On nous dit souvent
que les chrétiens ont une chance par rapport aux autres parce qu’ils ont la
foi. Je voudrais vous inviter à réfléchir sur cette chance que vous avez reçue.
Comment s’articulent ces difficultés quotidiennes qui scandent nos vies et cette
grâce que nous avons reçue par la foi ? Traversons-nous la vie en somnambule,
en dormant ou bien demeurons-nous éveillés et debout ?
Quand le Christ
annonce des évènements extraordinaires qui marqueront son retour, on a tendance
à penser que cela ne nous concerne pas. On lit dans l’Évangile qu’ « il y aura
des signes dans le soleil, la lune et les étoiles » (Lc 21, 25) et l’on renvoie
cela à plus tard ! Pourtant aujourd’hui, au XXIe siècle, il y a des
cataclysmes, des accidents imprévisibles, des bouleversements, il y a tout ce
que l’évangile évoque par les fracas de la mer et de la tempête qui vont
affoler les nations. Et il faut bien constater qu’en certaines nations, un
climat d’affolement s’installe et s’entretient. L’évangile ajoute : « les
hommes mourront de peur ». Nous entendons souvent, mais peut-être n’y
faisons-nous plus attention, s’exprimer cette peur de l’avenir. Des hommes sont
mobilisés pour exprimer des dangers potentiels et des risques, de sorte qu’ils
créent et entretiennent des peurs, et entraînent ainsi des réactions de
protection et d’isolement. Mais on oublie une chose que nous dit l’évangile :
ces évènements -le soleil, la lune, les étoiles, les fracas de la mer et de la
tempête, l’affolement des nations, la peur des hommes-, ce sont des signes !
Evidemment ils existent, ils ont un contenu, mais ce sont des signes si nous
les vivons et les regardons dans la foi. Le signe, c’est un évènement, une
parole, une image, une réalité qui nous dit quelque chose, parce que nous le
considérons en gardant dans notre cœur une certitude : Dieu n’a pas établi
l’homme sur terre pour le mettre à mort, Il l’a placé sur terre pour lui donner
la vie. C’est pour lui donner la vie qu’Il a mis en œuvre toute cette
organisation extraordinaire de la création et du déroulement de l’histoire.
Aussi quand nous sommes pris dans les évènements, nous ne sommes pas seulement
des reporters ou des témoins qui enregistrons et notons soigneusement des
risques sur une échelle de catastrophes. Nous discernons un signe. Quel est-il
? Ce signe, c’est qu’à travers les drames, les difficultés, les obstacles que
rencontre l’existence humaine, le Christ vient pour nous sauver : « redressez-vous
et relevez la tête car votre rédemption approche » (Lc 21, 28). Ainsi, nous qui
voulons suivre le Christ, nous savons que nous pouvons mettre en Lui notre
espoir. Il est notre force. C’est lui qui nous permet de passer au travers des
aléas de l’existence et des catastrophes et de ne pas être anéantis par eux. Celui
qui a confiance ose garder la tête haute ; il ne tremble pas de peur ;
il continue d’avancer. Il va à la rencontre du Christ. Et parce que la tête
demeure haute, il est possible de voir, de voir même au loin. Celui qui a peur
baisse la tête et ne voit que ses pieds. Celui qui n’a pas peur a les yeux
tournés vers le bout du chemin. De fait, sa route s’ajuste à celle du Seigneur :
« Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route »
(ps. 24). Quel est le secret de cette voie ? Quels moyens pour y rester ?
« Amour et vérité ».
Ce temps de l’Avent
qui s’ouvre aujourd’hui est un appel à ne pas nous laisser endormir ou
asphyxier par les évènements, mais à nous réveiller, à prendre conscience que
nous possédons une force considérable pour changer le monde. Cette force pour
changer le monde, c’est la force de l’amour que le Christ est venu mettre en
œuvre parmi nous et qu’il a répandue en nos cœurs par la foi. C’est comme cela
que saint Paul s’adresse aux Thessaloniciens : « que le Seigneur vous donne
entre vous et à l’égard de tous les hommes un amour de plus en plus intense et
débordant » (1 Th 3, 12).
La force qui va nous
permettre de rester debout dans les tempêtes, de garder l’espérance à travers
toutes sortes de difficultés y compris celles qui nous touchent personnellement
et qui peuvent nous dépouiller, la force qui va nous permettre d’être témoins
de la bonne nouvelle du salut, c’est la foi au Christ.
AMEN.
Michel
Steinmetz †
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