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samedi 29 décembre 2018

Homélie de la fête de la Sainte-Famille de Jésus, Marie et Jospeh (C) - 30 décembre 2018

Sûrement on s’étonne devant ce petit prodige. Un jeune de douze ans, qui a certes atteint la majorité religieuse pour le judaïsme d’alors, mais qui, avec un aplomb déconcertant, répond aux docteurs de la Loi. Nous-mêmes nous pouvons être impressionnés par la sagesse et l’intelligence qui se dégagent de cet enfant. Nous pouvons être saisis par sa hardiesse dans une pareille situation. Pourtant, la pointe de l’évangile n’est pas à chercher dans cette direction. Ici point de casting pour une émission de télé-réalité, nul « Jérusalem a un incroyable talent » pour paraphraser un titre devenu célèbre, nul « Voice kids ». Il y a bien plus.
 
Le pèlerinage à Jérusalem en dit long sur l’état d’esprit dans cette famille, tout aussi atypique qu’elle est sainte. Marie et Joseph respectent scrupuleusement la loi qui demande dans le livre de l’Exode et du Deutéronome (Ex 23, 14-17 ; 34, 22-23 ; Dt 16, 16) à monter à trois reprises durant l’année en pèlerinage à Jérusalem. L’occasion est donc religieuse et la démarche spirituelle. On imagine sans mal cette famille entourée d’une très large parenté insérée à un « convoi de pèlerins », comme le dit Luc. C’est au retour qu’on en vient à chercher l’enfant. Peut-être s’est-il mis avec d’autres jeunes de son âge. Il n’y a aucun reproche d’insouciance à adresser à Marie et Joseph. Ils le cherchent et leur angoisse grandit au fur et à mesure que les heures passent. Ils font le chemin inverse et enfin trouvent Jésus au temple.
 
L’indication des trois jours n’est évidemment pas anodine. Elle laisse esquisser qu’un mystère se dévoile à nos yeux, comme à ceux de Marie et de Joseph. Jonas resta jadis prisonnier du montre marin durant trois jours avant de réapparaître et il en sera de même pour le Christ avant que ne resplendisse ce que Dieu son Père a fait pour lui en le réveillant de la mort. D’ailleurs, ici, dans l’évangile du Luc, la première parole de Jésus, avant même qu’il ne commence son ministère public, et comme ce sera le cas pour sa dernière parole, est pour nommer son Père. Voilà la clé de notre compréhension : le Père. Jésus révèle ici le lien intime qui l’unit à Dieu. A douze ans, il ne peut maîtriser la sagesse des anciens, il ne peut prétendre ni à leur expérience ni à leur expertise de la Loi. Même doté d’un don hors du commun, il fait preuve d’une intelligence qui dépasse l’entendement. Assis sur le parvis, là où se tiennent les docteurs de la Loi et là où il enseignera lui-même plus tard il converse avec ces spécialistes d’égal à égal, et plus encore : ceux-là « s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses ». Il n’est nullement précoce ; la Loi sur laquelle il disserte avec aisance et assurance n’est pas une parole extérieure pour lui et qu’il aurait apprise. Elle lui est intime. La Parole de Dieu, c’est sa Parole ! Il est le Verbe de toute éternité, Parole de Dieu désormais faite chair.
 
Alors que saint Bernard de Clairvaux compare l’incarnation à un couffin rempli de la miséricorde divine que Dieu nous aurait envoyé et que la Passion fera éclater pour que se répande cette miséricorde, aujourd’hui au Temple ce couffin laisse entrevoir ce qu’il contient : l’amour d’un Dieu qui vient à notre rencontre. Marie et Joseph eux-mêmes commencent à percevoir le mystère de la filiation divine, bien qu’ « ils ne comprirent pas [à ce moment-là] ce qu’il leur disait ».  
 
Ainsi cette scène de Jésus au milieu des docteurs de la Loi est une révélation, une épiphanie, du mystère de Dieu en Jésus. Comme l’annonce des anges aux berges, comme les présents symboliques qu’offriront les mages, comme la colombe et la voix céleste au baptême qui témoigneront de sa condition de Fils bien-aimé, comme le signe messianique de l’eau changée en vin à Cana, aujourd’hui Jésus, au temple, révèle qui il est. Soyons comme Marie et Joseph des témoins de cette scène et entrons avec eux dans ce mystère d’un Dieu parmi nous. Ne nous arrêtons pas aux pieux sentiments qui nous feraient nous extasier devant un prodige en herbe. Jésus nous révèle qu’il est le Fils de Dieu, la Parole de Dieu faite chair.
 
AMEN
                                                                                                          
Michel Steinmetz

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