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jeudi 30 octobre 2014

Homélie des vêpres de la Toussaint - 1er novembre 2014

Les Béatitudes entendues ce matin dans l’évangile de la messe nous annoncent un monde différent, où la logique de Dieu l’emporte sur la logique des hommes. Enfin, les choses seront renversées : les petits, les exclus, les souffrants deviendront riches du Royaume de Dieu. Tout en cette vie n’aura pas été vain. Mais qu’en est-il aujourd’hui pour nous ? Que reste-t-il de ces affirmations lapidaires. Elles annonçaient un règne de bonheur et nous continuons de vivre dans un monde déchiré. Ce règne de bonheur devait s’engendrer à partir de la pauvreté et des larmes et c’est bien la souffrance et l’inégalité qui perdurent et elles n’engendrent que le chaos. Il faut se dire avant tout que c’est le même constat d’échec apparent que firent les premières communautés chrétiennes après la mort de Jésus.


A quoi d’ailleurs servirait la parole de Dieu si elle n’était que le miroir rassurant de nos vues à court terme et de nos égoïsmes ? Les Béatitudes nous disent que celui qui s’ouvre à Dieu sera toujours persécuté. Ce qu’il y a dans le monde d’impur, de perverti, luttera toujours contre le Bien. Ce combat est la condition du Royaume. Cette tension est le signe que le Royaume est bien là et que le monde s’y oppose.


Si vous souffrez du mal dans le monde, la parole de Dieu nous dit : vous êtes les élus du Royaume et c’est à vous que s’adressent ces béatitudes. Le mal n’aura pas le dernier mot. Il n’en sera pas toujours ainsi. La Résurrection du Christ vous assure de la victoire finale. La possibilité de vivre, un temps soit peu, cette foi en une telle parole n’est due qu’à la Résurrection du Christ, qu’à l’Esprit de Dieu en nous, qu’à la grâce de notre conversion à Dieu. Le mal du monde ne peut se supporter que dans la foi. Le deuil du monde ne peut se vivre que dans un grand amour. Pour l’évangile, il est certain que le Paradis n’est pas pour cette terre. Mais, les Béatitudes nous disent aussi que l’abandon de nos illusions ne signifie pas nécessairement le triomphe de nos afflictions. Face à nos malheurs accablants, ces fractures magistrales du monde, les Béatitudes proclament un Dieu qui veut faire de nous des Vivants !


Comment ? La grande leçon des Béatitudes, selon saint Luc, c’est face au mal, aux inégalités, aux injustices, un appel afin de retisser toutes les solidarités possibles entre nous, précisément à partir de nos expériences communes de douleurs et d’échecs. Ce Royaume de félicité, dont il est question dans les Béatitudes, à vous de l’établir ici-bas par tous vos efforts de solidarité. Cet appel des Béatitudes à nous sentir solidaires les uns des autres rejaillit sur ceux qui sont dans la tristesse et que nous portons dans la prière cette après-midi en nous rendant, tout à l’heure, au cimetière. Vous connaissez la souffrance vive de la perte d’un être cher, sachez que, humblement mais réellement, la prière d’une communauté vous porte et vous porte avec votre tristesse vers le Père de toute consolation. La solidarité des Béatitudes réaffirme encore notre communion avec tous ceux qui cherchent et ont cherché les traces du Royaume de Dieu dans leur vie terrestre. Tous sont vivants en Dieu : nous qui sommes encore là et qui avançons comme à tâtons, et ceux qui, déjà, découvrent qu’ils n’ont pas cherché en vain. Nous les pleurons mais ils sont pour nous une cause de réconfort et une occasion de joie.


Les Béatitudes nous invitent à réveiller en chacun de nous le désir de Dieu. Elles nous disent : « Nul bonheur n’est entier s’il n’est partagé. » Nos frères et sœurs les saints partagent ce bonheur avec nous. Nos frères et sœurs défunts qui entrent dans la lumière de Dieu et la découvrent nous invitent à la joie.

 
Michel STEINMETZ †

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