agit pas d’une contradiction ou d’un renversement de l’approche
de la foi. Il s’agit au contraire de prendre conscience que la venue du Christ
est à la fois un don de Dieu, celui qu’il envoie dans le monde, celui qui va
être le Verbe incarné, Dieu vivant au milieu des hommes, et en même temps un
appel à tous les cœurs, à toutes les libertés à se convertir et à lui laisser
la voie libre pour se rendre accessibles à cette visite du Messie.
AMEN.
Michel
Steinmetz †
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