Le roi qui célébrait les noces de son fils
envoya encore d’autres serviteurs. On voit l’angoisse, l’inquiétude de ce
roi. Il a tout préparé et personne ne vient. Cette situation
désespérante est - hélas ! - facile à imaginer. Vous l’avez déjà sans
doute rencontrée. Vous vous imaginez que dans telle ou telle occasion, on
pensera à vous, on viendra à vous, vous recevrez une marque de sympathie :
et rien. Rien ne vient.
Le Christ s’élance ainsi vers nous et ne rencontre souvent qu’indifférence ou inattention. Oh ! Ce n’est pas de la méchanceté. Ce n’est que de la maladresse. Les invités aux noces royales ont tous de bonnes raisons pour ne pas venir. L’un va à son champ, l’autre à son commerce. L’un est occupé à ses prières, l’autre est plongé dans ses papiers. Dieu nous parle pourtant de mille façons, dans la prière et les sacrements, mais aussi à travers les personnes que nous rencontrons, mais que nous ne voyons pas, parce que nous sommes trop occupés. Et c’est ce que nous essayons de faire aujourd’hui, de laisser à l’extérieur de cette église tous nos soucis, toutes nos angoisses, simplement pour laisser Dieu nous parler, laisser Dieu nous murmurer des paroles d’amour et de tendresse.
Réfléchissons un instant et tâchons de nous souvenir des bons moments passés
ensemble, de ces moments de rencontre que l’on a eus avec Dieu. Les
autres ne le savent pas, cela fait partie de notre petite vie secrète avec
Dieu. Ces moments merveilleux de rencontre, on les oublie trop souvent,
ils sont comme ensevelis sous la poussière des ennuis de tous les jours, sous
le poids de la monotonie et de la grisaille. Il faut les faire
ressusciter. Il faut nettoyer le souvenir de ces petits moments comme on
nettoie des pierres précieuses qui se ternissent avec le temps. C’est ce
que nous faisons chaque dimanche quand nous relisons le récit des merveilles
que le Seigneur fit pour nous, pendant l’Ancien et le Nouveau Testament, et
surtout pendant la vie terrestre de Jésus. Cela nous oblige à nous
arrêter, et à nous demander pour qui, pour quoi on vit. Alors, éclairés
par cette belle lumière de l’amour de Dieu, nous pouvons aller aux noces
royales.
Mais on ne peut pas y aller n’importe comment. On ne peut aimer Dieu et haïr son voisin. C’est souvent la tête chaude et le cœur en colère que l’on entre dans l’église. C’est parfois avec, dans le repli de son âme, de la rancune contre son frère que l’on s’approche de l’autel. Nous ne sommes pas toujours revêtus du vêtement de noces.
Mais on ne peut pas y aller n’importe comment. On ne peut aimer Dieu et haïr son voisin. C’est souvent la tête chaude et le cœur en colère que l’on entre dans l’église. C’est parfois avec, dans le repli de son âme, de la rancune contre son frère que l’on s’approche de l’autel. Nous ne sommes pas toujours revêtus du vêtement de noces.
Notre cœur est dur et résiste à la conversion.
En effet, le Roi de cette parabole s’en prend à celui qui a bien dit oui à son
invitation mais sans mettre le vêtement de noce. Il n’a pas revêtu « le
vêtement de lin qui sont les actions justes des saints » (Ap 19, 8), ce qui
veut dire que son cœur n’a pas changé, en prenant concrètement la voie d’une
vie fraternelle, vers des sentiers de justice et de paix. Changer de vêtement,
mettre le vêtement de noce, signifie changer de vie, changer totalement ses
modes de vie et revêtir notre habit, le Christ lui-même. La partie de la
parabole qui parle du « vêtement de noce » est un avertissement pour les
chrétiens qui peuvent eux aussi être punis pour leur comportement indigne (il
leur manque le vêtement de noce), comme les premiers qui ont refusé l’invitation
à la joie. La vocation chrétienne n’est pas une garantie automatique du salut
final et, pour les croyants, elle n’est pas une garantie magique de
participation au Royaume. Nous ne saurions vivre notre festin de noce sans que
cela se reflète dans notre manière d’être, dans notre manière de vivre de façon
vertueuse. Comme le jour de notre baptême, où nous avons reçu un vêtement blanc,
chaque jour nous devons nous revêtir du Christ, en accueillant l’invitation de
l’apôtre Paul : « Vous vous êtes débarrassés de l’homme ancien et vous vous
êtes revêtus de l’homme nouveau », c’est-à-dire du Christ. Revêtus de Lui, nous
apprenons à aimer comme Lui, à regarder comme Lui, à faire comme Lui, à parler
comme Lui, à prier comme Lui.
« Voilà le vêtement de noce.
Examinez-vous : si vous l’avez, vous prendrez place avec confiance au banquet
du Seigneur. »[1]
AMEN.
Michel Steinmetz †
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire