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dimanche 23 décembre 2018

Homélie de la messe de la Nuit de la Nativité du Seigneur - 25 décembre 2018

Noël de tous les contrastes. Alors que les nuits sont les plus longues de l’année, les chrétiens fêtent la venue du Fils de Dieu qu’ils confessent être la lumière dissipant toutes les ténèbres. Alors que les retrouvailles familiales nous rassemblent, certains demeurent seuls, isolés et abandonnés. Alors que des repus se prélassent dans leur bien-être, d’autres sont contraints de mendier et de dormir dehors, sous des cartons. Alors que notre ville scintille de mille et mille feux, que la foule s’y presse, il a fallu la folie meurtrière et barbare d’un seul pour y semer la terreur et la consternation. Alors que notre cœur est en prise avec ses propres zones d’ombre et d’obscurité, ses égoïsmes, ses doutes et ses avidités, la bonne nouvelle de Noël retentit et elle est simple. Dieu parmi nous.
Nous savons bien que si nous attendions un monde idéal, nous ne fêterions pas Noël, ni cette année, ni les suivantes. Notre monde est tel qu’il est, tel que nous l’avons devant les yeux. Il y plus de deux mille ans, il en était déjà ainsi. Dieu avait fait alliance avec son peuple et il a fallu des prophètes pour tenter de faire revenir ce peuple dans les chemins du Seigneur. Rien n’y faisait. Tête dure et nuque raide, ce peuple choisi aimait penser qu’il trouverait sa force en lui-même, dans sa fierté, dans ses ressources. Dieu pourtant décidait de ne pas désespérer. Quand bien même, l’occupant romain, dont l’évangile prenant le soin de nous rappeler les noms de ses dignitaires, imposait ses vues en Galilée, Jean-Baptiste s’époumonait en proclamant l’imminence du temps de Dieu et l’appel à la conversion : « une voix criant dans le désert ». Rien de plus. Alors Dieu a décidé de donner son propre Fils, Jésus, l’Emmanuel. Non un prophète dont le nom s’ajouterait à la longue liste des porte-paroles de Dieu. Dieu lui-même, non plus une voix, comme se plait à le rappeler saint Augustin, mais le Verbe, la Parole. Dorénavant l’humanité pouvait trouver en elle-même la source et la force de son salut, parce que Dieu avait pris cette humanité.
 
Le monde, cette nuit-là, est bien sombre. Obscurité et pauvreté pour un couple venu de Nazareth à Béthléem. Des exclus bien malgré eux qui ont trouvé refuge dans une maison commune. Et d’autres marginaux, non considérés par le style de vie pastoral qu’ils mènent, sont les premiers témoins de cette révolution pour l’humanité. Au cœur de la nuit, « une troupe céleste innombrable », l’ensemble des cieux tressaillent de joie car ils savent, eux, ce que Dieu est en train de faire. Pourtant, sur terre, tout le monde dort dans l’insouciance et le poids du quotidien. Comment cela serait-il possible ? Allons donc… L’occupant est là ; la vie est dure. Dieu nous aurait oubliés. Pourtant, les bergers, eux, sont tirés de leur sommeil léger. « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur terre aux hommes qu’il aime ». Ont-ils la berlue ? Ils sont pressés d’aller voir. Et ils verront. Contraste entre la gloire d’un Dieu qui vient renouveler le monde et le petit enfant vagissant entre Marie et Joseph.
Voilà pourquoi nous pouvons légitimement fêter Noël ce soir. Parce que Dieu n’a pas attendu de trouver un monde idéal et parfait pour venir y demeurer dans un accès de condescendance. Dieu vient à notre rencontre pour que « le peuple qui marchait dans les ténèbres » voie « se lever une grande lumière » (Is 9, 1). Il ne vient pas sous condition « car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. » (Tt 2, 14) Par contre, quand Dieu se fait homme, il révèle à l’homme ce qu’il avait oublié de propre nature : il a en lui la capacité à faire le bien. Telle est sa vraie nature. Par-delà tout ce qui noircit et salit la condition humaine, ce qui la pervertit et ronge jusqu’aux moelles de sa dignité, dans le non-respect de la vie à son commencement et à sa fin, par-deçà les immondices que nous accumulons et qui finiraient par nous faire croire que nous sommes comme cela, Dieu se plaît à nous montrer ce soir que nous ne devons désespérer ni de nous-mêmes ni des autres.
C’est une bonne nouvelle que nous apporte le petit Enfant de Dieu. Où que vous en soyez dans votre existence, sachez qu’aucune ténèbre ne résistera à la puissance de son amour. Et si vous vous estimez blasés, pensez nantis et repus, sachez-le aussi, c’est votre part de ténèbres et le Christ saura se faufiler dans les jointures de votre être pour vous apporter sa douceur et sa paix.
 
 
AMEN.
 
                                                                                                   
Michel Steinmetz

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