Homélie prononcée à l'occasion de la messe de rentrée
Quelle page d’évangile ! Ne trouvez-vous
pas quelque peu gênant d’être ainsi mis en cause ? Car, qu’on le veuille ou non, nous ne pouvons
pas faire comme si nous ne nous sentions pas concernés par ces vignerons
homicides. Au fond de nous, quelque chose nous pousse à nous questionner. Et si
nous en étions ? Pensez-vous ! Quand même ! Nous ne sommes pas
parfaits, mais nous n’irions pas jusque là. C’est vrai, et ce soir vous êtes
là. Vous êtes à la messe, vous répondez à l’appel du Seigneur. Beaucoup,
enfants, jeunes, familles, vous débutez cette année en cheminant vers un
sacrement. Homicides, assassins, tueurs, c’est un peu fort. Passe encore pour
reconnaître n’être guère assidus à la pratique religieuse, à la vie de prière,
à la charité.
Pourtant, dans la parabole, les rôles sont
clairs. Le maître, c’est Dieu. Les vignerons, c’est nous ! Et le fils
envoyé, avec le fol espoir que lui au moins soir respecté, c’est Jésus-Christ.
Nous sommes les vignerons, les gérants de la vigne du Seigneur. Cette vigne, c’est
l’Eglise dont nous sommes tous responsables en vertu de notre baptême. Oui,
cette Eglise n’est pas l’affaire des curés, voire des religieux ou des
religieuses, vous le savez. Elle est constituée d’une multitude de membres,
chacun à son importance, son utilité, sa nécessité. Alors, face à la sans doute
plus sombre de l’Evangile, en quoi sommes-nous ces vignerons homicides ?
Concrètement, ce danger guette nos communautés
et notre communauté de paroisses. Sans cesse, chacun et chacune de nous doit
remettre le métier l’ouvrage de sa conversion. Oui, il est plus confortable de
rester chez soi que d’aller à la messe le dimanche ; oui, il est plus
facile de sa laisser aller à la rumeur que de jouer la confiance en l’autre ;
oui, il est plus aisé de démolir, de détruire que de se réjouir de ce que d’autres
font. Quel témoignage donnons-nous ainsi du Christ Seigneur ? Pourquoi
donc a-t-il donné sa vie pour nous si c’est pour un si piètre résultat ?
Il veut nous sauver et nous semblons lui demander d’aller voir ailleurs.
Nous avons cette formidable chance de pouvoir bâtir
notre vie, et, chers parents, celle de vos enfants, sur une « pierre
angulaire ». C’est le Christ. Dans un monde où tout semble vaciller, où
rien ne semble plus établi avec certitude, où tout ne cesse de changer, nous
avons cette folle mais avérée assurance que c’est là « merveille sous nos
yeux ». Soyons sérieux ! Soyons conscients de la chance qui est la nôtre !
Qu’un jour nous ne soyons pas trouvés en insuffisance au point de nous voir
déposséder du trésor du Royaume des cieux !
" Dieu conduit par sa grâce : voilà qui
m’est apparu particulièrement tangible ces dernières semaines. Je crois que je
distingue mon devoir plus clairement et plus précisément. Certes cela signifie
aussi que je prends conscience, toujours davantage, de mes limites réelles ;
mais dans le même mouvement et malgré ces limites, je prends conscience aussi
de la possibilité d’être un instrument de Dieu », voilà ce qu’écrivait
Edith Stein, la sainte patronne de notre communauté.
En ce début d’année pastorale, je vous exhorte,
au nom du Christ, à vivre en chrétien ! Soyez fiers de ce que vous êtes !
Devenez-le plus ! Ayez le courage, heureux et respectueux, de vos
convictions authentiquement chrétiennes !
AMEN.
Michel Steinmetz †
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