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samedi 10 mai 2014

Homélie du 4ème dimanche de Pâques (A) - 11 mai 2014


L’autre jour, dans un pré avant d’attaquer la montée vers le Mont Sainte Odile, j’ai vu un troupeau de moutons. Cela faisait bien longtemps que je n’avais plus assisté à une pareille scène. Plusieurs centaines de bêtes, dont quelques moutons noirs – Schwarzischoffe - : il y en a partout !, trois chiens, et un berger. L’homme était sur le côté, donnait ses instructions à ses chiens et ces derniers se chargeaient de veiller à l’unité de l’ensemble pour qu’aucune bête ne s’éloigne de trop. La voix du berger guidait l’ensemble. Même si les moutons couraient dans tous les sens, je me disais qu’ils étaient bien heureux de pouvoir compter sur une telle présence bienveillante et surveillante. Aucune crainte à avoir : ils étaient bien gardés.
 
"N’ayez pas peur ! ». Voilà la première parole du Christ Ressuscité à ses disciples. Le péché du chrétien est d’avoir peur, alors que la victoire est acquise, que la vie a triomphé, que l’amour est vainqueur. Tout n’est pas fini, la lutte continue, mais la bataille décisive est gagnée. Il n’y a plus rien à craindre : Christ est ressuscité ! Les effets de notre peur sont le repli sur soi, la recherche de sécurité, finalement la paralysie. Peur du mouvement, peur du changement, peur de l’inconnu, peur de l’avenir, peur de la solitude, peur du petit nombre, peur du grand nombre, finalement peur de tout et de rien. Les effets de la peur sont l’enfermement et finalement la mort.
 
Que fait le bon berger ? Il parle et sa voix tranquillise. Il ouvre la porte et encourage à sortir, à découvrir le monde extérieur, pour manger quelque bonne herbe fraîche et respirer au grand air. Un troupeau, quand il est enfermé, sent terriblement mauvais. Sortir, respirer à nouveau, se dégourdir les pattes, c’est le mouvement même de la vie. Dans les catacombes de Rome où les premiers chrétiens se réunissaient pour prier et ensevelir leurs martyrs, on découvre encore avec émotion des graffiti représentant le Christ comme le Bon Berger qui, avec amour, porte sur ses épaules une brebis égarée. Pour nos ancêtres dans la foi, Jésus n’était pas un cadavre suspendu à la croix, il n’était pas un mort mais un Vivant. Ils étaient convaincus que le Christ vivait avec eux et qu’il n’avaient rien à craindre, pas même a mort.
 
Dans les « fioretti du bon pape Jean », on lit que Jean XXIII était un jour aux prises avec une insomnie. Le pape Jean XXIII était inquiet. On le comprend. Inquiet pour le monde, inquiet pour les chrétiens, inquiet pour l’avenir de la foi. Inquiet pour tout et pour rien. Jean XXIII était donc inquiet, jusqu’au moment où la lumière jaillit en son cœur et qu’il se dit à lui-même : « que tu es bête, Angelo, que tu es bête ! Ce n’est pas toi qui dirige l’Eglise, c’est l’Esprit Saint. Dors ! » Voilà une affirmation de foi, une lucidité de croyant, une conviction qui rétablit la paix intérieure. Il faut savoir que tout ne dépend pas de nous, ni de nous individuellement ni même de nous communautairement. Il y a quelqu’un qui dirige l’Eglise, quelqu’un qui oriente le monde depuis sa création. Et même si la responsabilité de l’humanité n’a cessé de grandir, les causes pour lesquelles nous nous battons ne sont pas d’abord les nôtres. Tout ce que nous voulons protéger, animer, développer ne nous appartient pas. Tout ce avec quoi nous sommes parfois tentés de nous identifier parce que nous faisons corps avec ces projets, doit pouvoir se passer de nous, aller au-delà de nous. Le Dieu vivant est le premier intéressé au succès de ce que nous tentons de réaliser.
 
Cette décontraction développe notre efficacité, notre capacité de collaboration avec les autres, notre créativité. Nous ne sommes pas seuls, nous ne sommes pas enfermés sur nous-mêmes et sur nos difficultés. Une énergie nouvelle, extraordinaire, transcendante, divine, nous est communiquée. L’Esprit du Ressuscité dirige nos vies, tout comme il anime l’Eglise. Aux autres l’angoisse, le volontarisme, la crispation. Nous en sommes définitivement sauvés ! Un autre prend soin de nous et nous communique sa vie en abondance. Par-delà la mort et toutes les turbulences qui peuvent nous agiter, il y a un berger dans le troupeau.
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz


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