"N’ayez
pas peur ! ». Voilà la première parole du Christ Ressuscité à ses disciples. Le
péché du chrétien est d’avoir peur, alors que la victoire est acquise, que la
vie a triomphé, que l’amour est vainqueur. Tout n’est pas fini, la lutte
continue, mais la bataille décisive est gagnée. Il n’y a plus rien à craindre :
Christ est ressuscité ! Les effets de notre peur sont le repli sur soi, la
recherche de sécurité, finalement la paralysie. Peur du mouvement, peur du
changement, peur de l’inconnu, peur de l’avenir, peur de la solitude, peur du
petit nombre, peur du grand nombre, finalement peur de tout et de rien. Les
effets de la peur sont l’enfermement et finalement la mort.
Que fait le bon berger ? Il parle et sa voix
tranquillise. Il ouvre la porte et encourage à sortir, à découvrir le monde
extérieur, pour manger quelque bonne herbe fraîche et respirer au grand air. Un
troupeau, quand il est enfermé, sent terriblement mauvais. Sortir, respirer à
nouveau, se dégourdir les pattes, c’est le mouvement même de la vie. Dans les catacombes de Rome
où les premiers chrétiens se réunissaient pour prier et ensevelir leurs
martyrs, on découvre encore avec émotion des graffiti représentant le Christ
comme le Bon Berger qui, avec amour, porte sur ses épaules une brebis égarée. Pour
nos ancêtres dans la foi, Jésus n’était pas un cadavre suspendu à la croix, il
n’était pas un mort mais un Vivant. Ils étaient convaincus que le Christ vivait
avec eux et qu’il n’avaient rien à craindre, pas même a mort.
Dans les « fioretti du bon pape Jean », on lit
que Jean XXIII était un jour aux prises avec une insomnie. Le pape Jean XXIII
était inquiet. On le comprend. Inquiet pour le monde, inquiet pour les
chrétiens, inquiet pour l’avenir de la foi. Inquiet pour tout et pour rien.
Jean XXIII était donc inquiet, jusqu’au moment où la lumière jaillit en son
cœur et qu’il se dit à lui-même : « que tu es bête, Angelo, que tu es bête ! Ce
n’est pas toi qui dirige l’Eglise, c’est l’Esprit Saint. Dors ! » Voilà une
affirmation de foi, une lucidité de croyant, une conviction qui rétablit la
paix intérieure. Il faut savoir que tout ne dépend pas de nous, ni de nous
individuellement ni même de nous communautairement. Il y a quelqu’un qui dirige
l’Eglise, quelqu’un qui oriente le monde depuis sa création. Et même si la
responsabilité de l’humanité n’a cessé de grandir, les causes pour lesquelles
nous nous battons ne sont pas d’abord les nôtres. Tout ce que nous voulons
protéger, animer, développer ne nous appartient pas. Tout ce avec quoi nous
sommes parfois tentés de nous identifier parce que nous faisons corps avec ces
projets, doit pouvoir se passer de nous, aller au-delà de nous. Le Dieu vivant
est le premier intéressé au succès de ce que nous tentons de réaliser.
Cette décontraction développe notre efficacité,
notre capacité de collaboration avec les autres, notre créativité. Nous ne
sommes pas seuls, nous ne sommes pas enfermés sur nous-mêmes et sur nos
difficultés. Une énergie nouvelle, extraordinaire, transcendante, divine, nous
est communiquée. L’Esprit du Ressuscité dirige nos vies, tout comme il anime l’Eglise.
Aux autres l’angoisse, le volontarisme, la crispation. Nous en sommes
définitivement sauvés ! Un autre prend soin de nous et nous communique sa vie
en abondance. Par-delà la mort et toutes les turbulences qui peuvent nous
agiter, il y a un berger dans le troupeau.
AMEN.
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