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lundi 13 octobre 2014

Homélie du 29ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 19 octobre 2014

Homélie prononcée dans le cadre de l'assemblée générale de l'Union Sainte Cécile du diocèse de Strasbourg
 
 
Pour comprendre exactement le message de Jésus, dans cette scène de l’évangile, il nous faut d’abord comprendre qui sont les acteurs en présence et le sens de cet impôt à César pour le juif pieux de l’époque. Les Hérodiens, farouches partisans de la dynastie des Hérodes qui occupent leur fonction par la grâce de Rome, sont résolument du côté de l’occupant romain. Les Pharisiens, eux, sont simplement soucieux de trouver un compromis avec Rome et de garder leur indépendance religieuse. Cependant, les deux groupes se liguent, une fois n’est pas coutume, à propos de la très célèbre controverse sur les impôts civils. Tout comme nous, les Juifs étaient sujets à de multiples impôts dont l’impôt religieux, la dîme au temple et ceux dus à l’Etat romain étaient les plus importants. Les Juifs ne rechignaient pas trop à s’acquitter des premiers, expression de leur foi et de leur piété. En revanche, les autres étaient mal supportés et surtout des pharisiens. En effet, ceux-ci consistaient en un impôt foncier sur les terrains et les propriétés. Or, la Terre Sainte et Promise, était, pour eux, propriété de Dieu et non de l’Empereur.
 
Jésus est habilement piégé. Ne pas payer, c’est être un mauvais citoyen, payer c’est être un citoyen impie ! Dans un cas, c’est le triomphe des hérodiens, dans l’autre celui des pharisiens ! Mais Jésus dénonce là une manœuvre hypocrite et perverse. Quand Jésus se fait apporter un denier, il est bien démontré que ni lui ni ses disciples n’ont cet argent sur eux, tandis que les pharisiens, soi-disant opposés à Rome, eux, en possèdent. Quand Jésus renvoie à César ce qui lui appartient et à Dieu ce qui lui revient, il nous livre la véritable leçon de cet épisode. Il y a autre chose à faire qu’à controverser entre soi à propos de l’impôt.
 
La seule chose qui compte, le plus important, c’est de se situer face à la prédication de Jésus, pour ou contre Dieu, ouvert ou fermé au Royaume dont Dieu le Père est le Roi et Jésus le prophète. Par le baptême, le chrétien est citoyen du ciel. Et seul Dieu y règne, non par des impôts mais par sa grâce de lumière et d’amour. L’Etat est renvoyé à sa caducité, sonore et trébuchante. L’homme est renvoyé à sa vraie nature qui est d’être à l’image de Dieu. Si le denier est frappé à l’effigie de César, le chrétien, lui, est crée à l’image et à la ressemblance de Dieu. Nous le savons depuis le livre de la Genèse quand Dieu fait l’homme et la femme à son image et à sa ressemblance. L’image de Dieu, c’est l’humain, c’est le visage par excellence de son Fils, Jésus. Etes-vous décidé à lui appartenir aussi totalement que ce denier appartient à Tibère ? Voilà la conversion que Jésus attend de nous tous.
 
Cet épisode nous rappelle notre dépendance totale par rapport à Dieu. Il ne s’agit pas de fabriquer des dieux à notre image, surtout celle de l’argent, mais de découvrir que la seule image de Dieu, c’est nous. A nous d’en témoigner. Essayons de ne pas être un reflet de Dieu trop flou mais bien plutôt, un reflet exaltant et un instrument possible de générosité et de fraternité, afin que le monde en arrive à aimer la lumière de Dieu, à travers nous. Dans un monde où l’argent est devenu un dieu, donnez une autre image que celle d’être ses vassaux demande l’Evangile. Il nous propose une autre manière de vivre. Que le souci du bien-être personnel ne nous fasse pas oublier celui des autres ! Le denier, l’argent, César sont les symboles et les signes d’une vie bouclée sur elle-même et aux antipodes de la richesse vitale de la vie Eternelle. Si la préoccupation angoissante des biens terrestres nous distrait des valeurs évangéliques, c’est que nous rendons à César des devoirs que nous devons à Dieu. L’Evangile attaque le problème au niveau le plus profond, au niveau de l’option pour Dieu. Serez-vous serviteur du César-argent, esclave et idolâtre ou disciples de Dieu, ami et frère du Seigneur ?
 
Chers amis choristes, la même question nous est posée au cœur de l’acte de chant dans nos célébrations. Notre chant est-il ouvert sur le Royaume de Dieu ? Est-il l’expression de notre désir de conversion ou bien est-il seulement l’affirmation de notre faire-valoir, de nous mettre en scène sous couvert d’un service de la foi ?
 
AMEN.
 Michel Steinmetz  

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