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mercredi 28 mai 2014

Homélie de la solennité de l'Ascension du Seigneur - 29 mai 2014

Dès que tombent les résultats d’une élection, d’autant plus s’ils sont surprenants, les commentateurs guettent l’évolution des marchés boursiers. Quand la confiance est là, les indicateurs montent. Quand la confiance faiblit, ils baissent. Avec Jésus Christ, c’est le contraire. Il est monté définitivement. Quand nous doutons, c’est nous qui descendons. Quand nous avons confiance en lui, c’est nous qui montons et nous nous rapprochons de lui.
 
Nous le savons bien, ces notions spatiales de haut et de bas, les notions temporelles sont à entendre symboliquement dans la Bible. On dit bien familièrement qu’on est « au plus haut de sa forme » ou, au contraire « au plus bas », enfoncé, déprimé. Exalté…Le récit de l’Ascension nous communique de manière imagée un contenu extrêmement riche de significations multiples que nous n’en finirons jamais de décliner. « Il est monté aux cieux ». L’expression est dans le Credo mais que disons-nous lorsque nous prononçons ces mots ? Après sa résurrection comme premier né d’entre les morts, Jésus n’est pas seulement un mort réanimé, il inaugure, comme prototype de l’humanité, une nouvelle condition, comme premier homme présent pleinement auprès de Dieu.
 
L'ascension accomplit le grand mouvement de l’Incarnation. Si Jésus monte au-dessus de nous, ce n’est pas pour nous dominer, pour nous « prendre de haut », mais pour nous attirer vers le haut. Il anticipe notre commune condition après la mort, après notre départ d’ici, dans une condition historique précaire et passagère. Car il s’agit avant tout d’un départ, d’une rupture, qui est normalement celui de la mort mais que la résurrection avait estompée. Jésus s’en va, ailleurs, pour vivre autrement, c’est-à-dire de manière plus accomplie, libérée et comblée. Son incarnation porte maintenant la condition humaine, par-delà la mort, à son accomplissement auprès de Dieu. Il n’est plus dans ce qu’un philosophe avait appelé « la vie pour la mort ». Il est dans une vie sans mort, une vie pour de vrai, pour toujours. C’est important pour notre relation à nos proches disparus. Ils ne sont plus « avec nous » comme nous avions l’habitude de les rencontrer, ils sont vivants, autrement et notre relation avec eux a complètement changé, elle s’est intériorisée. La mort change de sens, elle n’est plus une fin, elle devient un passage. Elle exprime par rapport à ce monde un retrait, un éloignement paradoxal dans la mesure où cet éloignement est aussi une intériorisation.
 
Le Christ se retire de nos yeux. Il prend du recul par rapport à tout ce qu’il faisait, il délègue, il fait confiance, l’évangile nous le rappelait dimanche dernier. Comme Dieu qui, après les six jours de la création, se repose et laisse se poursuivre le phénomène de l’évolution et de l’histoire humaine. Cet apparent retrait permet une nouvelle forme de la présence aimée et cette nouvelle forme n’est pas moins intense que la première. Le mystère de la Résurrection a comme deux faces : la résurrection proprement dite - Christ est sorti du tombeau ; il a vaincu la mort ; sur lui la mort n’a plus d’emprise ; il est désormais présent à chacun -, et l’autre face : l’ascension - Christ est entré dans la gloire du Père et vivant en Dieu. Cette vie nouvelle, il la communique à qui reçoit le message et croit en lui. Résurrection et ascension sont deux facettes d’une unique réalité. Jésus va nous donner sa vie en nous communiquant son Esprit, son pneuma comme dit le grec, son enthousiasme ! Et cette force n’est pas seulement une énergie, il s’agit de sa présence personnelle, la plus intime qui soit, en nous, en notre cœur, en notre esprit, comme source de vie. Par son Esprit, le Christ nous permet d’aller à sa suite.
 
 
Ne regardez pas vers le ciel. Laissons-le monter. Pour le moment, il nous revient de travailler, de vivre ici, dans cette histoire mouvementée, sans avoir besoin d’être rassurés à chaque instant. L’Esprit de Dieu nous est donné. C’est à nous de jouer !
 
AMEN.
 
  Michel Steinmetz

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