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jeudi 3 janvier 2013

Homélie de la solennité de l'Epiphanie du Seigneur - 6 janvier 2013

Au temps de Jésus, les empereurs faisaient leur joyeuse entrée dans une ville. Ils faisaient leur première apparition en public. Ils manifestaient ainsi leur autorité en recevant l’hommage de leurs sujets. Aujourd’hui, c’est Jésus qui se montre au public. Se montrer au public, ce n’est pas si évident en nos jours. Se montrer en public, c’est oser la rencontre, oser se dévoiler à l’autre et lui donner une image de moi-même.

On dit souvent que l’Église a une mauvaise presse, qu’elle apparaît aux yeux de nos contemporains plutôt comme quelque chose de vieillot ou comme porteur d’un message qui ne ferait plus guère recette. Ses points de vue semblent être dépassés. Et Jésus ? Il appartient encore à la mémoire collective, qui est bien chargée des images traditionnelles. Jésus, c’est du déjà-vu. Sa seule possibilité de survie, c’est d’être actualisé, adapté aux exigences de notre temps. Mais il s’agit dans beaucoup de cas d’une sorte manipulation inconsciente de Jésus. On fait de Jésus une image, une théorie plausible, mais qui parle encore de Jésus lui-même, toujours vivant ? Et qui parle encore à Jésus ?

C’est là que l’histoire des mages est encore remplie d’intérêt. Comme Hérode est le symbole du monde, crispé sur son petit pouvoir et surtout sur la peur de le perdre, ils sont le symbole des gens de tous les temps qui cherchent un sens à leur vie, le sens de la vie, mais en dehors de l’univers biblique, en dehors du christianisme. Ceux-là cherchent un sens dans les étoiles, un peu comme l’horoscope qu’on lit ou qu’on écoute avec toujours un peu d’anxiété... Mais il y a du vrai dans cette recherche de sens. En fait, c’est croire qu’un sens de vie nous est donné, qu’il n’est pas seulement le fruit de notre cerveau ou de notre manière de regarder le monde. Il y a quelque chose qui nous surpasse et nous dépasse.

Je vois chez les mages une authenticité et une recherche sincère. Une recherche sincère, cela veut dire : une recherche qui veut trouver et qui est prêt à quitter ses opinions si la vérité s’avère être autre. La recherche peut être aussi une sorte de sport intellectuel, un exercice de penser, mais pas plus. Nous vivons, surtout dans des milieux qui ont connu la tradition chrétienne, dans une sorte d’ambiance déconstructiviste : une tradition trop connue, qui dans le temps était devenu trop lourde et étouffante, qui pèse et qui demeure mal digérée de nos jours, surtout, je crois, chez les croyants de traditions. Les gens ne veulent plus de cela et ils balancent le bébé avec l’eau du bain. Ils vont chercher ailleurs, ou justement se dispensent de chercher : ils se plaisent dans leur attitude de scepticisme et à force ne veulent plus trouver. Jésus, que peut-il encore signifier dans ce climat de pensée ? Mais il faut peut être avoir traversé le non-sens de la vie, dans l’expérience que la vie et la culture d’aujourd’hui semblent plutôt offrir le vide, pour comprendre l’attitude des rois mages qui cherchaient le sens de la vie un peu partout, jusque dans les astres du ciel. Lorsque l’univers de notre pensée est fermé, même si cela s’est fait de manière inconsciente, cette recherche s’avère difficile et aride. Mais Dieu donne la lumière aux mages qui ont le courage de quitter leur vie et de s’agenouiller devant ce qui est le plus invraisemblable : Dieu présent dans l’enfant le plus pauvre de Bethléem.

Les rois mages nous ont quelque chose à nous dire. Ils nous disent : quitte ton pays de certitude pour trouver le sens, quitte tes préjugés, tes opinions, tes sûretés, et peut-être, alors, tu trouveras. Ils nous disent qu’il faut être ouvert à un sens de vie que nous n’avons pas construit nous-mêmes, mais qui nous a été donné. Épiphanie, c’est le moment de se réveiller, de quitter son égocentrisme ; épiphanie, c’est le moment où devient clair qu’il y a un Autre qui se laisse découvrir et qui vient à nous à sa manière.

Pour chacun ici, il y a une épiphanie possible. Je vous invite à quelques instants de silence pour que s’y passe cette évidente rencontre avec ce Dieu. Cette révélation encore incomplète rend manifeste qu’il nous aime et qu’il est là pour nous. Révélation que sa royauté, si elle n’est pas de ce monde, nous fait le royal cadeau d’un Dieu venu porter avec nous nos blessures. Je vous invite au silence pour y déposer l’or l’encens et la myrrhe de votre vie, et comme l’écrit Eugène Guillevic, devenir « non possédant pour posséder l’impossessible ».

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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