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vendredi 3 novembre 2017

Homélie du 31ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 5 novembre 2017

Évangile polémique. Jésus dénonce le comportement des scribes et des pharisiens : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas.» Voilà qui se situe encore dans la suite de ce que nous entendions les dimanches précédents. Ne cédons ni à la généralisation hâtive, ni à un affadissement de la pointe du texte qui nous laisserait penser que cela ne nous concerne pas ou plus.
 

Jésus dénonce tout d’abord l’hypocrisie : « Ils disent mais ne font pas. » C’est le décalage bien connu, pour ne pas dire la contradiction, entre ce qui est demandé aux autres et ce qu’on fait soi-même, entre ce qu’on impose aux autres à cause de l’autorité qu’on a et ce qu’on s’impose à soi-même. Faire soi-même ce qu’on dit, c’est là une exigence de la vérité qui doit habiter tous ceux qui sont en situation d’autorité ou de responsabilité : prêtres, parents, éducateurs…
Mais Jésus n’en reste pas qu’à ce seul registre. Il dénonce le détournement de la religion à des fins personnelles. C’est la tentation de l’homme religieux qui, au lieu de servir Dieu, de s’effacer devant lui, de le mettre vraiment au centre de sa vie, se met lui-même au centre, se sert de Dieu et de la religion pour assouvir sa soif de pouvoir, asseoir sa respectabilité sociale ou répondre à son besoin de paraître. Ce type de comportement peut mener à la plus sauvage des violences, comme nous l’avons vu dans l’Histoire et récemment au Moyen-Orient. « Ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogue et les salutations sur les places publiques.» Cet homme assoiffé d’honneurs est littéralement fasciné par l’image qu’il veut donner de lui-même et par celle que les autres lui renvoient. Jésus dans le désert a lui-même été confronté à cette tentation du détournement à son profit du service de Dieu. Au tentateur pourtant il répondra : « Il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et c’est à lui seul que tu rendras un culte » (Luc IV, 8). Cette tentation peut nous guetter tous, nous aussi ; elle peut guetter l’Église. Sommes-nous signe ou écran ? Sommes-nous serviteurs ou gérants établis à notre compte ? Accumulons-nous les titres d’enseignant, de père et de docteur (ou de maître) ou bien renvoyons-nous tout cela au seul qui l’est en plénitude : le Seigneur, ou Celui dont nous ne sommes que les serviteurs ?
 

Le vrai message de l’évangile de ce dimanche ne se réduit pas à une question de vocabulaire. Il n’est pas de cesser de saluer un prêtre du nom de « Père » ou un religieux du nom de « maître des novices ». C’est pour chacun de vivre au quotidien le reflet de l’amour de Dieu tel que le Christ nous l’a reflété en sa vie. Pour le Christ, l’autorité n’est pas ni un pouvoir, ni un privilège. Elle doit être humblement assumée pour servir les autres. Ce fut ainsi qu’il agit lui-même au soir du Jeudi-Saint, alors qu’il commençait l’ultime phase rédemptrice de sa Passion. Le geste du lavement des pieds de ses apôtres est signifiant. « Je vous ai donné un exemple.» (Jn 13,15)
 

Fils d’un même Père, frères au service les uns des autres, cette attitude se doit d’être vécue aujourd’hui. La question de l’autorité n’a rien perdu de son autorité. Les déviances sont dans notre société avec le pouvoir, les « influences » et l’argent. C’est vrai aussi dans le domaine religieux quand les motivations utilisées deviennent dominatrices dans les déviances des sectes. L’inquiétude, la précarité, la solitude de nos frères sont les signes que nous avons un peu oublié l’Evangile. Notre mission est d’être frères, serviteurs de nos frères. C’est d’être humblement à l’écoute des tâtonnements de chacun, sans lui asséner nos fallacieuses certitudes de « maîtres ». C’est d’apporter convivialité, chaleur humaine et paix intérieure à ceux qui cherchent un peu de paix auprès de nous.
 

« De plus en plus, Seigneur exerce en nous ta puissance, afin que, fortifiés par tes sacrements, nous devenions capables, avec ta grâce, d’entrer en possession des biens qu’ils promettent » (Prière après la communion)
 

AMEN.
                                                                                                                                                                                                                      
 

Michel Steinmetz

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