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mercredi 28 mai 2014

Homélie du 7ème dimanche du Temps pascal (A) - 1er juin 2014

Cette petite communauté qui attend la venue de l’Esprit de Dieu nous paraît bien loin de celles dans lesquelles nous vivons. Les conditions ne sont pas les mêmes. Ils sont encore proches de Jésus, apôtres ou disciples qui sont là autour de Marie. La description que donne saint Luc de la réalité vécue par la communauté de Jérusalem n’est peut-être pas celle qui est vécue dans nos communautés paroissiales ou ecclésiales. Ils sont « assidus à la prière »… Nos rassemblements du dimanche connaissent des arrivées tardives, des participations irrégulières, des fidèles parfois éloignés les uns des autres ou regroupés dans les derniers bancs. Le contexte urbain qui est le nôtre montre combien il est de plus en plus difficile de vaincre l’anonymat de la ville et de proposer, malgré tout, un esprit communautaire qui ne sera sans doute en définitive que véritablement vécu par un petit groupe « dévoué ».
 
En lisant l’évangile de ce dimanche entre Ascension et Pentecôte, nous sommes témoins d’une autre prière encore, celle de Jésus au moment où il va « passer de ce monde à son Père », alors qu’il s’apprête à vivre sa Passion. Parce qu’ils ont vu prier Jésus, parce qu’ils ont prié avec Lui, les apôtres ont appris à prier en vérité. Parce que nous-mêmes, nous nous inscrivons dans la Tradition qui nous vient des apôtres, parce que l’Ecriture ne cesse de nous initier à la prière de Jésus, nous pouvons prier avec eux. Nous partageons le constat des apôtres de ne pas arriver par nous-mêmes à relever le défi de la mission vers laquelle nous envoie le Christ. Alors comme eux, avec eux, plus que jamais, il nous faut prier. Mais en quoi consiste donc cette prière ?
 
« Tout ce qui est à toi est à moi, comme tout ce qui est à moi est à toi.» Jésus est en communion totale avec le Père. L’ensemble de cette prière extraordinaire, dont nous n’avons lu aujourd’hui que le début, laisse apparaître ce partage d’être, d’amour et de vie, de volonté et de projet entre le Fils et le Père. Non seulement ils sont présents l’un à l’autre, mais une union éternelle les lie totalement : « Tu es en moi et moi en toi. » Cette union, qui surpasse tout ce que nous pouvons imaginer et vivre à notre niveau, nous dit tout de l’intensité de la prière de Jésus. Elle s’identifie complètement à ce que veut et fait le Père.  Nous sommes éblouis, et notre prière, en regard de celle de Jésus, nous semble bien faible et limitée. Souvent, elle n’est faite que de mots enchaînés rapidement et distraitement, sans communication réelle avec le Seigneur. Pourtant, par-delà des formules, des automatismes, le but de la prière est de nous faire entrer dans l’intimité de Dieu et de nous laisser transformer par sa présence.
 
C'est bien pourquoi nous avons à retourner sans cesse au cénacle pour y attendre l’Esprit Saint, qui seul peut nous donner la force d’aimer. Lorsque le disciple vidé de lui-même est enfin devenu un instrument de l’Esprit, il « connaît » l’Envoyé du Père, qui trouve sa gloire en lui. A son tour le Père le glorifiera en lui donnant part à sa propre vie. Nous ne devenons pas « chrétiens » par la seule profession de foi qui sort de nos lèvres, mais par notre identification au Christ : il s’agit de mourir en lui au vieil homme, afin d’avoir part à sa résurrection dans l’Esprit. C’est en suivant ses traces « dans le monde » que nous nous acheminons vers lui et qu’« il trouve sa gloire en nous ». Cela se joue dans la prière, celle liturgique et communautaire, celle aussi personnelle et quotidienne. Nous avons toutes les bonnes raisons du monde pour ne pas prier : parce que nous sommes occupés à des tâches importantes, parce que nous venons en aide à ceux qui sont dans le besoin, parce que nous avons trop souffert, parce que nous pensons que Dieu ne peut rien pour nous… Mais si, dans la prière, précisément, nous ne nous mettons pas en situation de nous laisser modeler par Dieu pour qu’il agisse en nous, alors comment cela doit-il se faire ? Comment Dieu peut-il transformer nos vies si nous ne le lui demandons pas ? Puissions-nous, devenir ou redevenir d’authentiques priants ! Puissent d’autres apprendre la prière véritable en nous voyant prier !
 
AMEN.
 
 
Michel Steinmetz 

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