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samedi 12 avril 2014

Homélie du Saint Jour de Pâques - 20 avril 2014

 
Il ne suffit pas de voir pour croire. Trois personnes ont vu quelque chose dans l’évangile, et parmi elles une seule a cru. La première qui a vu, c’est Marie Madeleine : elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau, mais elle a trouvé une explication pour justifier la disparition du corps : on l’a enlevé. Parmi les deux disciples qui se précipitent vers le tombeau, le premier, Pierre, entre et il voit le linceul resté là et le linge qui avait recouvert la tête, mais l’évangile ne nous dit pas ce que cette vision a provoqué chez lui. Et c’est seulement l’autre disciple, celui qui avait accompagné Pierre tout en le laissant pénétrer d’abord dans le tombeau, dont l’évangile nous dit : « il vit, (donc il voit la même chose que Marie Madeleine et que Pierre), et il crut » (Jn 20, 8). Qu’a-t-il cru ? L’évangile nous le dit,  « jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. » (Jn 20, 9)
 
Comment pouvons-nous essayer, non pas de comprendre, mais d’éclairer notre propre cheminement de foi à partir de l’expérience de ces trois personnages ? Nous aussi, nous voyons bien le tombeau vide. Je veux dire que les signes de l’absence du Christ dans tant de cœurs et d’âmes humaines, l’absence de la référence au Christ dans tant de nos sociétés, l’absence de la visibilité des chrétiens dans beaucoup d’endroits de notre monde, tout cela peut être comparé au tombeau vide. Et devant ce phénomène, on peut avoir des réactions très diverses. On peut être comme Marie Madeleine, disant : on nous a retiré le corps du Christ, qu’est-ce qu’on en a fait, on ne sait pas où on l’a mis. Beaucoup de chrétiens sont désorientés en s’apercevant que tout le monde n’a plus les mêmes repères qu’eux, on leur a enlevé leur christianisme et ils ne savent pas où on l’a mis. Ils cherchent vainement. On peut être dans l’attitude de Pierre, qui voit cela mais qui ne réagit pas, qui n’a pas d’expression pour expliquer ce qui s’est passé, il voit, il constate, peut-être qu’il espère dans le secret de son cœur, peut-être qu’il a renoncé, on ne sait pas. Et puis, on a le troisième disciple, celui que Jésus aimait, et celui-là donne une interprétation à cette absence du Christ. Il croit. Cela veut dire qu’il croit que, absent de corps, de toute visibilité, de matérialité, le Christ, comme c’était annoncé par les Écritures, est vivant quelque part, on ne sait pas où, mais il croit, c’est-à-dire qu’il sait que le Christ n’a pas disparu, il est ailleurs, autrement.
 
Et si je continue l’analogie que j’évoquais tout à l’heure, comment pouvons-nous, exercer notre acte de foi devant cet effacement progressif des signes visibles du Christianisme ? Tirons-nous un trait et établissons-nous un bilan de faillite et de fermeture : c’est fini, on n’a plus rien ? Ou bien, éclairés par les Écritures et par l’Esprit-Saint, voyons-nous dans cet effacement culturel, dans cette disparition des références chrétiennes dans la société, un appel non pas à renoncer, non pas à imaginer la disparition du Christianisme, mais à reconnaître que le Christ est présent aujourd’hui encore ? Peut-être sous d’autres signes, peut-être d’une autre façon, comme les disciples en feront l’expérience au cours des apparitions du Christ ressuscité.
 
Il n’est plus le Christ de la visibilité, il n’est plus le Christ de la matérialité, il est le Christ de la foi. La joie de la Résurrection, c’est la joie de cette certitude que, invisible, imperceptible, intangible, le Christ est toujours vivant et présent à l’humanité. Quand Marie, dans le jardin, verra le Christ ressuscité, voudra le saisir et ne pas le laisser échapper, et il lui dira : lâche-moi ! La foi au Christ ressuscité, ce n’est pas la foi dans les signes de sa présence, c’est la foi en la certitude qu’il est présent à travers la mutation significations humaines qui ne peuvent pas être perpétuelles et qui sont toujours évolutives. Croire que le Christ est vivant aujourd’hui, ce n’est pas croire à la pérennité des calvaires aux carrefours des chemins, ce n’est pas croire à tous autres signes qui parsèment l’histoire du christianisme dans notre culture, c’est croire que aujourd’hui, alors que ces signes ont acquis d’autres significations ou ont perdu toute signification aux yeux de ceux qui ne croient pas, par-delà ces signes le Christ est vivant. La vie de l’Eglise ici, dans nos villages, c’est le corps vivant du Christ que vous constituez quand il vous réunit dans l’eucharistie. L’Église vivante aujourd’hui, c’est cela le signe de la Résurrection.
                                                                                                                    
AMEN.
                                                 
Michel Steinmetz

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