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samedi 11 octobre 2014

Homélie du 28ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 12 octobre 2014

Le roi qui célébrait les noces de son fils envoya encore d’autres serviteurs.  On voit l’angoisse, l’inquiétude de ce roi.  Il a tout préparé et personne ne vient.  Cette situation désespérante est - hélas ! - facile à imaginer.  Vous l’avez déjà sans doute rencontrée. Vous vous imaginez que dans telle ou telle occasion, on pensera à vous, on viendra à vous, vous recevrez une marque de sympathie : et rien. Rien ne vient. 

Le Christ s’élance ainsi vers nous et ne rencontre souvent qu’indifférence ou inattention.  Oh ! Ce n’est pas de la méchanceté.  Ce n’est que de la maladresse.  Les invités aux noces royales ont tous de bonnes raisons pour ne pas venir.  L’un va à son champ, l’autre à son commerce.  L’un est occupé à ses prières, l’autre est plongé dans ses papiers.  Dieu nous parle pourtant de mille façons, dans la prière et les sacrements, mais aussi à travers les personnes que nous rencontrons, mais que nous ne voyons pas, parce que nous sommes trop occupés.  Et c’est ce que nous essayons de faire aujourd’hui, de laisser à l’extérieur de cette église tous nos soucis, toutes nos angoisses, simplement pour laisser Dieu nous parler, laisser Dieu nous murmurer des paroles d’amour et de tendresse. 
 
 
Réfléchissons un instant et tâchons de nous souvenir des bons moments passés ensemble, de ces moments de rencontre que l’on a eus avec Dieu.  Les autres ne le savent pas, cela fait partie de notre petite vie secrète avec Dieu.  Ces moments merveilleux de rencontre, on les oublie trop souvent, ils sont comme ensevelis sous la poussière des ennuis de tous les jours, sous le poids de la monotonie et de la grisaille.  Il faut les faire ressusciter.  Il faut nettoyer le souvenir de ces petits moments comme on nettoie des pierres précieuses qui se ternissent avec le temps.  C’est ce que nous faisons chaque dimanche quand nous relisons le récit des merveilles que le Seigneur fit pour nous, pendant l’Ancien et le Nouveau Testament, et surtout pendant la vie terrestre de Jésus.  Cela nous oblige à nous arrêter, et à nous demander pour qui, pour quoi on vit.  Alors, éclairés par cette belle lumière de l’amour de Dieu, nous pouvons aller aux noces royales.
Mais on ne peut pas y aller n’importe comment.  On ne peut aimer Dieu et haïr son voisin.  C’est souvent la tête chaude et le cœur en colère que l’on entre dans l’église.  C’est parfois avec, dans le repli de son âme, de la rancune contre son frère que l’on s’approche de l’autel.  Nous ne sommes pas toujours revêtus du vêtement de noces. 
 
Notre cœur est dur et résiste à la conversion. En effet, le Roi de cette parabole s’en prend à celui qui a bien dit oui à son invitation mais sans mettre le vêtement de noce. Il n’a pas revêtu « le vêtement de lin qui sont les actions justes des saints » (Ap 19, 8), ce qui veut dire que son cœur n’a pas changé, en prenant concrètement la voie d’une vie fraternelle, vers des sentiers de justice et de paix. Changer de vêtement, mettre le vêtement de noce, signifie changer de vie, changer totalement ses modes de vie et revêtir notre habit, le Christ lui-même. La partie de la parabole qui parle du « vêtement de noce » est un avertissement pour les chrétiens qui peuvent eux aussi être punis pour leur comportement indigne (il leur manque le vêtement de noce), comme les premiers qui ont refusé l’invitation à la joie. La vocation chrétienne n’est pas une garantie automatique du salut final et, pour les croyants, elle n’est pas une garantie magique de participation au Royaume. Nous ne saurions vivre notre festin de noce sans que cela se reflète dans notre manière d’être, dans notre manière de vivre de façon vertueuse. Comme le jour de notre baptême, où nous avons reçu un vêtement blanc, chaque jour nous devons nous revêtir du Christ, en accueillant l’invitation de l’apôtre Paul : « Vous vous êtes débarrassés de l’homme ancien et vous vous êtes revêtus de l’homme nouveau », c’est-à-dire du Christ. Revêtus de Lui, nous apprenons à aimer comme Lui, à regarder comme Lui, à faire comme Lui, à parler comme Lui, à prier comme Lui.
 
« Voilà le vêtement de noce. Examinez-vous : si vous l’avez, vous prendrez place avec confiance au banquet du Seigneur. »[1]
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz





[1] Augustin, Sermon 90, 1 5-6, PL 38, 559 561-56.

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